CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-King Diamond
(chant)
-Andy LaRocque
(guitare)
-Pete Blakk
(guitare)
-Hal Patino
(basse)
-Roberto Falcao
(claviers)
-Snowy Shaw
(batterie)
TRACKLIST
1)Eye of the Witch
2)The Trial (Chambre Ardente)
3)Burn
4)Two Little Girls
5)Into the Convent
6)Father Picard
7)Behind the Walls
8)The Meetings
9)Insanity
10)1642 Imprisonment
11)The Curse
DISCOGRAPHIE
Un an après l’excellent Conspiracy, la bande à Diamond revient avec un nouvel opus sobrement intitulé The Eye. Pour cette fois, les horreurs narrées sur cet album ne viennent pas uniquement de l’imaginaire dépravé et fertile du King, mais aussi en grande partie d’un fait réel s’étant déroulé durant l’inquisition Française. Sombre histoire de bûcher, d’amulette maléfique (« The Eye »), de prêtres sataniques, de sabbat et de présumées sorcières, le contexte est parfait pour laisser une fois de plus King Diamond et ses compères exprimer leur talent.
En ce qui concerne le line-up, pas de gros changements par rapport à Conspiracy : Mikkey Dee reparti chez Motörhead, c’est Snowy Shaw - dont The Eye sera la première apparition qui lancera sa carrière – qui s’occupe de marteler les fûts. On notera le crédit d’un claviériste, justifié par l’importance que les claviers ont pris dans la musique de King Diamond. Bien sûr, la base reste solidement ancrée dans le heavy metal et ses guitares, mais les petites touches d’orgues, clavecins ou simplement d’ambiances apportés par ces instruments se marient parfaitement bien avec le concept « religieux » de The Eye. Quant à l’écriture des titres, King Diamond laisse un peu de mou sur la bride de ses acolytes, laissant même Pete Blakk écrire un titre en entier, le fort efficace "Father Picard", Tandis que Snowy Shaw et LaRocque se partagent le crédit de l’excellent "Into the Convent". Le reste, sans surprise, est partagé entre King Diamond et Andy LaRocque – et quant aux paroles, elles sont bien sur toutes signées de la main du King.
The Eye n’en perd pas pour autant sa cohérence, que l’album parvient à afficher du début à la fin même si certains morceaux sont moins efficaces que d’autres. C’est ainsi dommage que l’album finisse sur les deux titres les moins pertinents de The Eye, à savoir "1642 Imprisonment" et "The Curse". Mais il ne s’agit que d’une baisse de régime, car pris hors-contexte, ces deux morceaux s’avèrent d’efficaces pièces de heavy metal, avec des lignes vocales toujours excellemment composées. Une fois de plus, le génie créatif de King Diamond lui fait signer les meilleurs titres du lot, à savoir "Behind These Walls", très efficace morceau épique et surtout "The Trial", véritable pièce de bravoure de The Eye. C’est sur ce titre que le protéiforme chanteur exhibe l’étendue de son talent, tout d’abord en matière de chant en incarnant l’inquisiteur et Jeanne, sa victime, variant les tons et les humeurs dans un style très théâtral parfaitement dans le propos. Ensuite, en matière d’écriture : "The Trial" est – comme l’est presque toute l’œuvre du King – un vivier à riffs et à lignes vocales imparables.
Toujours aussi nombreux, les solos de LaRocque et Blakk font toujours autant d’incursions entre deux couplets, deux lignes vocales ou deux riffs, sans jamais se répéter ni tomber hors de propos dans un shred stérile, même si la virtuosité et la créativité de ces deux manieurs de six-cordes n’est absolument plus à démontrer. La section rythmique fait la part belle à Snowy malgré une production un peu brouillonne au niveau de la batterie, en dessous du niveau de celle de Conspiracy, mais parvenant malgré tout à colorer l’album et à lui donner une personnalité – si besoin était. Deux petits interludes viennent aérer The Eye : "Two Little Girls" permet au King de s’en donner à cœur joie une fois de plus dans différents registres vocaux, et la jolie mais dispensable pièce de guitare acoustique signée LaRocque ("Insanity") parvenant malgré tout à faire redescendre la tension présente sur l’ensemble de The Eye.
The Eye contient sa part de chefs d’œuvre et de grands classiques de King Diamond. Il se classe indéniablement parmi les meilleurs albums du Danois, malgré ses petites imperfections – dont la production. Après cela, les problèmes de drogue de Patino et Blakk viendront mettre un terme à l’aventure King Diamond pendant 5 ans en faisant exploser le line-up. Les retrouvailles de Diamond et de LaRocque se feront avec The Spider’s Lullaby, un autre énorme classique de King Diamond, malheureusement mésestimé.