CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Nico
(chant)
-Pierre
(guitare)
-Paskual
(guitare)
-Jérôme
(basse)
-Toki
(batterie)
TRACKLIST
1)L'empire, la femme, la mort
2)Cannibale
3)Nihil est in homine
4)Héros assassin
5)Sacrifice
6)Martyres
7)Sombre univers
8)Vengeance
9)L'emprise
10)Seul contre tous
11)Le ciel des uns est l'enfer des autre
12)Ma miséricorde
DISCOGRAPHIE
Hooooooooo la méchante claque. La claque nucléaire de l'enfer qui cogne. On le sentait un peu venir il faut dire : la différence de niveau entre Et la douleur est la même et Trinité était suffisamment marquante pour laisser présager du meilleur. Puis il y avait eu ce studio-report où l'équipe de votre webzine préféré avait senti un truc puissant arriver. Mais il ne s'agissait que d'un rough-mix, tout pouvait encore changer, il ne fallait pas s'emballer, tout ça. Mais ça y est, il est désormais sorti, et si Season of Mist fait correctement son boulot tout le monde va savoir que le nouveau The ARRS est l'album qu'on attendait d'eux depuis le début. Que ça fait du bien d'avoir raison...
Rappelons les données principales : The ARRS c'est du métal furieux, traditionnellement très porté sur le thrash, saupoudré de hardcore et doté d'un hurleur de catégorie supérieure au micro. C'est également un des groupes de scène les plus redoutables ayant émergé ces dernières années dans la scène française. Il restait à capturer cette énergie démentielle sur disque, tâche ardue s'il en est pour leur producteur Francis Caste. Sauf que ça y est. Le producteur en question a façonné un son complètement invraisemblable où les guitares tranchent comme des rasoirs, ou tout est massif et pourtant limpide, où la puissance du chant scotche au mur et où la basse réussit même à exister. Tout est carré au possible, calculé au micropoil sans jamais être clinique, c'est littéralement la classe internationale. Et comment le groupe a-t-il exploité cet atout de poids ? En collant le pied au plancher, dès le début et sans lâcher. On a juste le temps de goûter à la superbe intro de cordes que "Cannibale" arrive et que la déferlante s'abat.
Pas besoin de passer des heures le casque sur les oreilles : en une microseconde on sait qu'on écoute du The ARRS. Ce tour de force est à mettre au crédit des gratteux Pierre et Paskual qui ont su forger en trois albums un type de riff extrêmement typé qu'on ne peut confondre avec aucun autre. Prenez un riff d'obédience melodeath/metalcore à base de ramonage de corde à vide et d'incrustation de mélodie au milieu... mais au lieu de recourir aux traditionnelles twin lead, ne faites PAS jouer les guitares en harmonies. Ces riffs de thrash moderne à l'unisson sur lesquels viennent se poser les hurlements aigus de Nico - dont le coffre laisse pantois tant il semble pouvoir tenir ses hurlements à l'infini - sont une signature. "Nihil est in homine" en laissera plus d'un sur le carreau : la gouache des premières mesures, la violence fabuleuse du passage en latin et le côté ARRS inimitable des couplets auraient suffi à faire un tube, mais le refrain achève de tout casser. Le groupe semble vouloir taper un peu plus fort à chaque plan et on détecte au passage quelque chose qui réjouit : de la nouveauté.
L'introduction de voix claires en anglais aurait pu être casse-gueule mais le groupe a l'intelligence de ne pas en abuser. Aux antipodes des refrains metalcore chantés qui sont devenu un gimmick, les incursions de chant sont ponctuelles, courtes et absolument pas systématiques. Elle apportent une respiration ça et là, sans jamais briser le flot des morceaux. Au rayon nouveautés on évoquera aussi les breaks de death mélodique lumineux de "Ma Miséricorde", les passages où Nico troque ses beuglements aigu contre un growl death caverneux, les guitares ultra-mélodiques de l'intro de "Seul contre tous" ou encore les choeurs lancinants de celle de "Le ciel des uns est l'enfer des autres". Malheureusement l'album n'est pas non plus dans défaut : les parties hardcore ont beau être réduite à leur strict minimum ce sont souvent elles qui font tache (voire cliché dans "L'emprise"). Le disque n'échappe pas non plus à la malédiction du ventre mou, et la puissance ahurissante des trois premiers titres contraste avec un "Vengeance" qui n'a que son beatdown de réellement mémorable. Mais si les titres les plus faibles ressortent ce n'est pas parce qu'ils sont mauvais, c'est parce que les meilleurs sont vraiment d'une qualité peu commune.
Résumons : une poignée de titres carrément légendaires, d'autres qui ne sont que bons, une impression constante d'avalanche de puissance et une exécution irréprochable. Ca n'est pas encore un grand album, une œuvre absolue qui restera dans les annales... mais c'est clairement une bombe. Et les bombes, on aime ça. Gloire à eux.