Il pourrait presque sembler qu’il y ait comme un sentiment d’urgence dans le métal, ces temps-ci. Après Hail of Bullets et God Dethroned, c’est au tour de Belphegor de revenir faire un petit coucou à nos esgourdes à peine un an après son dernier album. Le rythme moyen de sortie des groupes étant plus de l’ordre de deux ans, on peut présumer de la qualité d’un opus quand son temps de conception a été aussi court. Avec des résultats variés, pourtant, les deux premiers groupes ne s’en sortaient pas mal. Et pour Belphegor ? Eh bien, pour Belphegor, ça fait mal.
Après deux albums corrects (Bondage Goat Zombie en 2008 et Walpurgis Rites – Hexenwahn l’année dernière), qui ont contenté les fans sans déchainer les ardeurs outre mesure, on était en droit d’attendre le prochain sans vraiment y croire, comme ça, hop. Eh bien non, Blood Magick Necromance est une authentique petite tuerie qui, toute Belphegorienne qu’elle soit, relève clairement tant le niveau musical du groupe que l’estime que nous pouvions porter à ce sympathique Helmuth. L’approche est pourtant la même qu’un an auparavant : un black métal violent, sombre, blasphématoire, avec ce qu’il faut d’emphase et de puissance pour donner envie de violer des bébés animaux morts. Sauf que sur Blood Magick Necromance, l’alchimie prend parfaitement. Il suffit d’écouter les trois premiers titres, et ainsi de recevoir déjà dix-huit minutes de black parfaitement maitrisé et exécuté dans sa figure. C’est mélodique, grandiose, rapide, les guitares possèdent une grandeur à laquelle la présence d’une réverb outrageuse n’est pas étrangère, et Helmuth hurle, crie, grogne et râle de manière toujours aussi possédée et sadique.
La couverture est dans la grande tradition de Belphegor, avec cette imagerie toujours aussi démoniaque, où le bouc a son importance, et en parfaite adéquation avec la violence et la haine qui exsude de la voix d’Helmuth. L’imposant "Blood Magick Necromance" rassemble toutes les qualités de l’album, avec ces riffs totalement black métal, où l’ajout de synthé ne fait que donner une plus grande envergure aux guitares, et où la batterie oscille entre blast à la sauce mitraillette et passages plus posés, mais toujours sombres, agressifs et torturés. Et ce refrain hurlé ne donne qu’une envie : hurler à son tour, et tant pis si l’on écoute Belphegor dans le bus, il suffira de se montrer convaincant face à l’agent de police. La suite est un peu plus sèche, avec un "Discipline Through Punishment" plus calme, utilisant comme fréquemment chez Belphegor la langue allemande. "Angeli Mortis De Profundis" fait office de feu d’artifice : c’est le titre le plus court et le plus ravageur, avec son blast permanent. "Impaled Upon the Tongue of Sathan" est un des titres les moins pertinents de l’album, se contentant de nous offrir du Belphegor en roue libre quoique pas mauvais, mais heureusement "Possessed Burning Eyes 1997" reprend là où les trois premiers morceaux nous avaient laissé : mélodies, puissance et violence, le tout en proportions intelligemment dosées pour provoquer l’efficacité.
Blood Magick Necromance n’est donc pas parfait de bout en bout, mais même ses moments un peu plats sont loin d’être à jeter. Et pour ce qu’il a de meilleur, à savoir une bonne grosse moitié de l’album, cela justifie l’achat pour l’amateur de musique brutale, fût-il ou pas un amateur de longue date de Belphegor.