J’ai sorti un premier album en 1994 répondant au doux sobriquet de Pentagram. En 1996 mon troisième album se prénomme sobrement Under The Sign Of Hell. Entre temps, j’accouche dans la félicité en 1995 d’un Antichrist. En l’espace de deux ans et trois albums je viens de faire le tour de tous les clichés possibles en terme de titre d’album de black metal. Je suis? Gorgoroth bien entendu! C’est incroyable quand même comme ce groupe a réussi à se bouldinguer tous les poncifs du genre en un temps record.
Gorgoroth est certes un groupe ultra clichesque, mais autant dire aussi qu’il en est (un peu) à l’origine car nous ne sommes qu’en 1995. En tout cas au moins, on sait à quoi s’en tenir. Du black, du black et de temps en temps, une touche de black. Bref Gorgoroth c’est de la tradition. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Tenez, tant qu’on est encore dans les présentations, sachez que ce disque dure vingt-cinq minutes, commencé c’est fini. Et oui, c’est comme ça, Gorgoroth a du mal à atteindre la demi-heure quand il sort un disque. C’est un peu se payer la tête du monde, je vous l’accorde. Car quitte à sortir des albums, autant éviter d’en sortir trois de vingt-cinq/trente minutes. C’eut été mieux que d’en sortir deux de quarante/quarante-cinq minutes. M’enfin, c’est comme cela que l’histoire s’est déroulée.
Passons cet épisode douteux. La musique vient heureusement vous réconcilier avec le groupe. Pas de chichi, on s’en serait douté, mais des riffs qui viennent vous rappeler que le black, c’est bon, nom de diou! Les amateurs seront aux anges. Un son d’une cradeur extrême, un chant très black et des fioritures aux abonnées absentes. Tout juste se permettra-t-on de retenir sur l’addition quelques menus soli et un chant clair (spécial toutefois) sur "Gorgoroth" (la chanson). Ca fait du bien que de se retrouver entouré de black, de black et encore de black. On en prend pour son grade et presque son argent (il ne faut pas oublier qu’il n’y a que vingt-cinq minutes de musique).
En fait, tout est si black qu’il n’y a pas grand chose à dire. Quand même deux-trois points à souligner (sans stabilo). En premier, le blast, mais on est habitué avec Gorgoroth, n’est pas du tout la règle et c’est tant mieux. Deux, le sieur Infernus sait toujours distiller des mélodies dans ses riffs terriblement black et ça le fait toujours autant. Trois, la basse a sa propre vie chez Gorgoroth. C’est-à-dire: on l’entend bien, elle joue ses lignes à elle, elle renforce magnifiquement la musique. Le reste, c’est du black de la racine jusqu’au bout de l’écorce, rien de plus à dire. Bref, je me retrouve bien vite à sec sur cet album. D’un autre côté, j’ai autant à dire qu’il est long. C’est un juste retour de manivelle. Une conclusion alors: fans de black purs et durs, courrez, les autres courrez dans l’autre sens, vous n’y trouverez sans aucun doute rien. Mais quand même, on a un peu l’impression de s’être fait prendre pour un con à la fin des ridiculement courtes vingt-cinq minutes.