CHRONIQUE PAR ...
Fly
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Mark Knopfler
(chant+guitare)
-John Illsley
(basse+chant)
-Alan Clark
(claviers)
-Guy Fletcher
(claviers+chant)
-Terry Williams
(batterie)
+ divers
TRACKLIST
1)So Far Away
2)Money For Nothing
3)Walk Of Life
4)Your Latest Trick
5)Why Worry
6)Ride Across The River
7)The Man’s Too Strong
8)One World
9)Brothers In Arms
DISCOGRAPHIE
Pour beaucoup de gens, les années 1980 ont été une véritable calamité pour le monde de la musique. Bien sûr, ce fut loin d’être le cas, mais certains groupes et certains albums ont largement contribué à la mauvaise réputation de cette décennie. Le cinquième album de Dire Straits, Brothers In Arms, en fait partie. Il semble contenir tout ce qui a fait si mal au rock pendant ces années : nivellement par le bas de musiciens talentueux, production clinquante et froide, stratégie putassière et j’en passe.
On parle pourtant là d’un groupe qui a pondu un des meilleurs premiers albums (et, n’ayons pas peur des mots, un des meilleurs albums tout court) des années 1970 (leur album éponyme de 1978) et qui a à sa tête l’un des plus brillants guitaristes des trente dernières années, Mark Knopfler et son jeu inimitable et reconnaissable entre mille. Mais en 1985, Dire Straits n’est déjà plus un groupe. Après les départs successifs de David Knopfler et de Pick Withers, la formation est plus ou moins devenue le jouet de Knopfler (ce qu’elle était déjà au départ, mais la cohésion du groupe était évidente) et se résume aux fidèles John Illsley et Alan Clark et, surtout, à beaucoup de musiciens de studio. C’est cette équipe qui va accoucher d’un album à la fois mythique (c’est de loin le plus connu et le plus vendu de Dire Straits) et pourtant globalement très insatisfaisant d’un point de vue musical (surtout pour les fans de la première heure). Bien sûr, l’album contient son lot de tubes qui marqueront à jamais l’esprit des gens, comme "Walk Of Life" et sa mélodie de claviers, "Money For Nothing" avec son monumental riff de guitare et ses « I want my MTV » (doublés par Sting) ou même "So Far Away".
Mais il présente surtout des morceaux parfois limites : "Your Latest Trick" et son saxo ringard, le soporifique "Why Worry" (une belle mélodie étirée sur huit longues minutes) ou le presque grotesque "The Man’s Too Strong" (malgré, encore une fois, une jolie introduction à la guitare acoustique). Car c’est bien là le principal problème de cet album : bien que la plupart des morceaux soient réussis, le tout est littéralement plombé par une production et des arrangements parfois insupportables et des longueurs souvent intenables (le susnommé "Why Worry", ou même le tubesque "Money For Nothing", gâché par son intro ridicule et sa fin qui, là encore, étire inutilement la chanson sur plus de huit minutes!). Fait étonnant, il est difficile de trouver cet album vraiment raté. À l’écoute de titres plus intéressants comme le puissant "One World" (marqué par une guitare plus nerveuse et la basse du grand Tony Levin) ou le sublime morceau-titre (et ses solos de guitare inoubliables), judicieusement placés en fin d’album, on se plaît à vouloir envisager le tout sous un autre angle. Dommage que de si bonnes idées soient ruinées par cette volonté de Knopfler de coller au son de l’heure.
Soyons clair, ce disque a marqué son époque : il est bourré de tubes, c’est le premier album sorti en CD et le clip de "Money For Nothing" est l’un des premiers à avoir tourné en boucle sur MTV. Il n’en reste pas moins qu’il est difficile de l’apprécier pleinement quand on connaît le talent de son principal architecte. Un talent encore bien présent (après tout, tous les morceaux ou presque contiennent une mélodie ou un riff mémorables), mais malheureusement trop marqué par son temps pour rester intemporel.