CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Trickster G. Rex
(chant)
-Knut M. Valle
(guitare)
-Dag F. Gravem
(guitare)
-Hellhammer
(batterie)
-Steinar Sverd Johnsen
(claviers)
TRACKLIST
1) Kinetic
2) Nightmare Heaven
3) Ad Absurdum
4) Collapse Generation
5) Star-Crossed
6) Radical Cut
7) For To End Yet Again
DISCOGRAPHIE
La Masquerade infernale avait marqué les esprits, et les Français, en 1997, par sa créativité folle et sa merveilleuse faute de français. Arcturus, le supergroupe du black, avait entériné son essai légèrement boîteux de Asperia Hiems Symfonia, légèrement trop influencé par Emperor. Mais un supergroupe étant ce qu'il est, soit un side-project au mieux, un moyen de se mettre en avant au pire, difficile de lui prêter un quelconque avenir. Pourtant, c'est bien 5 ans plus tard que The Sham Mirrors déboule, et avec lui la dure responsabilité de succéder à un album qui a littéralement placé le groupe dans les hautes sphères.
Quoi de mieux que de débuter avec ce qui est probablement la meilleure prestation à la batterie de Hellhammer, ce qui n'est donc pas peu dire ? Véritable démonstration de toucher délicat et de finesse de composition, sur un riff simple et lancinant accompagné d'un chant idoine, Hellhammer donne au monde ce qui est manifestement sa meilleure performance à ce jour (autant que mes connaissances me le permettent d'affirmer en tout cas). Sorte de mix entre le metal et le jazz, elle abreuve 20 secondes d'une beauté confondante qui donneront naissance à un premier riff véritable et à tout ce qui fait Arcturus : une musique au caractère spatial, barrée, de l'electro (version metal s'entend) qui est sa marque de fabrique et une volonté d'aller là où bon lui semble. "Kinetic" est tout cela couplé à une magistrale démonstration de composition. Bien sûr, on peut reprocher à Arcturus de faire simplement du Arcutrus, c'est vrai, car finalement, tout cela ressemble beaucoup à ce que proposait La Masquerade Infernale. Pourtant on ferme les yeux et on leur accorde qu'ils savent aller toujours aussi loin dans le raffinement et la science de composition, ce qui est une performance en soi.
Inutile de virevolter de chanson en chanson pour arriver à l'état de fait qui marque The Sham Mirrors : il est quand même moins aventureux que son prédecesseur et plus homogène. Ce qui n'est pas une qualité à la base pour une musique de ce type réussit à se transformer en réussite pour un album de « redite ». Mais quelle redite direz-vous ! On en voudrait tous les jours des comme ça. Car quoi d'autre que le génie peut expliquer une ligne de piano telle que celle qui est proposée sur "Star-Crossed", véritable ode à l'emportement. Pendant 2 minutes, vous vibrerez uniquement par lui avant d'être rattrapé par les instruments plus metal pour une fin de chanson malheureusement moins touchante. Mais ces 2 minutes vous procureront un plaisir d'écoute intense qui confirmeront le statut de star des Norvégiens. Plus merveilleux, vous pourrez profitez d'une version légèrement alternative, mais tout aussi bonne sur le break de "For To End Yet Again". Et que dire de la trouvaille "Collapse Generation" qui réussit à planter un roulement de double pédale ultra rapide avec un piano délicat pour former une chanson dont on se délecte de l'évolution ? Ca s'appelle du génie. Et probablement merci Steinar Sverd Jonhsen pour toutes ces parties.
Et merci aussi à Trickster G. Rex de Ulver de fournir un chant toujours clair et toujours cristallin (tout comme le son de ce disque), juste même si pas forcément d'une énorme diversité. Et beau surtout, en accord avec la musique du groupe. Tout cela ne doit pas faire oublier que Arcturus vient du black metal et à chaque album, il s'échine à le faire savoir. Sur The Sham Mirrors, ce rôle est dévolu à "Radical Cut" qui invite Isahn pour le coup. Un tour de force qui marie le black symphonique dans sa plus belle représentation avec l'inventité toute arcturussienne. Saupoudrez tout ceci du chant d'Isahn reconnaissable entre mille à ses plus belles heures d'Emperor, vous obtenez probablement un des meilleurs titres que le black symphonique ait accouché. Il démontre avec force et vigueur que Arcturus n'a pas été que la congrégation de « stars » du black mais avant tout la réunion de personnes qui ont eu envie de faire de la musique ensemble et qui le font partager aux autres. Bien sûr, la réunion de ces cerveaux n'empêche pas d'accoucher de titres plus faibles ("Nightmare Heaven" ? "Ad Absurdum" ?) ou de partie pas à la hauteur (la deuxième partie de "Star-Crossed" ou certaines longueurs dans "For To End Yet Again") mais on adoube volontiers le groupe parmi les grands.
The Sham Mirrors ne faiblit donc pas et confirme Arcturus dans les groupes à écouter absolument. Il parvient assez improbablement à être plus homogène et moins fou que son prédécesseur, et pourtant d'une qualité toute aussi élevée. Hellhammer délivre une performance stupéfiante et ses acolytes le suivent, en premier lieu Steinar Sverd Johnsen qui reste le maître à penser génial du groupe. Sans hésiter un incontournable à posséder.