CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Ville Laihiala
(chant)
-Miika Tenkula
(guitare)
-Sami Lopakka
(guitare)
-Vesa Ranta
(batterie)
-Sami Kukkohovi
(basse)
TRACKLIST
1)May Today Become the Day
2)Ever-Frost
3)We Are But Falling Leaves
4)Her Last 5 Minutes
5)Where Waters Fall Frozen
6)Despair-Ridden Hearts
7)Vengeance Is Mine
8)A Long Way To Nowhere
9)Consider Us Dead
10)Lower The Flags
11)Drain Me
12)Karu
13)End Of The Road
DISCOGRAPHIE
Cet album sort tout d'abord de l'ordinaire car il est officiellement annoncé comme le dernier opus, un "suicide collectif à cinq personnes" selon les propres termes de Sami Lopakka, guitariste du groupe depuis le tout début. La décision ayant été prise au beau milieu du processus d'écriture de l'album, on comprendra alors qu'on aura le droit à encore plus de mélancolie et de désespoir dans le rock-metal déjà pas très gai de Sentenced… Du hard rock mid-tempo, un peu de gothique, une cuillérée d'extrême, et au final un joli cadeau d'adieu pour tous les amateurs de spleen made in Finland.
Une partie non négligeable de l'identité musicale de Sentenced depuis presque dix ans, c'est le chanteur Ville Laihiala, qui s'apprête à continuer sa carrière musicale avec Poisonblack. En attendant, le monsieur nous gratifie d'une prestation plus que satisfaisante. Sa voix puissante, chaude et rocailleuse, une sorte de croisement improbable entre Lemmy et le Nick Holmes période Draconian Times. Sur quelques titres comme "Consider Us Dead", on sent la difficulté qu'il a à sortir de son registre (en essayant d'aller plus dans les graves), mais dans d'autres cas il s'en tire haut la main, comme pour la partie vocale moins agressive que d'habitude de "We Are But Falling Leaves".
Musicalement, le groupe sait brouiller les pistes en mélangeant des styles assez proches tout en évitant d'en privilégier un au détriment d'un autre. Tantôt heavy avec des guitares bien grasses aux harmoniques criardes ("May Today Become the Day"), gothique avec des rythmiques doublés d'un chorus en son clair ("Ever-Frost") et les samples discrets ("Lower The Flags"), rock'n'roll pour ses lignes vocales et la batterie offrant beaucoup de breaks, doom pour certains riffs ("End Of The Road"), les chœurs, et l'approche des parties en arpèges ("We Are But Falling Leaves", "Her Last 5 minutes").
Le groupe aime jouer de ces ambiguïtés et les mettre à profit pour renforcer l'identité du disque. Il se sont même fendus de deux interludes pour le moins surprenantes. En voyant dans le tracklisting un titre d'une minute et intitulé "Where Water Falls Frozen", on s'attend à un gentil intermède à la guitare acoustique, et pas une déferlante black metal avec riffs monocordes et roulements hystériques de batterie! "Karu", morceau qui, lui, est bien acoustique, surprend plus par les sonorités et les gammes étranges utilisées. Rajoutez à cela "Despair-Ridden Hearts" et son intro à l'harmonica blues, le solo arabisant d' "Ever-Frost", les guitares acoustiques qui percent souvent du mur d'électriques soit en guise de chorus, soit par une rythmique claquante, et vous serez de surpris de trouver un album très cohérent, ne laissant rien au hasard et souffrant de très peu de moments de faiblesse.
Malgré ce bilan musical plutôt rassurant, on ne peut quand même s'empêcher de penser que c'est la fin, et que même s'ils essayent de se donner pleinement et de partir en beauté, pour certains des musiciens, le cœur n'y est plus. Ville donne parfois l'impression de faire le minimum syndical, avec une interprétation honorable mais que l'on sent en deçà de son potentiel… Avec des paroles qui tournent irrémédiablement autour de la mort, du désespoir, de la fin, le froid et l'inconnu, ça ne doit pas vraiment aider (quoique). La prod', de son côté, mérite tous les éloges, avec ce qu'il faut de grosse disto, de basse vrombissante, de rythmiques acoustiques et de chorus mélodiques qui s'entremêlent sans se gêner; mais bon, vu l'expérience des membres, le contraire aurait été étonnant.
Un album qui remplit bien son rôle de cadeau d'adieu, mais qui laisse un arrière goût un peu amer. Bah, il y aura le DVD live pour se consoler.