CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Malfeitor Fabban
(chant+basse+claviers)
-Hell:10:Kabbalus
(guitare+claviers)
-Bard G. "Faust" Eithun
(batterie)
TRACKLIST
1)I
2)II
3)III
4)IV
5)V
6)VI
7)VII
8)VIII
9)IX
10)X
DISCOGRAPHIE
Après avoir marqué son temps avec un Generator ubuesque de qualité cybernétique dans sa sodomie déraisonnable du black par l'electro, Aborym a pris une longue pause. Voulue ou non, elle n'a pas contenté ses fans, tremblotants et hagards. Enfin l'attente prend fin ! Psychogrotesqueinaugure un nom pour le moins intrigant pour commencer, dans la veine de la douce folie du groupe italien. Ce néologisme annonciateur de musique tonitruante donne espoir. Aborym nous prépare donc à son grand retour ...
Oui ? Cette introduction bruitiste remplie de mouches laisse en tout cas la porte ouverte à bien des courants d'air. Or, l'ouverture est nécessaire à l'art d'Aborym pour s'exprimer pleinement. Bon présage donc. Le cœur bat, on se doute maintenant que la musique va arriver après une petite montée en pression. Auparavant, il est utile de rappeler que cet album est en fait une seule et unique chanson découpée en plusieurs pistes pour le confort d'écoute, mais une à la base. Conceptuel. Maintenant que le premier riff a déboulé, il est temps de faire une analyse rapide : ça blaste ! Le son est bien plus froid que sur Generator (il ne plaira pas à tout le monde), la batterie triggée tendant à la boîte à rythme n'arrange pas la sensation industrielle oppressante. L'intense intervention des machines ne laisse que peu de doute quant aux intentions des Italiens, cet album sera encore plus electro/indus que son prédécesseur.
La suite ne trompe pas proposant divers arrangements passant du pur indus à la techno boum boum, au free jazz et éventuellement au metal. Le chant étant toujours d'obédience black metal, on aimera classifier le groupe comme tel, mais le groupe désire manifestement s'affranchir de tout carcan. La présence de blasts maintient l'appartenance de la musique au genre extrême. Plus loin encore, Aborym confirme avec cet album que le black metal apprécie la sodomie (par n'importe quel genre et notamment l'electro). Cela se matérialise, au-delà de l'utilisation évidente des machines, par des riffs saccadés et des murs de guitare particulièrement froids accompagnés de blasts rendus mécaniques par le son si synthétique de la batterie. "III" donne un exemple clair de cette sensation. Sacrée chanson au passage avec de multiples variations rythmiques, des riffs impressionnants et des claviers omniprésents. L'enchaînement avec une déclamation en italien sous fond de nappes sonores inquiétantes entérine la démarche avant-gardiste du groupe.
Cet album d'une chanson mérite d'être écouté à la file, au point qu'on se demande s'il était vraiment judicieux de le découper en piste. Car son atmosphère extrêmement dense pousse à aller jusqu'à son bout pour ne rien gâcher. Et Aborym de prouver son inspiration incroyable. Il n'était pas aisé de succéder à un Generator acclamé et sorte d'équilibre idéal entre electro et black. Pourtant Psychogrotesque réussit dans son entreprise. Peut-être pas de manière aussi évidente mais toujours très intense (écoutez donc "VII"). Il va beaucoup plus loin que Generator dans le mélange des genres et la complexité des arrangements. D'ailleurs, cet album arrive à monter suffisamment haut pour provoquer des frissons. Meilleur ? Probablement non, mais plus aventureux et épanouissant. Clairement le type d'album qui réjouira ceux qui apprécient les mélanges et la prise de risque. Le niveau des compositions étant élevé, il n'y a pas à bouder son plaisir pour se perdre dans les méandres de sa monstruosité. Car cet album a un côté monstrueux par son inhumanité froide.
Au final, Psychogrotesque se déguste et délecte son auditeur. Aborym confirme son statut de grand fou de l'extrême et maintient de façon ténue ses attaches au black metal. Exigeant et effrayant, cet album n'est pas à la portée de tous. Il n'en est que plus hypnotisant.