Est-il encore besoin de présenter Trepalium ? Groupe de death français au CV impeccable, les furieux ont sorti deux démos et deux albums depuis leur apparition en 2000, dont l'énorme XIII, qui avait fait pas mal de bruit en 2009. Membres du non moins impeccable collectif Klonosphere, la spécificité du groupe ayant fait sa renommée est cette capacité assez unique à insuffler un groove très rock'n'roll dans ses compos, rappelant le Watcha des meilleurs moments en plus lourd et violent. Autant dire du kiff annoncé avec la sortie de ce troisième opus, H.N.P, dont voici l'analyse toute fraîche, moulue à la heavy louche, par les Éternels.
Trepalium, dans la tronche de pas mal de gens ne suivant pas le groupe de très près, c'est avant tout un morceau emblématique, ''Sick Boogie Murder'', une tuerie sans nom de la première à la dernière note ne laissant planer aucun doute sur le talent des bonhommes. Mais ce morceau est assez trompeur, car avant d'être un groupe de mecs qui groovent, Trepalium est et reste un groupe de death bien virulent et puissant, préférant simplement la lourdeur et les tempos plus lents et enclins au groove du death old school que les déluges de notes et de BPM de la scène brutale / technique. Pour autant, Trepalium est loin de manquer de technique, et le prouve encore sur ce H.N.P bien dense, complexe et écrasant. Car pour faire groover des morceaux aussi lourds, il faut du talent et du niveau, et c'est là qu'entre en jeu l'ami Harun Demiraslan, compositeur attitré et principal atout du combo.
Notre homme officie également dans Step In Fluid, crew protéiforme pratiquant une musique oscillant entre rock prog, jazz et metal, le tout avec un dénominateur commun que le lecteur devinera sans peine si il n'est pas trop con et a bien lu jusque ici.C'est... c'est... ben le GROOVE bien sûr ! Ce mec possède de toute évidence un talent fou pour faire rebondir riffs et lignes de basses, quelque soit la puissance demandée et l'objectif recherché. Il fait encore montre de toute sa maestria sur H.N.P, avec des morceaux bondissants à souhait (''Insane Architect'', ''Hec Noenum Pax'', et tant d'autres), sans jamais pour autant oublier que, dans un groupe de death aux visées aussi exhaustives que Trepalium, on se doit d'également savoir monter dans les tours et de proposer, à l'occasion, des trucs un peu plus méchants que sur un ''Insane Architect''.
Le bonhomme s'exécute avec brio sur des titres comme ''Let The Clown Rise'' (comme Batman quoi), bien aidé en cela par une section rythmique absolument monstrueuse, au taquet sur tous les morceaux et surtout aussi efficace sur les tracks les plus brutales que sur les plus bondissantes, et c'est là le second maître-atout des Frenchies. Au niveau compos, on est donc dans la droite lignée de ce que proposait le groupe sur ses précédents albums, mais en plus... en plus... en plus tout quoi. Plus de technique, plus de groove, plus de cohérence aussi (moins de délires jazzy tout de même, et c'est peut être un peu regrettable), autant dire qu'on tient là un très très bon album de death, qui finit d'installer définitivement Trepalium au rang des groupes à suivre absolument.
Les morceaux sont à la fois compacts et aérés (cf. les tueries ''Order The Labyrinth'' et ''The Worst F(r)iend'', perles de death aussi bondissant et groovy qu'atmosphérique et ambiancé, balaise), le chant est juste parfaitement en phase avec la musique, on se demande juste ce que fout là cette assez dispensable reprise de Pantera, dans la mesure où si ''I'm Broken'' est un très bon titre, il n'a pas grand chose à remontrer à ce que sont déjà capables d'accomplir les Trepalium. La réinterprétation « à la sauce frenchy boogie death » d'un titre plus direct genre ''Fucking Hostile'' eut pu être un exercice plus intéressant, mais au final on s'en contentera largement tant le reste de l'album est de qualité. On a même le droit à une petite instru bien chicos en mode rock/ métal atmosphérique, ''Raining Past'', très réussie.
Bref, sans trop s'avancer, on peut dire qu'entre ça et la sortie du nouveau Gojira (qui démonte également, vous aviez cru quoi ?), la scène metal française à tendance violence subtile se porte bien. Très bien même. On ne peut que souhaiter à Trepalium de nous faire une trajectoire à la Gojira, ils en ont le potentiel même si leur style est légèrement plus académique que celui des fameux Landais. En conclusion, ben jetez-vous sur cet album si vous n'êtes pas allergiques au death, point barre. En plus ils sont français merde, cocorico quoi !