Demain, j’arrête. C’est fini. La dernière. Je n’en peux plus, je tire ma révérence, je quitte la scène, ç’en est trop. Adieu. Non, mais c’est vrai quoi. Depuis 2005 et le pas-trop-pénible Chained, à chaque album de At Vance, mon petit cœur frémit d’excitation et d’espoir que, tiens, sait-on jamais, At Vance nous ponde ENFIN un disque correct comme le bon Olaf savait le faire depuis 1999, le temps de quatre ou cinq albums, avant de sombrer dans la redite et la routine, en proposant des morceaux plats et creux qui faisaient pleurer le fan désabusé. VII, en 2007 ? Yeurk. Ride The Sky en 2009 ? Bouarf… Facing your Enemy en 2012 ? Sob…
En même temps, l’espoir était-il permis ? Pour les optimistes, oui, bien sûr : Olaf aurait très bien pu se sortir les doigts du… de là où il les avait mis et proposer un album frais et un peu osé. Pour les réalistes, c’était couru d’avance et il ne fallait s’attendre qu’à du réchauffé. Et les pessimistes, eux, ne se seront même pas intéressés à cet album. La vérité derrière tout ça ? Facing Your Enemy est aussi convenu et terne que ses prédécesseurs. Nous n’épiloguerons pas sur les changements de line-up, le cœur de At Vance restant le même, à savoir la guitare jouée par Olaf et le chant pris en charge par Rick Altzi, qui fait bien le taff avec sa voix chaude et juste. La basse, la batterie ? Aucune importance, tout cela fera figuration. Donc, en serrant un peu les dents d’appréhension, on lance le disque et on s’apprête à, une fois de plus, être déçu. Sur ce point, vous n’allez pas être déçu : vous serez déçu. Ah ah.
Facing Your Enemy s’ouvre sur ce qui est supposé être un brûlot, "Heaven Is Calling". Résultat, un titre médiocre, pas inspiré, avec le minimum syndical de double pédale et de gros riff, mais sans passion ni relief. En même temps, le fan d’At Vance sait que le groupe n’a jamais vraiment brillé sur ce créneau, mais plus sur le mid-tempo mélodique et la power-ballade, donc le désespoir n’est pas encore permis. Mais le titre éponyme vient alourdir un peu plus le poids de la déception en ne proposant rien d’autre qu’une soupe tiédasse, pas vraiment réchauffée par "Eyes Of A Stranger" malgré un refrain sympa. Trois titres, trois déceptions. Faut-il continuer le track by track ? Allons plutôt fouiner du côté des mid-tempos, alors. "Fear No Evil" ? Tout juste la moyenne, la recette est en tous cas parfaitement exécutée, mais reste fadasse. "Live & Learn" ? Fuyez, pauvres fous. Bon, ben les ballades, alors ? "See Me Crying" ? Mon Dieu, que tout cela est convenu… "Things I Never Needed", duo guitare acoustique / chant ? Hé ho ? Vous vous êtes endormis ?
Vraiment, rien à sauver là-dedans ? Allez, soyons beaux joueurs, il reste la pêchue "Saviour" qui épice un peu le plat, mais c’est bien tout… On aurait pu attendre de "Tokyo" un hommage au style japonais, mais la tentative reste trop timorée, et l’instrumentale néo-classique "March Of The Dwarf" se contente de quelques gammes et arpèges peu inspirés… Dans son ensemble, donc, Facing The Enemy est pénible. Décevant. Trop rarement enthousiasmant. Convenu. Prévisible. J’en fais le serment devant vous : je ne chroniquerai pas le prochain At Vance. Enfin, sauf s’il est génial. J’y crois. Un peu.