CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
18/20
LINE UP
-Emma Hellström (chant+claviers)
-Tobias Martinsson
(chant+guitare)
-Joakim Rosén
(guitare)
-Jonnie Tall
(basse)
-Joel Lindell
(batterie)
TRACKLIST
1)Climbing Ideals
2)Tearful, Bitter, Broken
3)Carousel of Descent
4)The Ardberg Experience
5)Mimic
6)At Random Choose
7)World of Hurt
8)At Arms Length
DISCOGRAPHIE
L'autre jour, je farfouillais dans les rayons de mon disquaire préféré. Dans la section death metal, je suis tombé sur un disque intriguant à la pochette très jolie et au titre évocateur: Still At Arms Length. Enigmatique. Eh bien, j'ai fait une petite "découverte" dont je ne suis pas peu fier. Groupe inconnu, signé par un label peu fortuné (Scarlet Records), The Provenance a pourtant de (très) solides arguments. On reste abasourdi dès la première écoute...
Du gothique, du death metal, du progressif, des rythmes arabisants, celtiques... Le disque brasse avec une assurance certaine (j'ai appris par la suite qu'il s'agissait d'un deuxième album!) beaucoup d'influences. Le meilleur d'Opeth (pour le chant death très typé, l'atmosphère et l'alternance de moments calmes et moins calmes) et de Lacuna Coil (pour la dualité chant masculin/féminin, pour certaines rythmiques) en quelque sorte. Mais surtout, on a enfin l'impression de découvrir un groupe au potentiel impressionnant. La qualité des compositions est exceptionnelle: un morceau comme "Carousel Of Descent" (une perle!) est fantastiquement barré, original (ah, l'intermède enchanteur à la flûte!) et parfait du point de vue de la technique et de la structure.
Fondamentalement peu complexes, les huit titres de l'album sont pourtant parmi les meilleurs que j'aie entendus depuis longtemps. La complexité serait plutôt à chercher du côté des mélodies, du brassage de rythmes...et d'instruments. Le rendu est impressionnant, avec peu de moyens. Pas une anicroche, pas une dissonance, même dans les moments plus "progressifs" où la performance ne s'applique pas en termes quantitatifs. Même cette association d'instruments a priori incompatibles ne sonne pas faux pour un sou. Les instruments n'en font pas des tonnes, à l'image de la flûte, ils avouent volontiers une intention louable et réussie, de créer avant tout l'ambiance. L'absence de dissonance vient assurément de là.
L'oreille est enfin flattée par la dualité, à première vue peu concordante mais finalement fascinante, d'une voix death puissante, grave et accrocheuse, et d'une voix féminine qui rappelle étrangement la voix d'Anneke Von Giesbergen (The Gathering). Sensuelle, charmeuse, posée, la voix d'Emma Hellström crée l'équilibre, transporte l'auditeur dans des contrées inavouées. Un équilibre pourtant instable qui menace à chaque instant de rompre: éclairée par la légèreté de la voix d'Emma et des moments quasi-acoustiques ("The Ardbeg Experience") transcendés par une flûte majestueuse et des chœurs grandioses, l'ambiance replonge pourtant le plus souvent dans les abysses ("At arms length"), les vociférations, soutenant les guitares et la basse omniprésentes, achevant le travail. Un travail de toute beauté, d'une majesté rare. Ecoutez "World of hurt" pour vous en convaincre définitivement.
On sort de cette écoute convaincu d'une chose: Still At Arms Length est un grand disque, de ceux qui restent en tête longtemps après l'écoute et qui provoquent un sentiment de bonheur inespéré. Un grand disque où s'entrechoquent lumière et ténèbres, où la descente aux enfers n'en est que plus douloureuse, mais aussi plus attirante, car on ne s' y attend jamais. Paradoxalement, l'absence de lumière peut donc être bénéfique.