Et on enchaine sur un nouveau groupe de hardcore, qui cette fois nous vient...Mais attendez ! Mais non ! Adimiron c'est pas du hardcore youhouuuuu ! Ahhhh, joies du changement, de l'éclectisme. Bref, Adimiron, groupe supposé me sortir la tête de mon hardcore de ces dernières semaines, fait dans l'ambitieux, le grand, le progressif, le massif, le beau. Mais tout cela est-il BON ? C'est bien la question qui se pose toujours en bout de course, et la réponse sera courte et nuancée.
Courte car, malheureusement et comme cela arrive à l'occasion, cet album n'a pas, malgré toutes ses très évidentes qualités et ses atouts plus subtils, qui ne manquent pas non plus, réellement eu l'effet escompté sur le chroniqueur pourtant tout ravi de changer un peu de style. Bref, Adimiron, groupe italien un peu inconnu au bataillon, sortait il y a peu ce troisième opus tout orienté vers les sommets, jusque dans son titre et ses noms de morceaux : "K2", "Vertical Limit", "Above The Rest", le ton est donné. On cherche de la hauteur, de l'amplitude, du souffle, des vertiges quoi ! Sur ce point, l'essai est assez bien transformé : cet album est une vraie masse de son, une montagne de riffs, d'ambiances, de tentatives, toutes unies par une cohérence sonore (prod' massive as hell, contrairement aux premières sorties des italiens) indéniable et une certaine identité. Mais finalement Adimiron, c'est quoi? Eh bien c'est un peu de tout, même si la base est résolument thrash-death assez moderne, les lignes bougent assez souvent, les rythmiques évoluent, les atmosphères s'alourdissent puis s'allègent ("Oriens" et son feeling...ben oui, oriental quoi, mais aussi assez Gojira style période The Link ; ou "Above The Rest").
Du prog' quoi ! Oui du prog', car c'est bien la base du style ici pratiqué. Mais du prog' lourd, bourrin sans être pour autant violent dans les tempi, puissant et agressif au niveau du chant, très bien maitrisé aussi bien en voix claire qu'en hurlée, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'organe du bon Joe Duplantier. Du métal complexe, moderne ("The Whisperer" et "Where Nothing Changes" avec leurs accents djent « meshuggesque » prononcés) et racé, mais...manquant, du moins sur la grande majorité des morceaux, de ce truc en plus qui fait l'accroche et toute la qualité d'une piste. Pas assez efficace, le son d'Adimiron a tendance à se perdre en circonvolutions par trop pesantes et alambiquées, rappelant souvent les immenses Opeth en moins brillant. Vu le pavé auquel on fait face, ça devient vite lourd et il est impossible de sortir un ou deux morceaux du lot (peut être la très réussie "Passenger", tout de même). L'ensemble passe fort bien, mais peine à réveiller l'auditeur ou à le marquer véritablement. Très dommage quand on voit l'énergie déployée et le travail accomplis, indéniables en l'espèce.
Bref, je n'irais pas plus loin dans l'analyse, n'ayant pas été accroché plus que cela par le résultat. On peut saluer le gros boulot accompli par le combo, qui possède un métier certain et un talent évident pour construire des pistes ambitieuses et complexes, mais le tout manque franchement d'immédiateté. J'ai peut-être été influencé dans mon analyse par les tonnes de hardcore, genre immédiat au possible, que je me tape depuis des semaines. A vous, donc, de vous faire votre propre idée sur cet intéressant opus.