CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Antony Hämäläinen
(chant)
-Marios Iliopoulos
(guitare)
-Olof Morck
(guitare)
-Anders Hammer
(basse)
-Jo Nunez
(batterie)
TRACKLIST
1)Shed the Blood
2)Collision of Fate
3)A Grim Struggle
4)Wearing a Martyr's Crown
5)Among Wolves
6)Abandon
7)Futile Tears
8)Wounded Angels
9)Mocking Modesty
10)Failure of All Human Emotions
11)Sting of Remorse
DISCOGRAPHIE
Curieuse histoire que celle de Nightrage… Imaginez un musicien de rock français lassé de végéter ici qui déciderait du jour au lendemain de tout plaquer pour aller tenter sa chance là où tout se passe pour son style de prédilection… et qui finirait par enregistrer un album à Los Angeles avec Axl Rose au chant ! Et bien transposez ça à un guitariste Grec de death mélodique et vous obtenez à peu de choses près l’histoire de Marios Iliopoulos.
Le guitariste hellène décide en effet un jour de plaquer son groupe Exhumation et son pays pour rejoindre la Mecque du melodeath : la ville de Göteborg en Suède. Après une période de galère il finit par mettre en place son projet, ce qui aboutit à la sortie en grandes pompes chez le puissant label Century Media en 2003 du premier album de Nightrage, l’excellent Sweet Vengeance au casting Hollywoodien (ou plutôt Göteborgien). En plus de son compatriote le guitar héro Gus G (Firewind), Marios s’entoure de Per Molen Jensen (batteur de The Haunted) et de la légende vivante Tomas Lindberg, hurleur de feu At The Gates… sans oublier la présence de Tom S. Englund d’Evergrey, invité là pour s’occuper des parties de chant clair. Malheureusement la suite de la carrière du groupe ne sera pas aussi rose. Après un deuxième album moins marquant le groupe implose une première fois. Marios s’entoure de nouveaux musiciens pour sortir sur un nouveau label l’opportuniste A New Disease Is Born en 2007, très orienté metalcore. Mais notre brave Marios se fait une fois de plus planter par ses zicos et se retrouve de nouveau tout seul… ce qui nous amène à la sortie de ce Wearing A Martyr's Crown en 2009. Les nouveaux membres du groupe dénichés par notre guitariste opiniâtre sont cette fois beaucoup moins connus, ce qui n’est peut-être pas plus mal…
Reconnaissant les erreurs du passé, l’objectif du groupe est clair : retour aux sources ! Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’à ce niveau là on n’est pas déçu. Le nouvel album est en effet extrêmement proche du premier méfait du combo, de loin le meilleur. Cette volonté assumée et même revendiquée en interview de revenir à ce que Nightrage fait le mieux va même encore plus loin, puisque Wearing A Martyr's Crown aurait tout à fait pu sortir au milieu des années 90 tant cet album est un prototype du son mélodeath suédois de l’époque. Il semble même que Nightrage ait voulu répondre point par point à une sorte de cahier des charges du parfait album Göteborgien en répondant à tous les passages obligés : album enregistré bien entendu au Studio Fredman, produit et mixé par Fredrik Nordström, et bien sûr présence de tous les gimmicks musicaux obligatoires : chant ultra agressif (ce Antony Hämäläinen est une bonne pioche, excellent dans son rôle de clone de ‘Tompa’ Lindberg), rythmiques puissantes et riffs en harmonie, sans oublier les inévitables mélodies, très présentes ici. Rien de cette démarche n’est condamnable, Nightrage et en particulier son leader ayant une certaine expérience lui donnant une légitimité certaine dans ce style.
Seul le son très actuel, c'est-à-dire plus puissant et compact, et un niveau de violence général supérieur à ce qui se faisait dans les 90’s donnent un aspect plus moderne à l’album. Par ailleurs le groupe a tiré au maximum parti des capacités de son nouveau guitariste soliste, le prodige Olof Morck (Dragonland). On trouve ainsi sur tous les morceaux de nombreux soli, souvent assez longs et bons (comme ma… euh pardon), mais jamais démonstratifs, toujours au service du morceau, un peu comme le fait Arch Enemy qui en a même fait l’une de ses marques de fabrique. L’ami Olof se distingue également sur les nombreux passages acoustiques qui jalonnent l’album et l’aèrent par la même occasion, qu’il s’agisse d’intros ("Abandon", "Mocking Modesty") de breaks ("A Grim Struggle", "Wearing a Martyr's Crown") ou d’outros ("Collision of Fate"). Certains de ces passages sont chantés mais rassurez vous : pas d’infâme chant clair metalcore au rendez vous, Hämäläinen interprète ces parties plus nuancées avec une voix plutôt parlée voire chuchotée. On obtient donc au final un excellent mélodeath bien énervé, une sorte de Arch Enemy en nettement plus violent ("Shed the Blood", "Collision of Fate"), voire de In Flames old school lorsque les riffs se font plus mid tempo ("Wounded Angels" par exemple), mais toujours avec une rage et une violence désespérées qui ne peuvent qu’évoquer la légende At The Gates.
Wearing A Martyr's Crown est donc au final une bonne surprise venant d’un groupe dont on n’osait plus attendre grand-chose en raison de son histoire plus qu’agitée. Marios Iliopoulos a réussi une nouvelle fois à reconstruire son groupe et à revenir à son meilleur niveau en se tournant très clairement vers les fondamentaux et en faisant tout simplement ce qu’il sait faire le mieux. Il ne manque finalement que peu de choses pour faire de ce nouvel album un classique : quelques vrais bons refrains plus accrocheurs et des riffs mélodiques véritablement mémorisables. Etre sorti en 1994 aurait été un plus également, mais ne boudons pas notre plaisir.