CHRONIQUE PAR ...
Arroway's
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Tuomas Tuominen
(chant)
-Janne Markus
(guitare)
-Mikko Uusimaa
(basse)
-Heidi Määttä
(claviers)
-Vesa Ranta
(batterie)
TRACKLIST
1)Lathing a New Man
2)The White Plateau
3)This Longitude of Sleep
4)King of July
5)Of Birth for Passing
6)Out of the Wind
7)Nights in White Satin
8)Tide Shift
9)Instead of Stand and Stone
10)Amended
DISCOGRAPHIE
Il paraît que la sortie de cet album se devait de coïncider avec le début de l'automne. Parce qu'à « cette époque de l'année, quand les feuilles deviennent couleur or, bronze et rouge, quand les jours raccourcissent et que vous avez simplement envie de vous pelotonner devant une douillette cheminée pendant que, la nuit, les ombres de l'hiver commencent à ramper », c'est le meilleur moment de l'année pour écouter le métal atmosphérique de The Man-Eating Tree. Et oui, ils sont aussi un peu poètes au service promotion de Cobra Records/Century Media.
Mais qu'on en n'oublie pas les faits, le matériau tangible pour habiller un peu le marketing autour de la sortie de Vine, le premier album du groupe finlandais The Man-Eating Tree. La mythologie liée à la genèse du groupe s'articulant essentiellement autour de la période post-Sentenced, groupe dont faisait partie le batteur Vesa Ranta. Et qui officie également dans The Man-Eating Tree, groupe qu'il a formé et dans lequel il a retrouvé toute son inspiration perdue pour jouer de la musique. Et blablabla… NOTA BENE : Remember, never pay attention again to the information shit sheet sent by the label. Oui mais voilà : le fait est qu'ils sont forts, les gens qui rédigent les textes de propagande promotion chez les labels. Imaginez donc : réussir à écrire, groupe finlandais après groupe suédois, de quoi donner envie d'écouter une musique parfois carrément ennuyeuse, parfois carrément mauvaise. Mais comment font-ils donc pour garder cette flamme, cet enthousiasme absolument sans faille ? Même si, il faut tout de même le mentionner, ils trichent parfois aussi un peu sur la longueur : la moitié des paragraphes remplis par des extraits d'interviews, ça fait gagner un peu de place sans requérir beaucoup d'inspiration…
Oui, la musique de The Man-Eating Tree est propice à la réflexion promotionnelle et à l'étude de style littéraire. Car le chant clair de Tuomas Tuominen, contrairement aux hurlements et grognements habituels dans le métal, ne prend pas la tête, même pendant une quelconque réflexion philosophique que l'on devrait mener tout en écoutant l'album. Tout est histoire de saturation : non seulement le chant, mais aussi le niveau des guitares et l'agressivité stridente des cymbales… Bien réglés sur Vine pour des chansons agréables mais pas non plus spécialement emballantes. Si à l'automne, on ramasse bien les feuilles mortes à la pelle, alors ici les tracks de Vine jouent un peu le rôle des feuilles. Sans relief, sans les couleurs canadiennes que l'on nous avait fallacieusement promises, les morceaux se succèdent uniformément sans retenir beaucoup d'attention. Et pourtant, "Lathing a New Man" semblait ouvrir un opus de chansons à la fois métallisées et mélancoliques, avec une certaine légèreté ou en tout cas une certaine simplicité dans la composition qui s'annonçait agréable, l'occasion de faire varier les atmosphères au milieu d'autres écoutes plus extrêmes ailleurs.
Là où la bât blesse, c'est bien sur la longueur pourtant raisonnable de Vine (une cinquantaine de minutes) : parmi dix chansons toutes plus grises les unes que les autres, qui explorent les mêmes émotions et qui, malgré des incursions plus musclées comme "King of July", retombent toujours dans les mêmes atmosphères désolées, pas une qui ne soulève un réel enthousiasme. Et on se dit que la vie est cruelle, qu'elle nous a privé sans la moindre once de pitié d'un album potentiellement intéressant. La seule miséricorde qu'elle nous aura montrée restera peut-être le titre "Of Birth for Passing", sur lequel on pourra pleurer tout son saoul et sans remord en se sentant au moins compris par Tuomas. Ah, Tuomas… une belle voix qui donne l'impression de s'enliser progressivement dans les pesanteurs doomesques des compositions. Le pire dans tout cela, c'est que les idées sont bien là, chaque morceau offrant un embryon d'atmosphère différente de celles des autres, mais elles ne sont pas exploitées jusqu'au bout ou ne s'affirment pas avec assez de personnalité. Elles se proposent timidement et se laissent ensuite noyer par la dépression ambiante qui (dés-)anime l'album.
La morosité de Vine arrive à nous en faire oublier les réelles qualités d'exécution des membres du groupe et de la production réalisée par Hiili Hiilesmaa. L'effet vient-il des compositions elles-mêmes, trop uniformes, ou de l'énergie impulsée trop également qui n'imprime pas suffisamment de relief dans l'interprétation ? On reste déçu par le premier essai d'un groupe qui a, manifestement, les moyens de faire beaucoup plus d'effet.