CHRONIQUE PAR ...
Sebrouxx
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Lars Eric Mattsson
(guitare+chant)
-Goran Stenius
(basse)
-Orjan Sjostrom
(claviers)
-Tony Mattsson
(batterie)
TRACKLIST
1)Introduction
2)Tear Down the Border
3)Lady Luck
4)Since Love Died
5)Crocodile Walk
6)Just to Survive
7)Chasing Shadows
8)0Menuet (J S Bach)
9)Proud'n'Free
10)Midnight Train
11)Lady Death
12)The Magician
13)When Silence Came to Remain
14)Third Circle
15)The Stranger
16)Can't Go On Without Your Love (Live)
17)The Exciter (Live)
18)Break Your Chains (Live)
19)Eternity (Live)
20)Goodnight (Live)
DISCOGRAPHIE
Quoi encore un poulain nordique de Mike Varney, l’homme qui tente de transformer en or toute mimine capable de sweeper des soli avec lesquels même le métronome standard a abdiqué ? Et une réédition en plus ? À tous les mécontents, du calme et de l’attention sont réclamés. Lars Eric Mattson est un pionnier du shred européen. Et ce No Surrender, initialement sorti en 1989, tend à le démontrer avec force réenregistrement des voix et, bien sûr, des parties de guitare. Puis Mattson, hein, c’est le boss fondateur de Lion Music, alors… Alors, merci Patron ?
Sachons, pour une fois, voir cet album au-delà de sa simple valeur de réédition (procédé marketing souvent réservé à des œuvres cultes, destiné à refaire du fric neuf avec du vieux). Certes son auteur en connaît un rayon en matière de techniques commerciales, au moins tout autant qu’en gammes mineures diminuées, mode mixolydien et autres réjouissances symboliques du Shred néo-classique mâtiné de Hard FM. Puisque c’est bien de cela qu’il s’agit présentement, et ce dès l’Introduction éponyme, constituée de trente secondes d’orgue de cathédrale ambiance. La voie est ouverte. Mais la voix n’est pas couverte et franchement, même ré-enregistrée, Mattson aurait mieux de fait de ne s’en tenir qu’aux cordes de sa Stratocaster. Ou plutôt quitte à repasser derrière, il aurait été de bon aloi de confier le job à quelqu’un de plus compétent en matière de cordes vocales. Dans le milieu de la musique, que Mattson connaît parfaitement, cela s’appelle un chanteur, un vocaliste. D’autant que No Surrender s’avère être le seul album où son auteur pousse la chansonnette de bout en bout, chœurs compris (ceux de “When Silence Came to Remain” fichent une sacrée frousse). À trop vouloir se faire plaisir, on en oublie de se mettre à la place de l’individu qui intervient en tout de chaîne : le consommateur auditeur.
Abstraction faite des cinq pistes live proposées in fine (sorte de dispensable best of public de ses meilleurs morceaux), Mattson s’est fait plaisir derrière le micro et le supplice est plus que régulièrement au rendez-vous (les refrains de “Lady Luck” et “Midnight Train” font encore froid dans le dos). C’en est à se demander quelle marque de cigarettes s’est-il offerte ou chez quel fournisseur de pinces à linge et de bombonnes d’hélium s’est-il achalandé ? C’en est même difficilement descriptible : grosso modo une sorte de Vince Neil,un canard extrêmement limité dans les aigus, en pleine crise de sinusite. Mais par-dessus tout c’en est parfaitement regrettable tant certaines compos (attention elles datent de 1989) s’avèrent réellement bien construites, et offrent leur lot de ponts bien amenés et de solos ultra efficaces. Les plus regardants argueront du fait que, École Nordique oblige, l’ensemble rappelle un peu trop le Malmsteen des débuts, en particulier Marching Out, mais surtout le côté FM de Trilogy et Odyssey. Certes, il partage avec le Maître (et avec le Gary Moore Metalleux d’alors) un goût prononcé pour les nappes de synthé bien lourdes.
Mais contrairement à Yngwie, Lars Eric s’offre de bonnes respirations dans la construction de ses chorus, qui tentent d’être autres choses que de seuls assemblages de mesures jouées en sweep, puis en tapping, puis en legato et achevées dans un orgasmique coup de barre de vibrato. Maintenant autant ne pas non plus se voiler la face : Lars Eric Coeur de Lion excelle dans ces exercices de démonstration qu’il a -donc - tout autant remis en boîte que ses parties vocales. Et ce pour une raison bien simple et avouée : offrir à No Surrender des sonorités de guitare plus modernes, en particulier des rythmiques plus lourdes et des riffs plus tranchants. Pas une mauvaise idée en soi, même si certains morceaux ont dû y perdre leur originelle homogénéité (la batterie de “When Silence Came to Remain” sonne trop old school au regard des pistes de gratte, sans compter que s’immisce par intermittence un orgue de cathédrale). Mettons cela sur le compte des délires artistiques fortement en vogue alors. Allez, Patron, sans rancune, un café et l’addition.
Sans regret même d’autant que le boss a pu ensuite s’offrir les services de vocalistes plus réputés comme Mark Boals afin de se concentrer davantage sur son « Art of Shredding ». D’ailleurs comme il bouffe du Lion depuis maintenant vingt piges, il compte bien sévir très prochainement chez nos disquaires. Effectivement : ne jamais abdiquer, c’est la bonne traduction de No Surrender. Et en bon patron, Mattson donne l'exemple...