Rah, encore des Norvégiens ! On commence à le savoir que vous êtes bons musiciens, depuis ABBA ! (oui, je sais, mais quelle est la différence ?) Plus sérieusement, Vreid, on ne les présente plus, sauf quand comme moi on a six lignes obligatoires d'introduction à taper, alors lâchez-moi la grappe. Le groupe naît dans les années 2000 des cendres du groupe Windir, dont le chanteur est allé se perdre en montagne. Un peu comme Hansel et Gretel sauf que lui n'a pas eu besoin d'aide pour se perdre. Il a peut-être mangé le pain au lieu de le semer. Faut dire que le pain scandinave est excellent.
Nous chroniquons donc ici la cinquième galette du groupe, d'où son titre V, ose-je supposer, à moins que celui-ci ne soit un hommage à la forme du buisson pubien de la veuve du chanteur. Bien-sûr, black norvégien oblige, le thème principal du disque sont les fjords of darkness de la résistance norvégienne contre le moustachu allemand qui ressemblait à Charlie Chaplin. D'après la fiche officielle du groupe, il y a une influence de chez Metallica, Motörhead et des années 1970, en plus de l'aspect black metal de la musique. Autant vous prévenir tout de suite, il faudra bien le chercher, tout ça. En tout cas, ce disque, bien que très bon, n'atteint en aucun cas le niveau musical des galettes des compatriotes de chez Iskald.
Plongeons-nous dans cette ambiance de tempête, dans le cadre impressionnant de ce magnifique pays nordique, tentons de nous mettre un petit instant dans la peau de ces héros, dont la mythologie fut pillée par l'envahisseur lui-même dans un dessein propagandiste et dont, et il s'agit là d'un point de l'histoire de la seconde guerre mondiale à ne pas négliger, les femmes furent transformées en usines à blonds. Ces rebelles avaient là la meilleure des raisons de se venger, et on peut encore occasionnellement croiser leurs descendants emprunter le même chemin que leurs grand-pères tels des pèlerins, dans des endroits glacés comme la gare de Finse, la plus haute de Norvège, où le vent de minuit saura vous geler jusqu'aux tripes même en été.
Musicalement, on retrouve aisément le côté épique dans les compositions du groupe, ne citons que la piste "Fire on the Mountain" pour illustrer ça. D'ailleurs, rien que le titre du morceau est explicite : on se bat pour son pays, pour ses fjords, on se bat pour ce qu'on aime, et on imagine ces batailles dans le cadre aussi noir que magnifique des montagnes de Norvège. Après, tout ça ne justifie pas la relative faiblesse de la qualité de la musique en présence de laquelle nous sommes, car il est vrai que malgré quelques passages d'une grande beauté (le solo du premier titre "Arche", ou les excellents chœurs de "The Sound of the River"), ce disque d'un black vaguement mélodique et à la production excellente n'est pas ce que l'on appelle un cd indispensable.
Un album bien fichu, à écouter. Le thème est inépuisable, et il s'agit là d'un véritable hommage aux ancêtres. La guerre est finie, mais on ne veut pas oublier les sacrifices faits. Et surtout, on reste conscient que ça peut, voire que ça doit revenir. Tout ça n'en fait pas un album d'anthologie, mais il n'en reste pas moins plutôt cool.