Si la reconnaissance n'attend pas toujours le nombre des années, elle peut encore ne jamais arriver malgré une ancienneté plus que respectable. En effet, cet EP ne fait rien d'autre que célébrer les 22 ans d'existence de Dawn of Winter, groupe de doom metal traditionnel allemand. 22 ans, rendez-vous compte ! Sauf qu'en tout ce temps, Dawn of Winter n'aura jamais sorti que 2 albums au sens strict. Forcément, on comprend mieux l'anonymat. Surtout si ces albums sonnent comme The Skull of the Sorcerer... Parce que bon, on connait la recette, à la fin.
Le Crâne du sorcier nous propose 4 titres pour un total de 20 minutes d'un doom metal traditionnel forcément inspiré des formations les plus cultes du genre, Black Sabbath en tête. Une nouvelle fois, il s'agit de faire abstraction de toute recherche de nouveauté. Les musiciens se contentent de jouer ce qui leur plait, modestement, sans chercher à réécrire l'histoire de la musique. Et tant mieux car en substance nous ne leur demandons rien de plus. Sur cet EP, tant les thèmes abordés (mort, magie, Lovecraft...) que la forme sont d'un classicisme éprouvant. Pour se démarquer, il ne reste donc plus qu'à être efficace. Efficace, "Dagon's Blood" l'est assurément. Riffs lourds et relativement up tempo en font un titre particulièrement réussi. Néanmoins, il faudra supporter la voix qui est comme souvent l'enjeu majeur pour un groupe de doom traditionnel. Celle-ci évoque parfois Snowy Shaw (Therion, Cradle of Filth...), en moins puissante et moins charismatique, mais aussi et surtout toutes ces voix de formations doom de seconde catégorie (Argus, Spirit Descent..., parmi les autres). Assez poussé (ouch, parfois à la limite du faux !) et très présent, le chant est finalement banal. Et c'est bien là le problème.
Passé le premier titre, le tempo ralentit : place au doom, au vrai. Sauf que plus rien de percute vraiment. Oh, tout est bien joué, ce n'est pas le souci. Seulement, en tant que fins connaisseurs du milieu, vous risquez de vous sentir dans vos petits chaussons, au coin du feu, une tisane à la main. Pépère. La vie est un long fleuve tranquille. Vous voyez le genre. Les titres ne sont pas assez percutants. Ils sont juste corrects, bêtement corrects. Autant dire médiocre. Heureusement, l'expérience du groupe lui permet tout de même d'intégrer quelques moments de qualité supérieure. Outre l'efficace "Dagon's Blood" déjà évoqué, il faudra retenir le morceau final, sorte de power-doom-ballade doté de lignes mélodiques réussies et d'un solo de guitare classique mais pertinent. Quant au reste, un "peut mieux faire" et une moue dubitative seront de circonstance. Le genre est suffisamment défriché pour ne pas se satisfaire, cette fois, d'un morceau éponyme quelconque et d'un troisième morceau pour le moins irritant.
The Skull of The Sorcerer est un EP classique, joué dans un style classique, et excitant comme une plaidoirie devant le juge administratif. Les arguments sont connus de tous avant même d'avoir été prononcé. Et une fois prononcés, il déçoivent ou, au mieux, contentent l'auditeur le temps de l'écoute avant que ce dernier ne passe à autre chose d'autrement plus intéressant. Forcément, le jugement est sans appel: cet EP est médiocre: ni bon, ni mauvais. Surement l'une des pires hypothèses. Rien d'alléchant ici, juste de sympathiques musiciens qui continuent leur oeuvre avec le même plaisir qu'il y a 22 ans. Malheureusement, ce plaisir n'est pas forcément partagé.