CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-D. Randall Blythe
(chant)
-Mark Morton
(guitare)
-Willie Adler
(guitare)
– John Campbell
(basse)
-Chris Adler
(batterie)
TRACKLIST
1)The Passing
2)In Your Words
3)Set to Fail
4)Contractor
5)Fake Messiah
6)Grace
7)Broken Hands
8)Dead Seeds
9)Everything to Nothing
10)Choke Sermon
11)Reclamation
DISCOGRAPHIE
Chris Adler avait annoncé pendant l'enregistrement de Wrath que Lamb Of God allait monter d'un cran dans la violence et surprendre ses fans. La première écoute de l'album ne laisse aucun doute : c'est gagné, quoique la seconde partie de l'assertion est moins flagrante. Dès les premiers morceaux, on retrouve ses marques - grosses guitares velues et double-pédale rageuse (sans oublier ce bon Randall) - et pourtant, on sent bien que les Américains sont passés à la vitesse supérieure. Sans artifices mais avec une énergie redoutable, ils offrent un digne successeur à l'énorme Sacrament.
La petite intro guitare acoustique/guitares harmonisées (vous avez dit "Battery"?) laissait pourtant entrevoir le pire : les bourrins de Richmond auraient-ils vendu leur âme au Dieu Commercial et délaissé les morceaux coup de poing? Le burner "In Your Words" vient nous démontrer, sous la forme d'une grande claque dans la gueule, que les Américains n'ont pas mis d'eau dans leur bière. Riff d'une simplicité déconcertante mais salement dangereux pour les fragiles de la nuque servi par une paire Adler/Morton pas venue là pour rigoler, un Chris Adler monumental (atteindre un tel niveau de violence tout en conservant un groove démentiel relève du génie) et un Randy Blythe qui module, que demande le peuple? Comment? Oui, vous avez bien lu, Randall Blythe module! Bon c'est pas encore Anselmo ou Flynn, mais c'est un début. Il varie les registres, en restant dans le graou tout de même, tente quelques incartades dans le chant clair et s'en tire pas trop mal : cela pourrait bien permettre de rallier certains réticents rebutés par les prestations habituelles du braillou.
Autre changement, les morceaux sont moins immédiats et il faudra plusieurs écoutes pour rentrer dans l'album. La faute sans doute à ce regain de violence qui rend les premières écoutes intégrales particulièrement indigestes. Qu'importe, ce que la spontanéité y perd, la durée de vie y gagne et Wrath est un album qui se découvre par couches, presque morceau par morceau. Et quels morceaux! De la monstrueuse "In Your Words" à la presque progressive "Reclamation" (le break « meshuggesque » est des plus jouissifs), ce Wrath est rempli à ras bord de bombes nucléaires : "Contractor", "Fake Messiah", "Broken Hands" ou encore "Set to Fail". Les ingrédients des précédents albums sont encore là : des passages rapides et violents aux riffs percutants et précis, entrecoupés de break mid-tempo lourds et groovy à souhait (encore merci à Chris Adler, impérial) servis avec une vraie énergie et une volonté évidente de ne pas faire de quartier. La petite nouveauté, c'est le soin apporté à l'insertion de petits détails qui viennent casser l'apparente uniformité des morceaux : petits gimmicks de guitares, passages ambiants, soli travaillés et autres joyeusetés (notamment sur "Grace", petit joyau posé au milieu de l'album), un régal.
Réussissant le difficile pari de se renouveler tout en conservant leur « patte », les Lamb Of God signent là un excellent album. Moins marquant que son prédécesseur Sacrament mais nettement plus varié dans le propos et les ambiances, Wrath rapproche Lamb Of God du Pantheon des grands groupes de power metal américains. Voilà un album qui saura contenter les fans du combo tant en ralliant les indécis!