Le fait de tourner en rond n'est pas en soi un défaut. Il y a même des choses dont c'est la fonction première, comme par exemple un manège ou une centrifugeuse. Les premiers amusent les bambins et les seconds font vomir les apprentis pilotes de chasse (même si l'inverse arrive parfois), mais dans les deux cas, personne ne se plaint de cette caractéristique qui fait qu'on peut rester aussi longtemps que souhaité dans ces machines, on ressortira toujours au même endroit que là où on est monté. Ben vous pouvez écouter At Vance aussi longtemps que vous voulez, dans dix ans, vous serez toujours au même endroit.
Après, il ne tient qu'à vous pour savoir si vous êtes du genre à vomir ou à essayer de choper la queue du Mickey en rigolant pour avoir un tour gratuit. En tous cas, At Vance continue en 2009 de proposer la même recette que dix ans auparavant, et le changement de bassiste n'y fera rien, tant celui-ci n'est qu'un outil pour Olaf Lenk. Résultat, le fait que Manuel Walther soit remplacé par Black Woflman ne change strictement rien, et ne mérite qu'à peine d'être signalé. Par contre, Rick Altzi est resté à son poste, ce qui n'est là encore pas une donnée intéressante, tant il est certain que son éventuel remplaçant ne serait qu'un clone vocal de plus de Oliver Hartmann, premier chanteur du groupe. Mais Altzi officie avec talent, sa voix chaude et lisse est toujours aussi agréable à écouter, c'est au moins une chose sur laquelle il n'y a rien à redire. Car le reste est d'un classicisme une fois de plus navrant, à commencer par la production made in Finnvox studio, Helsinki, efficace mais froide et clinique.
Lenk tourne vraiment en rond, comme peu de groupes y parviennent avec une telle régularité. Depuis dix ans, At Vance propose un album tous les deux ans voire tous les ans au début, devenant de ce fait totalement routinier et dénué de prise de risque. La musique s'en ressent directement : Ride The Sky est une copie carbone de VII, qui en était lui même une de Chained, qui lui même...il faut remonter aux débuts du groupe pour retrouver une certain talent et une certaine fraîcheur dans la musique d'At Vance. Pour autant, Ride The Sky n'est pas mauvais, il est juste totalement inconsistant, même s'il contient un peu plus de tempos rapides que le précédent album, mais ceux-là sont interprétés sans conviction et avec une rigueur toute allemande. Là où "Salvation Day", sous ses airs un peu folk, aurait pu faire décoller l'album, Lenk ne propose qu'une approche dénuée de feeling et rythmiquement rigide. Quant aux brûlots néoclassiques que sont censés être "End of Days", "Last in Line" ou "Ride the Sky", ils brillent par leur classicisme et leur prévisibilité.
Par contre, du coté des ballades, on trouve la jolie "You and I", sirupeuse et mielleuse à en mourir, mais faisant son petit effet grâce à la belle de voix de Altzi - même si on est loin de la superbe "One Million Miles". Quant aux mid-tempos, là encore, Olenk propose de bons titres comme "Falling" ou "Farewell", mais aussi des morceaux à balancer directement à la casse comme le raté "Torn - Burning Like Fire". Le bilan est donc une fois de plus très mitigé, Ride The Sky ne parvient que péniblement à dépasser son prédécesseur, qui lui avait au moins le bon goût de ne pas massacrer une pièce de classique. Ici, c'est Vivaldi qui en prend pour son grade, avec une interprétation abominable de l'Été. Dieu sait pourtant que votre serviteur apprécie le mélange baroque/métal, mais là, un tel manque de sensibilité et d'interprétation dans l'approche, c'est à pleurer. Olaf Lenk qui joue du Vivaldi, c'est un peu comme un fichier midi : les notes sont là, dans l'ordre et en rythme, mais sans aucune subtilité ni variation. Et la batterie aussi carrée et métronomique qu'une horloge atomique n'arrange rien, mais passons : At Vance n'a jamais été capable de proposer une reprise de classique convaincante, il n'y avait pas de raison que ça commence en 2009.
Bref, At Vance reste At Vance, et ne semble guère plus inspiré qu'il y a deux ans. On se demande un peu à qui s'adresse cet album : seul le fan hardcore de At Vance l'achètera, la question étant : y a-t-il des fans hardcore de At Vance ? Terminons par un petit coup de gueule : les promos MP3 sont au cœur d'une polémique en ce moment, la méthode présentant de fait des avantages et des inconvénients, pourvu que l'on parte du principe que ces MP3 sont proprement encodés et de bonne qualité. Mais quand ceux-ci sont saturés et grésillent, rendant leur écoute parfois pénibles, la méthode n'est plus défendable. Souhaitons que ça ne soit qu'une exception car si certains labels en font une norme, il y a gros à parier que les chroniques de leurs poulains se feront de plus en plus rares. À bon entendeur...