Combien de fois a-t-on entendu des groupes déclarer avant la sortie d'un nouvel opus des phrases clichées du style "cet album est plus heavy que le précédent" ou encore "je crois que c'est pour nous un retour aux sources"? Et bien, Vratyas Vakyas pourrait se répandre en de telles affirmations sans l'ombre d'un remords, parce que pour une fois, c'est totalement vrai. Et pour une fois que ce "retour aux sources" ne vise pas à se racheter une crédibilité perdue lors d'un virage "trop commercial" mais à donner le support qu'elles méritent à des compositions dont la plupart n'ont jamais pu voir le jour, la démarche mérite d'être saluée. Après dix années passées dans les tiroirs, The Fireblade émerge enfin pour le bonheur de tous les amateurs de black-metal folklorique.
Ainsi, ceux qui ne connaissent Falkenbach que par l'intermédiaire de Ok Nefna Tysvar Ty risquent d'être surpris par l'abondance de riffs et de chant typiquement black metal ici présents. Comme l'explique Vratyas: "Cet album propose des parties plus rapides et violentes car les compositions datent de plus de dix ans, et sont donc plutôt comparables au premier album En Their Medh Riki Fara…" Ainsi, même si le côté folklorique et épique caractéristique de la musique de Falkenbach est toujours présent, il est un peu mis de côté au profit d'un metal viking plus brut de décoffrage, avec guitares en tremolo et hurlements de rigueur. Est-ce que cela nuit à la qualité des compositions? Pas vraiment, vu que le groupe n'a jamais été connu pour des titres à tiroirs très alambiqués, et ceux proposées ne détonnent pas de l'ensemble de son œuvre, proposant des ambiances assez sombres mais comportant toujours cette touche "païenne" et folklorique.
Malheureusement, si ces titres pouvaient sonner assez frais il y a dix ans, ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui, sachant surtout que "la réalisation de cet album a surtout consisté en des réarrangements, de petits changements et la création du son voulu en studio. Beaucoup de temps a été consacré à toutes ces choses, car je voulais rester aussi proche que possible des idées originelles, ne pas les changer plus qu'il n'était nécessaire." Le travail de production est en effet notable, et un titre comme "Heathen Foray" en est la preuve: contrairement à la version déjà présente sur l'album ...Magni Blandinn Ok Megintiri... le chant clair n'est plus noyé sous les guitares, et l'ajout de quelques chœurs renforce sa dimension épique. Il en est de même pour "Leaknishendr" – morceau paru sur le premier album – dont le mixage amélioré restitue tout de même l'aspect à la fois brut et mélancolique de la première version.
En règle générale, les passages violents, tout comme les breaks acoustiques sonnent de manière plus maîtrisée, car de statut de "one-man band", Falkenbach est passé à celui de quatuor, avec l'adjonction, depuis le précédent album, de trois membres de Vindsval (groupe signé sur Skaldic Art, le propre label de Vratyas.) Toutefois, il ne s'agit que de musiciens de session: "Je suis heureux de les avoir à ma disposition sur les deux albums, et j'espère qu'ils aideront Falkenbach pour les projets à venir. Mais d'un autre côté, ils ont tous les trois leurs propres groupes et ne sont pas impliqués dans le processus de composition." Quand on interroge l'Islandais sur la possibilité d'entendre enfin ses compositions jouées en live – Falkenbach n'a donné, à ce jour, aucune représentation –, il reste assez évasif: "C'est toujours en projet, mais je ne sais pas si ce sera possible un jour. Il y existe cependant un line-up pour les prestations live, et deux répétitions ont également eu lieu. Peut-être que nous donnerons de petits concerts, mais ce n'est pas encore sûr."
En attendant ces hypothétiques apparitions, on pourra se contenter de savourer ce nouvel album, qui, sans rien transcender, confirme la réputation déjà bien établie de Falkenbach.
(interview avec Vratyas Vakyas réalisée le 04 novembre 2005)