Gorgoroth -
Quantos Possunt ad Satanitatem Trahunt
Gorgoroth est une bête dangereuse. Enfin... qui fût dangereuse. De trop nombreux changements de personnel, des querelles intestines et des albums en demi-teinte ont porté des coups trop durs à la bête pour qu’elle continue à faire peur. Même si Gorgoroth et Gaahl (ex-chant) continuaient de dégager une certaine aura en concert, il fallait admettre que leurs belles années semblaient bien loin. Gaahl, King ov Hell (ex-guitare) d’un côté et Infernus (guitare) de l’autre sont même entrés en conflit judiciaire, et Infernus, pourtant unique membre fondateur restant, fut viré, tout en gardant les droits du nom.
Mais maintenant, il revient en force avec Gaahl et King ov Hell dehors... Dallas vous dis-je. Bref, rien de très palpitant. Surtout donc que les derniers albums étaient honnêtes sans aller au-delà, quasi entièrement composés par King ov Hell d’ailleurs. Sans le compositeur mais avec le membre fondateur, où en est Gorgoroth ? En fait, il est tout à fait truculent de savoir l’anecdote suivante. Lorsque pour la 1ère fois j’ai écouté l’album, j’étais quasi persuadé d’entendre le nouveau ... Immortal ! Et oui. Pest, le chanteur revenant, a un petit timbre crapaud si particulier à Abbath et le son de l’album, bien que moins énorme que celui d’Immortal, et ses riffs ressemblent étonnamment à ce que les confrères norvégiens produisent. Où est Gorgoroth ? Un peu dans notre cul finalement, car cet album, aussi ironique que cela puisse paraître avec le retour aux affaires d’Infernus, n’est pas vraiment du Gorgoroth. Il y a bien des moments de patte Gorgoroth comme le début de "Satan-Prometheus", mais le son n’est pas Gorgoroth non plus.
Typé Immortal sans être puissant avec notamment une batterie en plastique, il ne met pas en valeur la musique. Toutefois, l’impression d’Immortal se tasse avec les écoutes. C’est déjà ça. L’impression que le groupe pédale dans la semoule... oui, ça passe un peu aussi. Ou ça revient. Difficile à dire mais ce n’est pas convaincant du tout en général. Infernus a peut-être repris les rênes du groupe en faisant appel à des anciens, mais King ov Hell et Gaahl doivent quand même bien rigoler en entendant ce non-Gorgoroth. Un disque où les fulgurances ultra true teintées de minces mélodies ont disparu. Ce nouvel album n’est plus true du tout, black metal tout au plus, et les mélodies, même si elles sont encore présentes (plus en fait), ne sont pas bonnes. Pas mauvaises non plus. Elles passent sur nos tympans sans faire d’impression. Bref, Gorgoroth est devenu un groupe de black banal, qui joue majoritairement en mid-tempo proche du heavy, et c’est peut-être là sa caractéristique la plus personnelle ... Pas de quoi se réjouir et sauter au plafond car c’est plus ennuyeux que salvateur. Que le temps de Under The Sign Of Hell est loin ...
Ce disque du grand retour d’Infernus en tant que maître à bord est surtout une grande déception, délesté de beaucoup d’éléments qui rendaient Gorgoroth unique. Maintenant, il reste un groupe de heavy black presque lambda qui ne marquera les esprits que par son nom. On passera allègrement son chemin ...