CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Cristoph Hessler
(guitare + chant)
-Thomas Zipner
(guitare)
-Sebastian Wagner
(basse)
-Moritz Müller
(batterie)
TRACKLIST
1) Right Through Me
2) Prodigy Composers
3) Ghostwriter
4) Snapshot
5) Early Bird
6) In Satellites
7) I Have A Place For You On Google Earth
8) Interspheres >< Atmospheres
9) State Of The Divine
10) Soapbubbles In The Rain
11) The Far Out Astronaut
12) Tear Down The Walls
DISCOGRAPHIE
De plus en plus de jeunes de nos jours écoutent (ou disent écouter d’ailleurs) du rock parce que ça leur donne un air cool / de rebelle / de dur à cuire (rayez la mention inutile). Seulement, quand ils disent rock, ne pensez pas à Elvis, Hendrix ou les Doors, non, songez plutôt Blink 182, Sum 41 ou Muse. Vous noterez donc que l’ado lambda ne fait pas la différence entre pop punk et rock alternatif (en même temps l’ado lambda est assez peu intéressé par la musique). Et, bien malheureusement, si vous lui parlez des grands cités précédemment, il vous fixera comme si vous veniez de Mars, en vous disant parfois que « vos trucs de vieux sont chiants ». Il semblerait donc que l’évolution du rock ces dernières années ait créé un genre de schisme, qui séparerait clairement les années 90 avec ce qu’il y avait avant. L’injection de pop par certains groupes dans leur musique n’est pas étrangère à leur succès d’ailleurs.
The Interspheres semble au premier abord faire partie de ces groupes qu’on pourrait clairement classer dans la catégorie « groupe pour jeune cool et chébran ». Le label, dans sa fiche de promo n’a d’ailleurs pas oublié de citer Muse… un signe qui ne trompe pas. Mais ces jeunes Allemands ont pour principale différence de se coller l’étiquette d’ « Alternative Proggers ». Une étiquette relativement juste, tant le côté tubesque des chansons est développé, avec la plupart du temps des refrains qui pourraient sans problème faire les belles heures des radios si celles-ci n’avaient sombré depuis longtemps dans un marasme de boum-boum vomitif. Les Interspheres sont aussi doués pour nous coller des murs de guitares distordues, bien aidé par une production qui intègre très efficacement la basse, que des passages acoustiques plus orientés émotionnels. D’ailleurs certains des titres de cet album se révèlent touchants à l’occasion ("Soapbubbles In The Rain" en première ligne, avec ce refrain « pour nanas »), une bonne chose, tant cette petite dose d’émotion et de douceur est à propos pour couper un peu l’urgence dégagée par le reste.
Car oui, malgré un côté prog revendiqué ("I Have A Place For You On Google Earth", morceau au titre discutable de 8 minutes vous le rappellera), tous les morceaux de l’album peuvent s’apprécier assez vite, même si des petits détails (concernant le clavier la plupart du temps) ne se révèleront qu’au fil des écoutes. C’est là une force pour le groupe, car l’album ne lasse pas sur la durée, et en rentrant d’une dure journée, il passe tout à fait bien. Le tout n’est pas exempt de défauts évidemment. La formule appliquée n’a rien d’originale, bien sûr, et la prise de risque est nulle, mais ce n’est pas bien grave, la qualité étant au rendez-vous. En revanche, certains passages, heureusement assez rare, nous montrent une voix trop maniérée ("Early Birds") qui chercherait presque à singer Matthew Bellamy. Certaines longueurs se font parfois sentir (dans la pièce de 8 minutes notamment, un comble pour des progueux…) même si elles ne tapent pas sur le système, mais créent seulement l’expectative de la suite et le retour de ces si passionnants refrains.
Un premier album bien réussi donc, qui ne lassera pas de si tôt ses auditeurs, tant il est agréable à l’oreille. Malgré la durée conséquente de 52 minutes, allongée à plus d’une heure avec les bonus ce cette réédition CD (cet album est sorti initialement en 2010 sous forme de vinyle et en téléchargement), qui consistent en un remix et des titres en version acoustique, cette deuxième œuvre des Allemands s’écoute très bien, et plaira autant aux vieux briscards qui ne jurent que par Pink Floyd qu’aux jeunes évoqués dans l’intro.