CHRONIQUE PAR ...
Mnemopanda
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Tatsurô
(chant)
-Miya
(guitare)
-Yukke
(basse)
-SatoCHI
(batterie)
TRACKLIST
1)Shinsou
2)Bouzenjishitsu
3)Ware arubeki basho
4)Shogyo shisoukyou jidai koushikyoku
5)Hikanshugisha ga warau
6)Shi shite tamashii
7)Soushin no koe
8)1979
9)Nageki tori to doukebito
10)Kono sen to sora
11)Kugatsu mikka no kokuinn
12)Ranchu
13)Ieji (version Euro)
DISCOGRAPHIE
Nous sommes en 2003, MUCC vient de changer de catégorie en ce qui concerne la scène musicale nippone. Le « petit groupe » troque son label. Bye bye l’auto production, bonjour Universal Music (ou du moins l’un de ses labels indépendants), passant ainsi en major et obtenant la publicité et la couverture médiatique qui leur revient de droit… ! Et avec ce changement de label, le groupe s’offre le luxe d’un premier écart musical. Homura Uta avait laissé une empreinte poétique et douce là où Zekuu s’annonce beaucoup plus incisif, touchant à un registre nettement plus heavy qui d’abord étonne, déstabilise… Et finalement séduit, classant cet album parmi les meilleurs que sortiront les quatre musiciens…
Comme souvent, le bal s’ouvre sur une petite intro musicale qui sonne plutôt jazzy. Faut reconnaître que c’est un registre qui leur irait bien et dans lequel ils se plaisent, pour pas moins de deux minutes vingt d’intro tout de même, à déformer un peu leur style rock habituel. Les vingt dernières secondes, en saturation et désordonnées annoncent cependant la couleur : Zekuu ne jouera pas dans la même cour… D’ailleurs "Bouzenjishitsu" met une claque d’entrée de jeu à tous ceux qui s’attendait à trouver un Homura Uta bis. C’est rapide, la basse est discrète et Tatsurô quitte rapidement le chant posé pour se lancer dans un chant un peu plus poussif, accompagné de chœurs à l’occasion. La guitare de Miya est à l’honneur dans ce morceau et se fait la part belle en se prenant son petit solo tranquille en plein milieu, changeant l’atmosphère pour la rendre plus neutre et plus lente avant de repartir de plus belle…
Yukke et sa basse reviennent nous faire de l’œil directement dans "Ware arubeki basho". C’est un des titres phares de l’album. Elle fait partie de ces chansons qu’on approche avec une légère crainte au début, ne voyant pas trop où le chant de Tatsurô veut nous amener mais qui nous laisse tout simplement à genoux dès qu’il arrête le côté « parlé » pour se lancer dans une complainte chantée qui prouve qu’il ne laissera pas le talent de l’instrument filer au profit de hurlements comme cela arrive un peu trop souvent avec ce genre de prise de risque. "Shogyo shisoukyou jidai koushikyoku" s’enchaîne là-dessus de façon beaucoup plus rapide, jouant un peu la course. Un bon morceau, une ambiance moins heavy, plus punk, une guitare et une basse qui offrent un joli duo même si on n’oubliera pas SatoCHI derrière sa basse. Le titre qui suit reste dans la veine « faisons vite vite vite » et si les « passages rappés » laisseront un peu froid, on se consolera encore sur le jeu de Miya et Yukke, aux cordes…
"Shi shite tamashii" commence sur une note à contrario très lente de la part du chanteur avant de laisser la parole aux autres musiciens, sur un rythme plus soutenu… Pour la reprendre… Ainsi s’enchaînent des alternances de chant et de passages plus instrumentaux, donnant un peu de souffle à l’album qui se pose le temps d’une chanson qui sonnerait presque comme une ballade jusqu’à ce que finalement voix et instruments s’allient pour fournir une petite apothéose musicale. "Soushin no koe" joue la carte de la saturation, restant dérangeante dans son écoute et se terminant de façon plus claire mais glauque, reflétant encore parfaitement le côté angura kei dont le groupe tend par la suite à se désolidariser. "1979", probablement en raison du fait qu’il s’agit de leur année de naissance à tous ? Un titre en tout cas plus dans la veine de ce à quoi le groupe nous avait habitués, mêlant toujours ce rock pur à une petite touche jazzy qui donne des passages instrumentaux tout simplement superbes !
On approche tout doucement de la fin de l’album, pour se prendre une belle claque sur "Kugatsu mikka no kokuin", « le sceau du 3 septembre ». Une ballade tout en douceur et en lenteur pendant le premier tiers et qui, tout à coup, explose. Le thème un peu spécial (un reproche fait à la société adulte qui ne laisse pas les enfants profiter de ce qu’ils sont) peut faire sourire… Mais il faut admettre que le morceau ne prête, lui, pas du tout à rire. Ce titre est parmi ceux qui feront la réputation de MUCC et qui aujourd’hui encore est parmi les plus écoutés. Voix brisée et expressive, mélodie efficace… Il est à noter que le clip associé pourra surprendre les non habitués puisque les Japonais ont parfois tendance à se déchaîner… Même sur les ballades… Mais on adorera le t-shirt « cheval » kitchissime de Tatsurô, ça c’est du rock ! À nouveau, la version Euro contiendra une piste bonus qui cette fois ne fait pas trop tache : "Ieji". On y retrouve ainsi le bon vieux MUCC tel qu’on le connaissait et après cet album plein de changement, ça fait du bien !
MUCC s’est pas mal vanté de « changer » tout au long de leur carrière et cet album est peut être le premier qui a marqué le coup à ce niveau là. Ils auraient pu se vautrer, mais malgré les réticences de premier plan et le scepticisme, force est de constater qu’ils ont fait un carton – presque - plein. Au même titre qu’un Homura Uta ou qu’un Kuchiki No Tou, il vaudra plus que la peine qu’on se repenche régulièrement sur lui afin de se rappeler que MUCC a su surprendre… Dans le bon sens ! Le groupe avait commencé à quitter les sentiers battus du rock, dommage qu’il ait ensuite préféré alterner les changements plutôt que de se perfectionner… !