CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-Dino Cazares
(guitare+basse)
-Tommy Vext
(chant)
-Tim Yeung
(batterie)
TRACKLIST
1)Bleed The Fifth
2)Failed Creation
3)The Threat Is Real
4)Impossible Is Nothing
5)Savior Self
6)Rise Of The Scorned
7)False Gospel
8)Soul Decoded (Now & Forever)
9)Royal Blood Heresy
10)Closure
DISCOGRAPHIE
Alors que Fear Factory nous a gratifié d'Archetype et Transgresssion sans traîner après l'expulsion de Dino Cazares, ce dernier aura pour sa part pris son temps. Sa seule réelle actualité aura été son poste de capitaine d'équipe dans le projet Roadrunner All-Stars (un moyen pour le label de rappeler qu'il existait encore?), mais sorti de cela son retour triomphal se sera fait attendre... et nous y voilà enfin. Ce premier album de Divine Heresy voit Cazares de retour avec une vengeance, une valeur sûre à la batterie (Tim Yeung de chez Vital Remains et Hate Eternal) et un inconnu au chant (Tommy Vext). Et autant vous dire que ça cogne.
Un coup de feu, un énorme riff death, un blast-beat, un chant hurlé surpuissant, un beat-down à concasser des parpaings : ça ne fait pas encore une minute que le cd est lancé mais on a compris que Divine Heresy n'est pas là pour enfiler des perles. La violence du tout (et le son en béton armé) cueille au menton. Plusieur détails frappent d'entrée : le jeu hystérique de Tim Yeung dont les attaques de double-pédale rappellent plus un Gene Hoglan ou un Kevin Talley qu'un Raymond Herrera, l'orientation death metal affichée des riffs, le chant hurlé nickel-chrome... et le fait que tout ça ne sonne pas comme Fear Factory du tout. L'enchaînement "Bleed The Fifth" / "Failed Creation" est du genre qui laisse exsangue, surtout que le deuxième titre est encore plus death que le premier dans ses couplets... sauf que Tommy Vext lâche le chant clair sur le refrain et s'impose direct comme un sacré chanteur. Cazares peut être fier de son casting : Divine Heresy est un groupe de tueurs! Tim Yeung fait presque peur tant il est véloce, puissant et précis et Tommy Vext assure autant dans un registre hurlé ultra-maîtrisé qui oscille entre Burton C. Bell (tiens tiens) et Phil Anselmo que dans un chant clair agréable et puissant.
Quant à Cazares il réussit à surprendre son monde : toujours aussi fort dans les rythmiques supersoniques de marteau-piqueur, il parvient à varier ses riffs et à laisser transparaître des influences qu'il n'avait jamais mises en avant dans Fear Factory. "Impossible Is Nothing" présente des passages qui pourraient venir directement de son ancien groupe, mais il alterne à ceux-ci des plans de métal extrême totalement inattendus de sa part (Tim Yeung a co-écrit les titres, ne l'oublions pas) et même... un solo de shred, ce qu'il n'avait jamais fait auparavant! Idem pour "Savior Self" : certains moments sont du Demanufacture pur jus, mais le pont combine admirablement le style habituel du guitariste avec des déferlantes de notes qui se lient merveilleusement à sa puissance rythmique. C'est d'ailleurs là l'intelligence du guitariste : sachant que les comparaisons avec Fear Factory iraient bon train, il s'est ingénié à ne pas copier son ancienne formation... trop longtemps. Après tout son style de jeu est ce qu'il est, et il est difficile de lui reprocher d'aimer les riffs en salves qu'il a popularisé lui-même, surtout quand il a un Tim Yeung derrière pour les suivre avec une facilité déconcertante
Quand Fear Factory a cherché a varier son propos, c'est l'influence ambient de Burton C. Bell qui est venue se mêler à leur formule de base : il n'y a qu'à comparer Transgression avec les titres que ce dernier a écrits pour son side-project Ascencion Of The Watchers. Ici ce sont deux autres éléments qui sont venus se greffer : l'extrême incarné par Yeung mais aussi le hardcore/metalcore de Vext. Et ces trois influences donnent un résultat détonnant et mine de rien assez original : Divine Heresy est à la fois plus violent et plus mélodique que la majorité des groupes de metalcore actuels, tout en conservant cet aspect catchy / jumpy qui fait headbanguer et incruste les chansons dans le crâne. Les riffs et les blasts s'abattent sur l'auditeur médusé qui ne s'attendait pas à un tel tsunami de violence, mais les breaks mélodiques durant lesquels Vext cesse de hurler comme un goret et chante pour de vrai sont inattendus et font mouche à chaque fois. Certaines idées font vraiment mal : les incursions symphoniques de "Royal Blood Heresy", les nappes venant renforcer le refrain de "False Gospel", l'intro mélodique de l'ultrabaffe "Rise Of The Scorned"... Bleed The Fifth réussit donc à être varié et inventif en plus d'être puissant.
Peu de choses à jeter sur cet album qui risque d'être la claque de la rentrée. Bien sûr il aurait pu être encore meilleur en virant les quelques titres Fear Factoriens et en mettant le calme "Closure" en milieu d'album plutôt que d'en faire un titre de fin prévisible... mais Cazares a globalement réussi son pari et s'est renouvelé avec brio. Bleed The Fifth est un album qui décoiffe, très bien composé, magistralement interprété et qui lie ultraviolence, sens de la mélodie et accessibilité comme peu y parviennent. Maintenant qu'ils ont trouvé un bassiste, vivement qu'ils viennent jouer tout ça live...