CHRONIQUE PAR ...
Althor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Jari Mäenpää
(chant+guitare+basse+clavier)
-Kai Hahto
(batterie)
TRACKLIST
1)Beyond the Dark Sun
2)Winter Madness
3)Sleeping Stars
4)Battle Against Time
5)Death and the Healing
6)Starchild
7)Beautiful Death
8)Sadness and Hate
DISCOGRAPHIE
Nous sommes en 2004, Jari Mäenpää est forcé de quitter Ensiferum. Son bébé, Wintersun, est trop prenant et il ne peut plus concilier les plannings des deux formations. Ainsi, la même année sort le premier album éponyme de son projet solo ; un mélange complexe de mélodeath et black métal avec également quelques influences de power metal. Attardons-nous sans plus attendre à ce premier coup d’essai.
Jari Mäenpää s’est occupé de tout lors du processus de création de ce disque. Il joue dans le désordre le rôle de compositeur, parolier, guitariste, bassiste, claviériste, chanteur / choriste. Oui, même pour les chœurs, il s’est enregistré plusieurs fois à différentes hauteurs. Il est tout de même secondé par le batteur Kai Hahto, qui possède d’ailleurs une technique tout bonnement hallucinante. Depuis, le line-up s’est complété notamment pour assurer les lives, avec le guitariste Teemu Mäntysaari (ex-Imperanon) et le bassiste Jukka Koskinen (Norther, Cain’s Offering). Les thèmes abordés sont plutôt mélancoliques, logiquement en accord avec les ambiances froides de l’artwork. Après une période de domptage nécessaire, car tous les morceaux ne sont pas ultra directs, on finit par rentrer dans l’univers de cet album. On passe successivement par des moments d’héroïsme, de violence, de tristesse ou encore de pure beauté. L’opener très court mais progressif avec ses nombreux changements de rythmes, constitue déjà une excellente mise en bouche. C’est également l’occasion de prendre une bonne claque au niveau technique, que ce soit pour la vélocité des guitares ou pour le jeu de la batterie si jouissif.
Pour son jeu de guitare, Jari Mäenpää utilise beaucoup de trémolo picking pour les phases mélodiques ainsi que du sweep picking, tapping et autres joyeusetés pour les solos. "Winter Madness" continue sur la lancée et maintient un niveau de composition extrêmement élevé, on ne voit pas le temps passer. "Sleeping Stars", la première piste lente, peut avoir un effet non négligeable sur l’humeur. Les chœurs sont très présents et ajoutent beaucoup de profondeur. Rarement des morceaux atteignent une telle intensité. La guitare à 3’45" est tout simplement géniale car elle parvient à faire ressentir à l’auditeur un sentiment de bonheur au milieu de toute cette mélancolie, c’est très fort. Ce titre est un véritable joyau lorsqu’il est apprivoisé. Sur la très épique "Battle Against Time", on trouve encore une fois des chœurs relativement lents sur des rythmiques rapides, l’effet procuré est efficace. Mais quelques longueurs pointent le bout de leur nez. Et cela va être un problème quasi récurrent jusqu’à la fin de l’album. A vouloir faire de la musique épique à tout prix, on en perd ses repères et ça finit par être redondant.
Pourtant l’idée de base de chaque titre est pour la plupart bonne mais trop peu de variations sont proposées. "Death and the Healing" en est un autre exemple avec sa mélodie extrêmement accrocheuse mais répétée tellement de fois. Cinq bonnes minutes auraient largement suffi à la place des sept présentes. "Starchild", avec pourtant une première partie tonitruante, a hélas le même défaut. "Beautiful Death" change néanmoins la donne et passe plutôt bien. Cette piste, l’une des plus torturées, demande toutefois un certain nombre d’écoutes avant d’être estimée à sa juste valeur. Le solo acoustique de la fin expose un feeling d’une rare qualité. Le final "Sadness and Hate" est quant à lui long de dix minutes, on voit d’ici poindre l’indigestion. Et bien non, curieusement il passe lui aussi très bien. Les passages folks s’alternent efficacement avec des passages plus graves, sentiment suscité à nouveau par les interventions des chœurs. Enfin, un dernier mot sur la performance côté chant. Ce dernier en version extrême lorgne franchement vers le black, qui, sans être exceptionnelle insuffle suffisamment de rage aux morceaux. Le chant clair / torturé est spécial mais pour le coup assez unique et offre une alternative pertinente.
C’est extrême, c’est violent, c’est triste, c’est beau, c’est épique... trop épique. C’est malheureusement le défaut apparent de ce disque qui aurait frôlé le sans-faute s’il avait été écourté judicieusement. Jari Mäenpää est un musicien très talentueux qui a tout un tas de bonnes idées mais qu'il ne canalise pas suffisamment. Qu’on se rassure, cet album fait partie des perles du genre et se doit d’être dans toute discographie de métal extrême. C’est qu’avec un tel potentiel on en vient à exiger la perfection. A l’heure où fut écrite cette chronique, l’attente d’un successeur à ce Wintersun (déjà nommé Time) n’a toujours pas pris fin, plus de sept ans après...