CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Jared MacEachern
(chant+guitare)
-Zeff Childress
(guitare)
-Derek Anderson
(basse)
-Jeremy London
(batterie)
TRACKLIST
1)Beneath the Machine
2)Brotherhood of Destruction
3)Road to Blooshed
4)Laws of Reason
5)Billy Seals
6)Zeppo
7)Beloved Killer
8)The Rift Between
9)Flatline
10)The Shape of Things
11)Seconds
12)Once Again
DISCOGRAPHIE
Comme chacun sait, le métal est composé d’une multitude de sous-genres… et comme mélanger ces sous-genres est un bon moyen d'en créer de nouveaux, cet état de fait n’est pas près de changer. Fraîchement signés chez le prestigieux label Roadrunner, Sanctity se place dans un créneau très particulier : le mariage entre la puissance agressive du heavy-thrash et le côté catchy du heavy mélodique. Un groupe comme Symphorce ayant prouvé depuis belle lurette que ce croisement est possible (voire hautement recommandable), que peut donc bien proposer Sanctity pour se détacher de la masse ?
On passera rapidement sur le parrainage du groupe par Dave Mustaine et Matt Heafy pour s’intéresser au contenu, et ça commence par une production très efficace et claire, croisement entre le son de Göteborg (pour les leads) et le son du thrash mélodique US moderne à la Trivium. Ce nom semble d’ailleurs être lié à Sanctity de plus d’une manière : en dehors du soutien apporté par son leader, Road To Bloodshed s’est fait pas mal pourfendre pour cause de copier-coller triviumesque. Il faut dire que certains détails sautent aux oreilles : même approche des riffs thrash avec ce côté accrocheur piqué aux scandinaves, même importance accordée aux mélodies et aux soli, même prédominance du chant agressif-mélodique… sauf que là où Matt Heafy nous avait fait halluciner sur The Crusade en pompant à outrance le chant de James Hetfield, le sieur Jared MacEachern se distingue d’entrée par son timbre râpeux à la Machine Head et surtout sa capacité à être pertinent dans plusieurs registres.
Même s’il reste le plus souvent dans des contrées claires/agressives qu’il maîtrise fort bien, MacEachern se révèle très vite capable de balancer un chant clair au poil et même quelques screamings à la Halford… ce qui colle particulièrement bien aux digressions mélodiques du groupe. Car Sanctity va loin dans l’exploration du métal mélodique : si les riffs en twin lead de "Brotherhood of Destruction" rappellent le mélodeath suédois, le refrain en chœurs pourrait figurer sur un disque de metal prog… alors que les cascades de guitares de "Zeppo" renvoient pour leur part directement à Angra, et l'intro de "Beloved Killer" à Helloween! On note au passage que Zeff Childress aligne de bons soli, et que le groupe exploite très naturellement le pont d'or que sont les harmonies de guitare, fil rouge permettant de lier tous les styles de métal car on les retrouve dans tous les sous-genres ou presque. Le groupe arrive même à surprendre en balançant un beat indus bien senti dans "Seconds" ou des couplets basse-batterie inspirés dans "The Shape Of Things" ou "Billy Seals".
Sanctity parvient à emballer l'auditeur assez vite en étant à la fois frais, violent (les riffs thrash ne rigolent pas) et inventif parfois (les passages en chœurs à la Spock's Beard sonnent systématiquement bien). Le groupe a le don de pondre des refrains-hymnes à la pelle qu'on retient… sauf qu'on ne retient souvent qu'eux, la faute à des tics de composition un poil trop présents. Les lignes de chant de MacEachern ne mettent pas vraiment son intéressant organe en valeur et finissent par se ressembler, et même après un nombre conséquent d'écoutes force est de constater qu'on a du mal à retenir un titre plutôt que les autres. L'efficacité est très grande, mais il est trop rare d'entendre un passage différenciant une chanson des autres, Sanctity se contentant la plupart du temps de doser savamment ses différentes composantes thrash, heavy, power-metal et metalcore. Le nombre de plans qui tapent est conséquent, mais une fois passée la surprise (et le plaisir) d'entendre un groupe lier Helloween et Megadeth, on se retrouve un peu frustré par l'absence de compos vraiment mortelles.
Assez impressionnant pour un premier album, Road To Bloodshed propose des composantes très intéressantes mais semble manquer de maturité. Sanctity se défend pas mal dans un registre qui ne recoupe pas celui de Symphorce (qui est plus violent, plus épique et moins catchy) et il faudra voir ce que le groupe nous proposera après avoir engrangé de l'expérience… ce que les tournées avec Trivium et Megadeth devraient apporter. A suivre de près.