CHRONIQUE PAR ...
Bigtonio
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-Joe Satriani
(guitare+chant)
-Matt Bissonette
(basse)
-Jeff Campitelli
(batterie)
-John Cuniberti
(percussions)
TRACKLIST
1)Gnaahh
2)Up in Flames
3)Hands in the Air
4)Lifestyle
5)Is There Love in Space ?
6)If I Could Fly
7)The Souls of Distorsion
8)Just Look Up
9)I Like the Rain
10)Searching
11)Bamboo
12)
DISCOGRAPHIE
Vous aimez le Joe Satriani de Extremist et Flying In A Blue Dream ? Vous pouvez poursuivez la lecture. Vous cherchez la meilleure galette de Satriani ? Vous pouvez allez lire les autres chroniques car Is There Love In Space? n’est pas ce que Joe a fait de mieux. Les guitares héros vous font horreur parce qu’ils n’arrêtent pas de se la péter ? Vous pouvez alors retourner à l’accueil du site pour choisir un autre type de musique.
Bien si vous êtes toujours là, on va pouvoir commencer. Cet album paru en 2004 s’annonce comme ni plus ni moins que le neuvième album de Joe. Hors, s’il est une question que l’on est en droit de se poser, c’est bien celle-ci : «Un guitar héro peut-il encore composer quelque chose d’original après autant d’albums ?». La réponse à cette question nécessitera plusieurs paliers intermédiaires que nous allons développer ensemble. A première vue, il sera en effet tentant de répondre à la première écoute que Joe nous balance les mêmes plans mille fois entendus, ses recettes usées à force d’être utilisées, etc. Prenons par exemple les titres "Hands In The Air" ou "Up In Flames". Dès le riff de début de chanson, n’importe qui pourra reconnaître sans peine la marque de fabrique grossière de ces riffs bien lourds et peu créatifs, qui nous marquent à peine assez pour que l’on ne n’appuie pas sur la touche avance rapide. Force est de constater que ces titres ne supporteront pas d’être déclinés encore une fois dans un éventuel prochain album de Joe, sous peine de délit avéré de foutage de gueule.
Pour autant lorsqu’on écoute les deux autres titres de ces quatre premières chansons du CD (à savoir "Gnaahh" et "Lifestyle"), on se dit que finalement « NON » ! Non Joe n’est pas mort, non Joe a encore quelque chose à dire, non Joe est encore capable d’évoluer et de faire du bon boulot ! Ainsi le riff groovy de "Gnaahh" nous amène à tranquillement headbanger en faisant la vaisselle tandis que ce très bon "Lifestyle" nous fait frémir de bonheur. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est un des deux seuls titres chantés de l’album et on sent que maître Satch a trimé sec pour ne pas réitérer sa malheureuse expérience vocale de l’album Flying In A Blue Dream, majoritairement chanté. Le résultat est bluffant… Une superbe ballade groovy chanté en due à la tierce et à la quinte par Satriani qui se double lui-même avec sa voix assez grave et métallique. Franchement la plus belle réussite de l’album peut-être.
Et la fin de l’album de ne pas nous décevoir. Notamment avec les titres "If I Could Fly", "Searching" et "Bamboo". Satriani a bel et bien mûri. Le virtuose de la six-cordes s’est assagi. Peut-être a-t-il enfin compris que son public était conscient de son statut de guitar héro, et que donc il n’était plus obligé de balancer ses soli sur orbite n’importe où et n’importe quand et ce parfois au détriment de la qualité des compositions. C’est un progrès incontestable et tout a fait bienvenu. Désormais Maître Satch compose des soli plus harmoniques et presque entièrement mélodiques (c'est-à-dire évitant les trop gros plans stéréotypés). La virtuosité est bien présente mais jamais pour en mettre plein la vue, jamais en tant que finalité en soi. De plus il a ralenti un peu le tempo… On en arrive même à se demander si Satch sera capable de rejouer ces anciens soli de malade (on l’espère bien sur pour ce fameux G3 avec Robert Fripp cette année).
Après quelques titres sans histoire et pas franchement inspirés ("I like the rain", "just look up"), précédé par un bon "The distorsion souls", Joe choisit de clore l’album avec deux pièces qui tranchent complètement avec le reste de la galette. Deux titres d’une envergure fantastique, deux perles rares qui nous font aimer Joe Satriani, qui nous rappellent que merde c’est un tout grand monsieur, et que parfois son inspiration est sans limite. "Searching" est une pièce progressive de près de dix minutes (un des records de longueur dans sa discographie). Elle se targue d’un thème principal qui vous scotchera au mur gauche de votre domicile, et d’une série de soli avec différents sons et effets bizarres. Joe se sent comme un poisson dans l’eau, il développe un jeu diaphane et aérien, abuse avec délice des whammy barres et des demi-tapping et fait hurler son Ibanez dans les hautes sphères de la nostalgie harmonique dégagé par la ligne de basse dépouillée et pourtant diablement efficace. Une très belle piste atmosphérique et mélodique assurément.
Et enfin "Bamboo" dont l’ambition est de reproduire les sons des carillons en bambous suspendus qui flottent dans le vent et tintinnabulent à son gré. Que dire à part que c’est très réussi et que quand il le veut, Joe est aussi un poète. Snifffff. Une piste qui termine à merveille l’album et qui clôt donc ce neuvième album. Au final donc la fin de l’album et quelques titres se révèlent d’une excellente facture et nous ne nous font pas regretter notre achat. Cependant ils ne parviennent pas à masquer d’autres pistes nettement plus faibles et largement moins inspirées (frisant parfois l’auto plagiat). On appréciera toutefois la nouvelle dimension de Joe qui s’inscrit maintenant plutôt comme un mélodiste poète de la six-cordes qu’un technicien sans âme (Petrucci ?).