CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11.5/20
LINE UP
-Xavier
(chant+claviers)
-Rom's
(guitare)
-Gobest
(guitare)
-Hacha
(basse)
-Mika
(batterie)
TRACKLIST
1)Blame
2)Layla Saïda
3)Behind Your Honeyed Smiles
DISCOGRAPHIE
Enken -
The Lies Above Our Heads (EP)
Enken, le retour. Après avoir sorti un premier EP en 2008, le groupe de région parisienne s'est montre persistant et est revenu avec un autre l'année dernière. Un changement de bassiste au compteur mais toujours le même lieu d'enregistrement et quelques concerts de plus sur leur CV... Enken avait commencé comme un groupe de rock-métal se dispersant dans de multiples directions, la démo précédente présentant un style différent sur chacun des cinq titres. Avec The Lies Above Our Heads, en plus de s'être recentrés les jeunots ont durci le ton. Ce qui est souvent une bonne nouvelle.
L'EP ayant été enregistré au même endroit et avec le même ingé-son que la première fois, le son garde ce côté amateur et garage qui nuit à l'écoute, même si des progrès réels sont perceptibles : les guitares notamment sont plus méchantes et plus claires. Et ça sert fort bien le propos puisque qu'Enken a donc décidé de se placer plus du côté du métal. Alors que certains titres de la démo étaient plus rock qu'autre chose, le riff de l'opener "Blame" rappelle très fortement celui de "Dig" de Mudvayne ! Malgré le haussement de sourcil dû à la similitude on sent tout de suite qu'on rigole moins, même si le couplet et le refrain de la chanson sont plus mélodiques. Idem pour le riff principal de "Layla Säida", typé power-métal US et qui envoie du bois tout en étant élégamment coupé de micro-envolées lyriques où le chanteur Xavier se montre beaucoup moins convaincant que quand il crie... ce qui est un des problèmes majeurs du groupe.
Xavier est en effet un beugleur plus qu'acceptable, qui donne même l'impression quand il se lâche qu'il ne jurerait pas du tout dans un groupe professionnel. Mais quand il chante c'est une autre histoire, et même quand on s'est fait à la prod (les sons de guitare claire sont vraiment à refaire) il reste l'élément principal qui fait régulièrement basculer Enken dans l'amateurisme. Tant qu'il ne force pas et qu'il ne monte pas ça passe encore, mais sinon... sur les couplets susnommés de "Layla Saïda" il reste correct, mais qu'il passe au bridge il ruine le plan mélodique en entier. Ca arrive malheureusement plusieurs fois, et on a mal pour lui quand il s'arrache hors de sa tessiture sur "Blame". Le retour dans le rock qu'est le refrain de "Behind Your Honeyed Smiles" est du couple une double mauvaise idée : stylistiquement déjà, mais aussi à cause du chant mélodique qui vient par son imprécision endommager encore le tout.
Malgré ces défauts cet EP reste un progrès manifeste par rapport à celui qui l'a précédé. Le jeu est plus carré, et certaines idées laissent entrevoir un potentiel à exploiter à l'avenir. L'ajout des claviers est par exemple très bien géré car très subtil : ils n'apparaissent qu'à deux ou trois moments et sont pertinents à chaque fois. Les nappes sur l'intro de "Leyla Saïda" sont assez cool mais c'est surtout le break osé dancefloor / arpèges de "Behind Your Honeyed Smiles" qui retient l'attention. Déjà parce que pour une fois Xav assure en chant clair, mais surtout parce que les sons utilisés rappellent les trucs qui ont rendu Attack ! Attack ! infréquentable… sauf que là ça passe ! C'est une performance en soi, et les plans les plus violents de l'EP dégagent un niveau de puissance et un groove que celui d'avant n'atteignait que très rarement. On se dit même qu'avec un chant clair aussi bon que le chant hurlé, les compos prendraient une autre dimension.
Là, il y a des décisions à prendre. Les Enken auraient pu progresser un gros coup avec cet EP vue la qualité des compos, mais ils se contentent d'un petit pas en avant pour cause de parties chantées pas à la hauteur. Que la solution vienne de cours de chant intensifs ou du recrutement d'un deuxième chanteur pour assurer le clair, il faudra qu'ils la trouvent... car on sent qu'ils pourraient faire beaucoup mieux.