CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Spencer Sotelo
(chant)
-Misha "Bulb" Mansoor
(guitare)
-Alex Bois
(guitare)
-Jake Bowen
(guitare)
-Tom Murphy
(basse)
-Matt Halpern
(batterie)
TRACKLIST
1)Insomnia
2)The Walk
3)Letter Experiment
4)Jetpacks Was Yes
5)Light
6)All New Materials
7)Buttersnips
8)Icarus Lives!
9)Totla Mad
10)Ow! My Feelings
11)Zyglrox
12)Racecar
DISCOGRAPHIE
Depuis quelques semaines, Periphery ouvre pour la tournée européenne de Dream Theater, plutôt pas mal pour un groupe qui n'a sortit jusque là qu'un seul album il y a à peine deux ans. C'est d'ailleurs sur ce fameux album éponyme que nous allons justement nous pencher pour comprendre la vertigineuse montée en puissance de ces cinq jeunes prodiges Américains.
Cependant, n'allez pas vous imaginer que le groupe a attendu la sortie de cette galette pour faire parler de lui, un véritable buzz a entouré pendant plusieurs années Periphery et plus particulièrement son guitariste Misha "Bulb" Mansoor, qui depuis 2004, offre un libre accès à des centaines de démos sur la toile. C'est ainsi, sans aucune publicité ni promo, que cette bande de talentueux djeuns s'est entouré d'une solide base de fans avides de virtuosité et modernité. Du djent que ça s'appelle, il paraît. On retrouve donc tout l'attirail mathématique nécessaire : polyrythmies, syncopes à tout va, soli peu évidents (doux euphémisme). Niveau chant, ça alterne à proportions égales entre un chant core plutôt commun et un chant clair très lisse mais franchement réussi, bien que pouvant facilement devenir insupportable aux plus allergiques d'entre vous.
Ce qui différencie Periphery des autres de cette jeune scène est indubitablement son côté plus progressif dans les passages les plus alambiqués et son cachet mélodique qui fait mouche, sans jamais tomber dans l'excès ou le ridicule. Si la description peut faire penser à Cynic ou Animals As Leaders, on est souvent plus proche d'un deathcore technique à la Born Of Osiris. Seul écueil, on n'atteint malheureusement pas les sommets de mélodies et d'ambiances mortelles de Tesseract ou Textures. Et bizarrement, malgré son optique plus démonstrative et ses récurrentes transitions atmo/electro, le groupe parvient à proposer une musique plus catchy, accessible et mémorisable que ses concurrents. Le problème, c'est que Periphery pêche par un certain manque de maturité, qui le pousse à vouloir en faire trop et trop bien. Le résultat est un album interminable (72 minutes), difficilement écoutable d'une traite sans aspirine et qui finit par devenir trop linéaire.
Après une grosse première impression aux premières écoutes, le soufflé retombe vite. Cela ne doit pas toutefois éclipser les nombreuses réjouissances, en quantité non négligeables. C'est bien là le drame de cet album éponyme, on s'en veut à la fois d'être trop et pas assez sévère à son égard. Des morceaux comme "Insomnia", "Letter Experiment" ou "All New Materials" sont parmi les plus représentatifs sur savoir-faire des Américains, en parvenant à fusionner une brutalité meshuggehsque, une technicité certes matheuse mais également non dénuée de feeling et des mélodies imparables. Le tout sonne très moderne et l'ambiance semble même futuriste. On regrette juste que le tout soit si intense et interrompu, les morceaux les plus calmes ("Jetpacks Was Yes !", "Ow! My Feelings") étant tout sauf une partie de repos, et ce ne sont pas les accès de fureur de "The Walk" ou " Zyglrox" ou les 15 minutes du final "Racecar" qui viendront améliorer la donne.
Si la révolution djent est en marche depuis quelques années, cet album est la preuve des limites et des exigences d'un tel genre. Le talent du quintet est indéniable, mais à force de vouloir tout pousser à l'extrême (la technique, la brutalité, la rapidité, la production), on finit par obtenir quelque chose de froid et virtuel, où la chaleur et l'humain s'effacent dangereusement. Des dangers de la modernité en quelque sorte…