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CHRONIQUE PAR ...

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Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 15/20

LINE UP

-Hreidmarr
(chant)

-Heinrich von B.
(guitare+basse+programmation)

TRACKLIST

What Happened Is True
(album remastérisé)

1)Political Police
2)Jim Beamed Ahnenerbe TV
3)LK Nosferat
4)Kommando ’96
5)Apology
6)Get a Gun - Shoot at Random
7)Love Game Over
8)Bunkermoon Khaos III


Revisionism
(reprises et remixes)

1)Political Police (Lower 48)
2)Jim Beamed Dum-Dum Khaos (Tamtrum)
3)LK Nosferat Enjoy Crash Mix (MoMie)
4)(We Don’t Care About) Kommando ’96 (HerrSchaft)
5)Apology (Helel)
6)Get a Gun, Shoot at Random (Blackrain)
7)Love Game Over (Varsovie)
8)Bunkermoon Total War Mix (Hiv +)

DISCOGRAPHIE


The CNK - Ultraviolence Über Alles - Übercharged Edition
(2009) - indus - Label : Season Of Mist



Vous ne connaissiez que L'Hymne à la joie de The CNK ? Vous êtes un inculte. Sans aller jusqu'aux obscures démos Das Schwarze Order et Soleil Noir sorties durant les années 90, ignorer que le premier coup d'éclat des sieurs Hreidmarr et Heinrich von B. était Ultraviolence Über Alles était risible de votre part. C'est ainsi que je m'apostrophai un matin dans le miroir (j'aime me vouvoyer), considérant la réédition de ce premier album sorti en 2002. Remastérisé, doté d'autant de remixes que de titres originaux ainsi que d'une pochette cultissime, cette Übercharged Edition allait me permettre de rattraper mon retard. Schön !

Ne connaissant pas l'album original votre serviteur ne saurait évaluer la qualité du remaster de l'indéboulonnable Neb Xort... mais connaissant le talent du bonhomme nulle doute que le progrès est réel. En attendant il faut bien juger sur pièce, et le fait que la prod est béton. Les claviers sont massifs, la guitare est massive, TOUT est massif... sauf la boîte à rythme évidemment, aux sonorités volontairement hyper synthétiques que certains trouveront cheap. Sauf qu'ici ça sert le propos : l'univers d'Ultraviolence Über Alles est mécanique, déshumanisé, et martial à l'extrême. Pas de place pour le groove ici, pas de place pour la chaleur ou pour une quelconque lueur organique dans le son. Place à la saturation à tous les étages et à une ambiance sonore entièrement au service d'un seul but : projeter sur l'auditeur un monde à la fois totalitaire et foncièrement hystérique. Car là où tant de groupes d'indus émulent le même type d'atmosphère à grand renfort de lourdeur, chez The CNK on joue à fond les ballons et la frénésie devient une religion. Le tempo élevé et les claviers festifs dégénérés donnent au tout un côté Cirque du Chaos (ou Fête de la Bière du Mal, c'est selon) assez irrésistible, Hreidmarr se métamorphosant pour l'occasion en un diable vociférant sorti de sa boîte pour hurler sur la foule tel un possédé. Et ça marche.

On note au milieu des fameux hurlements du vocaliste le passage geint de "LK Nosferat", le chant sleazy décadent sur "Kommando 96" et d'autres variations théâtrales réjouissantes. Les fans du dernier album retrouveront en tous cas un de ses traits les plus impressionnants, à savoir un talent incroyable pour incarner un dictateur en train de tenir un discours de propagande. Chacune des phrases qu'il crache sonne comme un slogan, ce qui le rend parfois effrayant quand il pousse son grain : l'entendre hurler « Get a gun ! Shoot at random !» sur la chanson du même titre colle presque la chair de poule. C'est un des rares points communs entre cet album et celui qui a suivi, en dehors d'un air de famille entre les riffs de "Bunkermoon" et "The Martialist"... Ici tout est direct, tout est basé sur d'énormes riffs simples voire basiques (mais d'une efficacité extrême) dont les thèmes sont renforcés par des claviers sans grand rapport avec les samples de classique qui ont suivi. C'est également la limite de l'album : les titres développent pour la plupart la même ambiance de train fasciste à grande vitesse et le tout manque de relief. Certains moments se détachent, comme le fabuleux break « Chaos, chaos chaos » de "Jim Beamed Ahnenerbe TV" ou les passages à la Cradle of Filth de "Love Game Over" ou "Bunkermoon", mais le tout pèche par trop d'uniformité.

Trois des remixes sont des reprises à part entière : Lower 49 transforme "Political Police" en un titre rock/punk vintage, tout en son clair et avec un chant décalé totalement jouissif. Même principe pour "Get a Gun, Shoot at Random" : cette fois-ci c'est du glam/heavy avec un chanteur à la Fancy très cool. Le décalage entre texte et traitement vaut des points, comme pour "Love Game Over" par Varsovie qui rajoute un chant français à la ramasse à un traitement pop-rock à mi-chemin entre Placebo et The Cure. Les copains de Herrschaft (le guitariste Zoé cumule les fonctions d'ingé-son et de bassiste intérimaire pour CNK) se fendent d'une version de "Kommando '96" très cinématique : les orchestrations massives, gros groove et les breaks ambient donnent au tout un feeling Matrix fort plaisant. Les autres copains de Tamtrum - leur batteur Sylvicious jouait sur l'Hymne à la Joie - sont moins convaincants : à part une excellente instrumentation du break «chaos », leur "Jim Beamed Ahnenerbe TV " version electro / new wave lascive se révèle trop long et pénible. "Bunkermoon Total War" est un vrai remix, un travail de DJ pour un pur son de teuf... puis il y a les mauvaises surprises. "LK Nosferat" est un remix comme on n'aime pas, un bête copier-coller de plan avec ajout de beats jungle / dub. Et passons sur "Apology", gros bordel avec chant faussement ivol, tentative extrême réellement ridicule.


Bilan : un album doté d'une puissance de feu peu commune à défaut d'être parfait, une enfilade de remixes / reprises réussis pour la plupart, le tout pour le prix d'un cd normal... tout ça venant combler un vide conséquent vu que l'édition originale est introuvable aujourd'hui. Y'a-t-il besoin de vous faire un dessin, jeune inculte que vous êtes ? Allez donc acheter cette réédition séance tenante. Et n'oubliez pas le lait, y'en a presque plus.


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