Parfois une chronique pourrait être simple à écrire tant elle se résumerait finalement à dire en deux lignes que l'album est décevant et que de l'acheter ne vaut pas vraiment le coup. Mettre des mots sur une déception n'est pas si facile que ça, et donc expliquer qu'Obsidium du groupe Enthroned n'est pas aussi bon qu'on aurait ou l'espérer relève parfois du défi. Car sur la forme, rien à signaler, mais le fond, lui, est beaucoup plus inquiétant.
Car nos chers Belges reviennent avec un opus qui semble, en premier lieu, dans la continuité du précédent, et donc perpétrer un certain niveau de qualité. Le brûlot est énergique, ne lésine pas sur les riffs typiquement black, la double-pédale, bref, ça semble taper fort et plonger dans une ambiance. Enfin, ça, de l'ambiance, on aurait aimé en ressentir. Car là où on a du mal à reconnaître Enthroned, c'est sur le fait de ne procurer absolument rien : l'exécution est quasiment impeccable, mais il n'en ressort aucune sensation, on ne retient pas grand chose de ce que l'on écoute, et finalement, le professionnalisme de la galette n'est pas suffisant pour recouvrir un énorme défaut qui fait patauger la formation belge dans la semoule : sa fadeur.
Un black metal sans atmosphères, c'est comme un metal symphonique sans éléments symphoniques, ou un power metal goût : ça ennuie plus que ça ne captive. Et là faut vient indéniablement de morceaux qui sont bien rythmés, mais superficiels et sans saveur particulière. Ils n'apportent rien, ne sont pas originaux du tout, et sont même dénués de toute personnalité. Il suffit d'entendre "Horns Aflame" ou "Deathmoor" pour s'en rendre compte : cette vitesse fulgurante, ce chant black toujours de très bonne tenue, ces riffs entendus des milliers de fois, ce manque cruel d'identité, ce côté banal … Solide en apparence, oui, mais en profondeur, on remarque à notre grand désespoir le peu d'intérêt de ces morceaux vides.
On ne peut cependant les blâmer complètement, surtout au moment d'un "Oracle Ov Void" qui fait, au moins, l'effort de se démarquer, et d'instaurer une atmosphère propre au black metal. La guitare est plus lente, et on approcherait presque de sons se rapprochant du doom sur l'introduction. La suite du morceau s'effectue par une montée en puissance, le chant toujours aussi bon d'un Norganest qui n'a rien perdu de son charisme, et ce côté oppressant qui prend aux tripes renoue donc avec la qualité tant attendue. Enthroned se trahit : voilà un groupe capable du meilleur, mais n'appliquant pas la méthode autant qu'on le souhaiterait. Pire, à force de se reposer sur ses acquis, force est de constater qu'ils tournent en rond, et finissent par s'enliser.
Voilà un album qui ne nous rassure pas vraiment quant au groupe belge. Presque impeccable sur la forme mais tellement vide et superficiel sur le fond, Obsidium est une œuvre peu inspirée, se mordant la queue et ne proposant que trop peu de moments forts pour se démarquer des bonnes sorties black metal de l'année. Pourtant, Enthroned est capable de mieux. Difficile de les sanctionner sur une forme de bonne tenue. Mais quand le fond ne suit pas …