White Skull fait partie de ces groupes power metal vintage, inspiré par Grave Digger et Virgin Steele, nourrissant probablement un respect infini à Dio et Manowar. Toutes ces influences sont certes de qualité, mais elles ont eu pour seul défaut de permettre la formation de centaines de groupes similaires en tout point qui, tels une terrifiante armée de clones, se sont mis en tête et ce depuis le début des années 90 jusqu’à nos jours, de produire exactement le même type de musique, année après année, album après album, sans jamais y intégrer innovation ni originalité. White Skull a cependant sa petite histoire, et à l'occasion de la sortie de leur neuvième album studio, Under this Flag, il sera intéressant d'en noter quelques éléments.
Comme par exemple le fait que White Skull officiait déjà dans le power metal italien avant même la formation du légendaire Rhapsody. Ce sont donc des vétérans du genre, un des premiers porte-étendard de la deuxième génération de heavy metal a tendance épique, celle qui a comporté le plus de groupes restés relativement obscurs, avec des formations comme Skylark, Highland Glory et autres, et ce n’est pas vraiment pour une question de talent mais plutôt de profusion d’un même genre à un moment donné. Certains groupes s’en sont mieux sortis que d’autres et ont eu l’occasion de se faire un nom (Hammerfall), mais beaucoup sont restés dans l’ombre, à produire du heavy metal épique dans le garage et agiter leur épée derrière la maison, donnant ainsi naissance à des photos promos légèrement étranges. Ceci dit, et malgré qu’il aient été parmi les premiers de cette nouvelle vague (la précédente ayant été composée de groupes tels que Grave Digger, Manowar ou encore Savatage), White Skull n’ont pas vraiment réussi ni à se démarquer ni à proposer quelque chose de nouveau.
Nous aurons donc droit à un heavy metal a tendance épique bien conforme aux règles, au niveau des thèmes, de la structure, de la musicalité, et ce jusqu’aux solos, aux breaks, ponts, etc… La seule vraie originalité de ce groupe figurera cependant au niveau du chant, puisque oui, vos oreilles ne vous tromperont pas alors que vous vous pencherez attentivement sur les premières mesures de "Hunted Down" la chanson d’ouverture de l’album, il s’agit bien d’une femelle au chant. Et pour une fois, on n’aura droit ni à du lyrique, ni à du chant geignard et impuissant. Car Federica "Sister" de Boni est une vraie chanteuse, une de celles qui a écouté Doro et pas Within Temptation, et cela s’entend clairement à son chant, rocailleux et puissant, mais toujours féminin, sans la fragilité éternelle qui semblait vouer à accompagner la plupart des chants féminins dans le metal. Federica prouve s’il était nécessaire qu’on peut être une fille dans le metal et avoir une ambition différente que d’être la nouvelle Tarja Turunen. D’autant plus que Federica était la chanteuse d’origine de White Skull, avant de quitter momentanément le groupe et d’être remplacé tour à tour par un homme, Gus Gabbaro, puis une autre femme, Elisa de Palma. Under This Flag marque donc son grand retour et sonne ainsi comme une victoire, une renaissance pour le groupe italien.
Le contenu de cet album en revanche ne marquera pas particulièrement son époque. Nous aurons du morceau dur et vintage, du genre de ceux sur lesquels on s’en ira au combat, tels que "Hunted Down", ou "War After War", et bien évidemment des refrains épiques, très power comme dans "Nightmares", "Lost Alone", "Under this Flag". Etonnamment, nous n’aurons pas de réelle ballade, ce qui pourrait en soit constituer la seule originalité de cet album, tant le reste se complait désespérément dans le déjà vu et déjà entendu, et ce jusqu’au titre des albums. On notera ainsi la présence d’un inévitable "Angel Of Death", maquillé en "A.O.D" pour un semblant d’originalité... On pourra imaginer sans peine que les albums précédents et ce qui suivront sonneront exactement de la même façon, mais le pire, c’est qu’on a carrément du mal à différencier les chansons les unes des autres au sein même de l’album. Exacte même sonorité, rythmique, structure… Cela en serait presque effrayant. Il y a donc peu à dire de cet album, le pire est de se dire que si l’on veut écouter ce type de metal, il sera préférable de se tourner à nouveau vers les groupes que l’on connait déjà car la qualité sera de toute façon bien meilleure.
White Skull nous livre donc avec Under This Flag un album égal à ses capacités habituelles, sans surprise aucune, ni prise de risque. Le seul réel changement sera le retour de Federica au chant, mais les talents de composition et d’écriture du groupe n’en sera pas chamboulé pour autant. Faire partie de cette vague infinie de groupes qui ont commencé au même moment et créé la même musique ne doit probablement pas aider, mais l’univers du metal est impitoyable et les membres de White Skull doivent le savoir, il est plutôt rare de devenir une rockstar avec un son déjà entendu mille fois.