CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Erlend Hjelvik
(chant)
-Bjarte Lund Rollan
(guitare)
-Maciek Ofstad
(guitare)
-Vidar Landa
(guitare)
-Marvin Nygaard
(basse)
-Kjetil Gjermundrød
(batterie)
TRACKLIST
1)Ulvetid
2)Mjød
3)Fossegrim
4)Blodtørst
5)Offernatt
6)Sjøhyenar (Havets herrer)
7)Sultans of Satan
8)Nekroskop
9)Liktorn
10)Ordsmedar av rang
11)Utrydd dei svake
DISCOGRAPHIE
Dans l’océan de sorties auquel est confronté aujourd’hui le chroniqueur ou tout simplement l’amateur de musique, il est de plus en plus rare qu’un groupe réussisse à se démarquer dès la première écoute, tout simplement par son style ou par le son qu’il envoie. Tout est tellement aseptisé et normalisé qu’un album comme ce premier opus des Norvégiens de Kvelertak peut vite être considéré comme une bouffée d’oxygène.
Le combo originaire de Stavanger surprend en effet sur plusieurs plans. Le plus marquant étant tout simplement la difficulté que l’on peut avoir pour qualifier sa musique, à une époque où tout est si bien rangé dans des boites, catégories, genres et sous-genres. Kvelertak met un coup de pied dans tout ça en mélangeant plusieurs styles a priori incompatibles. Imaginez une sorte de punk nerveux hautement chargé en énergie pure, auquel on aurait rajouté une bonne dose de rock n’ roll groovy au possible et une coloration très metal, caractérisée avant tout par un chant extrême typiquement black metal ! Et bien figurez-vous que cette mixture improbable donne un résultat particulièrement accrocheur et entraînant, un peu comme si un combo sale et catchy tel que Turbonegro s’était mis à l’extrême et avait embauché un hurleur caché au fin fond d’une forêt norvégienne et recouvert de corpse paint ! Les premières secondes sont assez déroutantes, lorsque le plutôt rock n roll "Ulvetid" part dans une direction inattendue, blast beat et chant black à fond les ballons !
Cette formule dans laquelle tout est permis apporte une véritable sensation de fraîcheur à ce premier album éponyme. Le combo est pourtant déjà connu en Norvège, grâce à des prestations scéniques paraît-il incendiaires. On sent en effet une énergie très « vivante » émanant de ces compositions taillées pour la scène, et on se surprend à dire plusieurs fois au cours de l’album « wahou, ça en concert ça doit vraiment mettre le feu !». La production, œuvre de Kurt Ballou de Converge, sonne très naturelle et renforce cette impression. On touche là du doigt les limites de la musique de Kvelertak: un album, ce n’est pas un concert. Ce qui doit être proprement jouissif dans l’ambiance chaude et alcoolisée d’une petite salle de concert ou d’un festival n’a pas le même impact sur album et se révèle légèrement redondant, finissant par tourner en rond. Les bons moments sont néanmoins présents, que ce soit ce "Offernatt" propice au headbanging furieux, ce "Sjøhyenar (Havets herrer)" sur lequel deux voix se répondent et apportent un peu de variété, ou encore le sombre "Nekroskop".
Ce premier opus éponyme de Kvelertak est donc un album frais et original. L’énergie du punk, le groove du rock n’ roll et la puissance du metal sont les maitres mots, copulant avec un chant black metal qui apporte tout le soufre et l’originalité du combo. Le chant en Norvégien et la pochette surprenante (signée John Baizley de Baroness) finissent de rendre ce groupe différent et attachant, même si tout cela finit par tourner un peu en rond et doit surtout prendre toute son ampleur sur scène.