En voilà une surprise. Presto Ballet est un petit nouveau du rock progressif, et risque bien de faire parler dans un futur proche. Fondé par l’ex-Metal Church Kurdt Vanderhoof, Presto Ballet revendique des influences telles que Kansas, Uriah Heep, ou Deep Purple, et amène dans un contexte actuel une musique très typée 70's, rappelant ainsi la démarche de Spock’s Beard. Nous avons cinq musiciens irréprochables techniquement, et qui n’ont rien à envier à personne en terme de composition.
Pour un premier album, Peace Among The Ruins frappe fort, très fort. Ce ne sont pas des mélodies immédiatement identifiables qui parsèment les compositions de Presto Ballet. Pas particulièrement simples d’approche, celles-ci s’appréhendent pleinement au bout de plusieurs écoutes, et finissent par révéler leur richesse avec le temps. Quand le plaisir et l’effort vont de pair, pas de doute, c’est bien de grand rock progressif qu’il s’agit. "Peace Among The Ruins", le morceau-titre, annonce clairement le flash-back de trente ans en arrière, avec ce son d’orgue Hammond si caractéristique. La voix de Scott Albright, très claire, surprend en s’envolant parfois dans des tonalités aiguës hargneuses, comme en conclusion de cet opener. Puis "The Fringes" arrive, avec un refrain mid-tempo tout à fait épatant, plein de chœurs et de claviers, et une splendide outro en violons.
Brian Cokeley, véritable maestro derrière ses touches, propose un jeu pur et juste, si juste... Un atout essentiel pour Presto Ballet, sans l’ombre d’un doute. Mais beaucoup de plaisir vous attend à l’écoute des huit titres de Peace Among The Ruins. "Seasons" s’oriente un tantinet vers le psyché, avec ses arrangements vocaux qui ne sont pas sans rappeler les débuts d’un certain groupe nommé Dream Theater. Cependant "Find The Time", morceau essentiellement atmosphérique, vient couper court à toute comparaison, avec des couplets tout simplement excellents, qui resteront dans les annales de la mélancolie. Aux trois quarts de cette « mytho-ballade » on retrouve avec joie la cavalcade habituelle, avec des claviers toujours aussi omniprésents. Une grande, très grande composition.
"Speed Of Time", qui suit, n’a pas grand-chose à lui envier, forte de son introduction acoustique de toute beauté et son envolée instrumentale grandiose. Un final apocalyptique, étonnamment rapide et fougueux, coule directement dans les rythmes gentillets de "Sunshine". Cette dernière chanson, qui inspire tant l’innocence que l’enjouement, ne manquera pas de vous rappeler l’esprit des compositions de Neal Morse (ex-Spock’s Beard). Enfin, quand Scott Albright se lâche complètement, sur les riffs endiablés de "Slave", ça devient carrément monstrueux. Quel talent ! "Bringin’ It On" conclut cette baffe magistrale dans une mélodie doucereuse et pleine de sentiments, sans pour autant tomber dans la soupe FM populaire.
On ne comprend pas très bien ce qui vient de nous tomber dessus, mais on en redemande ; et puis on s’en met plein les oreilles et finalement on en veut encore, et encore, et encore. Je ne saurais que trop vous conseiller l’écoute – attentive s’il vous plaît – de cet album de Presto Ballet, un groupe qui a su digérer avec talent des influences tellement multiples que le manque d’innovation n’est pas dérangeant une seconde. Au contraire. Grand bravo.