CHRONIQUE PAR ...
Arroway's
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Arkadi Zaslavski
(chant+guitare)
-Jochen Mueller
(basse+chœurs)
-Anton Zaslavski
(batterie+percussions)
TRACKLIST
1)Ghosts in the Machine
2)Black Screen Goodbye
3)The Antagonist
4)Eluding the Focus
5)Arms of Poseidon
6)The Lone Gunman
7)Lost in Error
8)Lukewarm Remains
9)Doom
10)Roses & Echoes
11)Debris
DISCOGRAPHIE
Il n'y a pas à dire, une belle pochette comme celle de Technicolor, cela prédispose bien pour une première écoute: colorée, bigarrée et moderne, avec une touche d'onirisme… pourvu que la musique soit à l'image de l'artwork qui la représente. La bonne surprise, c'est que Dioramic s'en approche plutôt bien: fusion moderne des styles, alliance entre une violence maîtrisée et un goût sûr pour des mélodies alternatives, technicité assurée pour les inconditionnels des structures mouvantes… Dioramic dipose de sérieux moyens de persuasion.
Technicolor ravira les amoureux des belles mélodies violentes, des murs de riffs énergiques et riches, des blast beats ravageurs sur fond coloré. Commencer par "Ghosts in the Machine", c'est se faire très mal dès le premier titre. Dioramic y découvre son jeu sans faire de demi-mesure: de la pure puissance alternative. Description s'il vous plaît. Pour commencer, superposez des nappes de riffs postcore et un clair-obscur émotionnel de métal progressif un peu barré, voire un peu mathcore ("Black Screen Goodbye"). Rajoutez dans la trame des fils mélodiques très colorés et très lumineux tissés par une guitare au son moderne. Et pour compléter cet ensemble, balancez tantôt des hurlements bien ancrés dans la puissance des basses tantôt un chant clair alternatif qui explore des horizons certes connus le plus souvent mais avec une justesse et je ne sais quel grain un peu sec dans la voix qui fait tout pardonner. Un chant qui prend aussi parfois le parti de passer à la limite du parlé, de jeter les mots avec une énergie et un ressenti brut qui ajoute une texture supplémentaire. Et comme on aime les mélanges, on appréciera encore plus l'entremêlement des mélodies vocales et de la hargne hurlée. D'autant que Dioramic sait varier les schémas et ne réserve pas ces harmonies aux seuls emplacements prévisibles alloués par quelque refrain lambda. Des structures mouvantes, a-t-on déjà dit. Et avec une dose suffisante d'imprévisibilité pour faire mouche à chaque fois.
Très homogène, Technicolor s'appréhende dans un premier temps sans vraiment de difficulté. Mais c'est au fil des écoutes qu'il révèle toute son ampleur émotionnelle et la maturité de ses compositions – complexes mais non hermétiques. Car on a droit à une superposition cohérente de plans lourds et techniquement variés. Le jeu d'Anton Zaslavski à la batterie est bien planté pour explorer les temps en profondeur, accompagné par une basse ondoyante et vrombissante à souhait. La guitare, en plus d'assurer un solide arrière-plan musical, s'autorise des variations aux allures de soli (notons "Arms of Poseidon") et de petites digressions assez piquantes qui viennent enrichir les compositions. Pour autant Dioramic sait développer des atmosphères plus contemplatives comme sur l'intermède "The Lone Gunman" aux accents lourds et métalliques – comme un tableau d'une ville fantôme de l'Ouest où seul le vent se fait entendre, pour un western aux airs d'extinction d'espèce humaine. Les arpèges métalliques et le chant séduisant de "Lukewarm Remains" ne cachent que temporairement la violence crachée par ce groupe qui décidemment joue de tous ses effets avec intelligence. Car rien, depuis les structures rythmiques imbriquées les unes dans les autres jusqu'aux énergies expiatoires ("Doom") ou extatiques ("Roses & Echoes"), n'est linéaire.
Et dire qu'il s'agit là d'un premier album pour Dioramic. Assurément Technicolor est une réussite, un album au goût certain et personnel qui se hisse d'entrée de jeu dans les hautes sphères alternatives. Il faut dire qu'en plus de tout – puissance, mélodie, agressivité - Dioramic délivre son jeu avec une certaine classe et l'élégance d'un son assumé. De l'« Art-core », comme ils disent: on leur concèdera cette dénomination avec grâce.