CHRONIQUE PAR ...
Gazus
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Chris Rubey
(guitare)
-Daniel Williams
(batterie)
-Andy Trick
(basse)
-Mike Hranica
(chant)
-Jeremy DePoyster
(guitare+chant)
-James Baney
(clavier)
TRACKLIST
1)Sassafrass
2)I Hate Buffering
3)Assistant to the Regional Manager
4)Dez Moines
5)Big Wiggly Style
6)Danger:Wildman
7)Ben Has A Kid
8)Wapakalypse
9)Gimme Half
10)Louder than Thunder
11)Lord Xenu
12)
DISCOGRAPHIE
Il y a des promos qui amènent avec eux une certaine poisse qui se décline en différentes versions. Tout d'abord celle qui fait que l'on ne sait pas comment aborder sa chronique, celle qui fait qu'au bout de trois mois, les choses ne se sont toujours pas passées (sans parler des connexions que ne se sont pas faites), mais surtout, il y a celle qui fait que le blocage se fait dès la réception du promo. Une poisse pourtant irrationnelle mais à laquelle je me suis retrouvé confronté. En effet, comment chroniquer un groupe dont je n'ai pas vu le film du même nom ?
Heureusement pour moi, The Devil Wears Prada n'a de rapport avec le film éponyme que le nom. En tout cas, j'imagine. Non pas que l'idée de Meryl Streep et Anne Hathaway superbement habillées et ondulant leurs corps sensuels et moites sur des riffs syncopés, soutenus par une batterie martelante, du beuglage core juvénile, me déplaise, mais elle me paraît vraiment peu crédible. Cela dit, lorsque le chant passe en mode «Je suis jeune et je sais faire des notes en voix claire», cela pourrait presque coller... Quoiqu'il en soit, voici plus ou moins les bases de la musique de ce combo de l'Ohio qui officie dans un metalcore parsemé d'éléments électroniques. D'aucuns s'en ficheront complètement, mais on peut toujours préciser au passage que nous avons affaire à ce que certains appellent du christiancore, ce qui, musicalement, ne nous avance vraiment pas.
Niveau riffs, on passe des grosses syncopes à des instants mélodiques comme il faut qui lorgnent parfois vers le death mélodique à la suédoise, les harmonies en moins (le refrain de "Dez Moines"), une batterie typique de tout ce que le metal moderne a pu apporter sur ce plan depuis un peu moins de dix ans, à savoir de la double (au sens non allemand du terme, Daniel Williams, batteur de la formation, se permettant tout de même de laisser ses deux pieds respirer de temps en temps), du matraquage de caisse caisse et du bon gros beatdown des familles. Reste ce qui pourrait être la «marque» du groupe, à savoir l'incorporation des parties électroniques, des synthés gatés façon dance de "Dez Moines" au beat électro de "Louder Than Thunder" ou "Danger: Wildman", voire classiques/symphoniques comme sur l'intro de "Big Wiggly Style" ou le piano de "Gimme Half".
Et le chant ? À part rentrer dans les standards du metalcore actuel, à savoir un beuglage somme toute bien maîtrisé, mais sans plus, il se perd parfois dans les méandres d'un syndrome bien connu, celui du «refrain hypermélodique où le chant se fait sucré à foison», ce qui n'aide pas forcément The Devil Wears Prada à se sortir de la masse de groupes officiant dans le même style. On ne sèmera pas le doute sur les capacités vocales de de Jeremy DePoyster, mais tous ses plans sonnent trop lisses et propres (sans être «pop»), comme si le travail de post-production fait en studio transparaissait en filigrane, pointant du doigt un outil utilisé parfois avec abus (et bien trop souvent), à savoir le fameux Auto-Tune. Au final, malgré de bonnes idées, une bonne maîtrise technique, le groupe semble se perdre (tout comme l'auditeur) dans une masse de titres qui ne se détachent pas réellement les uns des autres.
Non pas que With Roots Above And Branches Below soit un mauvais album, loin de là. Le groupe arrive à balancer des plans et des parties mélodiques qui fonctionnent très bien, mais la répétitivité globale les noie dans un maëlström qui s'avère à la longue assez lassant, quelque soient les moyens déployés par les membres en arrangements électroniques et symphoniques. Ce qui s'avère au final plus que dommage.