CHRONIQUE PAR ...
Mayou
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Charles Elliott
(chant+guitare)
-Mike Cosio
(basse)
-Scott Fuller
(batterie)
TRACKLIST
1) Impending Doom
2) In The Hands Of Death
3) Blacken The Sky
4) Servants To Their Knees
5) Wicked Impulse
6) Solitude's Demise
7) State Of Mind
8) Salting The Earth
9) Crown Desire
DISCOGRAPHIE
Comment établir la limite entre un bon et un mauvais album ? On n’est même pas sur que ça puisse être analysé après tout ! Peut-être que, comme disaient les Inconnus, « Il y a le bon et le mauvais chasseur ». Cette étincelle, comme on dit, ce serait trop simple. La qualité de la musique peut être plus ou moins mesurée (sinon pourquoi écrire toutes ces chroniques ?). Il est possible d’émettre un avis relativement objectif. Dans ce cas là, quels sont les critères ? Ce n’est qu’un avis personnel, mais l’originalité est pour moi le critère indispensable à un album culte, et à moindre mesure, réussi. Un album sans originalité est il forcément mauvais ? C’est la question que je me suis posée en écoutant Abysmal Dawn.
Le contexte d’écoute du skeud étant posé, ne tournons pas autour du pot. From Ashes dépote sévère ! Impossible de se retenir en écoutant cette musique sortie tout droit des abysses, donnant un sentiment d’impuissance et de passage à tabac permanent et génial. Notez la production plus qu’impeccable, nous offrant tous les détails d’une batterie absolument inarrêtable. Oubliez la production sale de Tampa, et bonjour le 21ème siècle. Les guitares nous assènent un déluge de riffs aiguisés et tranchants, ne laissant aucun répit à l’auditeur, qui, confronté à cette musique d’outre tombe, ne demande qu’à se laisser emporter dans cet univers aussi macabre que violent. On a à faire ici avec un brulot death absolument effroyable, mélangeant le côté mélodique hérité d’At The Gates et provoquant ce sentiment d’être coincé au fond du trou, où ne vous attendent que pleurs jouissifs ("Crown Desire"). Une forte dose de technique rappellera les meilleurs moments d’Obscura, particulièrement les soli alternant shreddings insensés et mélodies implacables ("In The Hands Of Death"). "Solitude’s Demise" est ici un des meilleurs morceaux. Son mid-tempo provoque une impression étrange, représenté assez finement par la pochette : le ciel s’assombrit, le soleil n’est plus que noirceur éclairée, et ce phœnix sort des profondeurs pour vous bruler vif et vous laisser ramper jusqu’à une porte de sortie. Que vous ne trouverez jamais, car une fois que vous avez gouté à cette puissance, les 32 minutes qui composent l’album n’étancheront jamais votre soif.
Cet album fut initialement relâché en 2006. Il s’agit en fait du premier méfait de nos californiens, et vu la qualité que l’album renferme, cette réédition est totalement justifiée. Les titres bonus, extirpés de la démo de 2004, permettent de témoigner d’une maturation et d’une affirmation de la part du groupe. Il est clair qu’ils ont trouvé leur voie, leur style (d’ailleurs certaines chansons lorgnent légèrement vers le black dans la démo, complètement absent dans le résultat final). En l’espace de deux ans, le trio a réussi à extirper le meilleur de lui-même, et à faire paraitre sa musique sous son meilleur jour grâce à une production plus que convaincante. Malgré tout, un reproche pourra être fait. Pour répondre à la question posée dans l’intro, l’originalité est ici très peu présente. La puissance du disque se fait avant tout dans la qualité de la musique, et sa capacité à nous faire voyager. Les assidus de death old school et de death technique pourront donc se ruer sur le skeud sans soucis, car l’avantage à ce défaut est que l’on trouve donc ici une valeur sûre, sans surprise. Et l’album n’en est que plus impressionnant, car malgré une impression de déjà entendu, Abysmal Dawn a réussi à sortir un disque absolument époustouflant. On est d’ailleurs loin d’une simple puissance relative au death. La musique exposée ici est au dessus de ça. Il ne s’agit pas de t’en mettre plein la tronche (et pourtant c’est quand même le cas !), mais d’utiliser ce moyen pour nous faire sentir autre chose. Ce quelque chose d’indéfinissable, cette étincelle, comme on dit…
Cette chose qui définit un bon album est présente. Sans repousser les limites de la musique, sans rien révolutionner du tout, Abysmal Dawn s’en sort avec les félicitations du jury, et ça, c’est déjà un sacré exploit. Certains diront qu’il ne s’agit ici que de death comme il s’en joue tous les jours, mais celui-ci à un truc en plus. Une réédition qui marquera le coup, et permettra sûrement à des tas de petits metalleux de ne pas passer à côté de cette merveille.