CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Travis Ryan
(chant)
-Leon del Muerte
(chant + guitare)
-Kevin Fetus
(guitare)
-Caleb Schneider
(basse)
-Danny Walker
(batterie)
TRACKLIST
1) Red All Over
2) Under The Weight Of The Wood
3) No Question, No Comment
4) Gold Digger
5) Compelled By Mediocrity
6) The Next Life
7) Dead Hope
8) Feign Ignorance
9) Mercy, Mercy
10) Malicious Guilt
11) Resultados
DISCOGRAPHIE
D’ordinaire, je ne suis pas vraiment fan de grind. Je veux dire, j’aime le death, le brutal death, les blast à toute allure et les rouleaux compresseurs musicaux. Mais le grind, avec son côté foutraque, bordélique et hystérique, en général, me laisse de marbre. Ou comment, d’une manière ou d’une autre, mon cerveau fait une nette distinction entre la violence du brutal death et le côté explosif du grind, l’un me procurant du kiff et de la joie, l’autre de l’ennui et de la frustration. Alors quand je lis que Travis Ryan, sans doute l’un des growlers les plus impressionnant de la scène actuelle, tient le micro dans un genre de all-star du grind, je me laisse séduire.
Mais malheureusement, mon cerveau fait son travail de sape, et je me retrouve environné de blast, de riffs destructeurs, d’une violence insensée et de sonorités démentes, le tout surmonté par les hurlements caverneux de Ryan, au top de sa forme, et je m’ennuie. Certes, le tout ne dure que 29 minutes (ben oui, c’est du grind, quoi), c’est plutôt bien construit, le bordel sonore est suffisamment bien organisé, avec en particulier un batteur qui montre une sacrée énergie, mais décidément, le groupe de grind qui me fera vibrer semble n’être pas encore de ce monde. All-star band, donc : oui et non. Certes, on trouve Travis Ryan (Cattle Decapitation, faut-il le rappeler), mais avec lui, les plus connus sont les grindeux/deatheux Danny Walker et Leon del Muerte, issus de groupes comme Exhumed, Phobia ou Impaled, pour les plus connus. Des gens certes d’expérience, mais de là à parler de all-star band…
Au final, peu importe, tant la violence du propos ne contribue pas vraiment à lui donner de la personnalité. Toutes les chansons se ressemblent et sont construites sur le même base, à savoir du blast non-stop, un format court, parfois un vague solo, et Ryan qui beugle, qui beugle, qui beugle. Même le temps de pause entre deux titres est réduit à son strict minimum : on a parfois même l’impression que tout s’enchaine dans un magma sonore et agressif. Cette compacité extrême se retrouve un peu dans la production, grasse et velue, faisant la part belle à la batterie et au chant, le tout étant pensé pour être suffisamment crade et foutraque pour donner un petit côté amateur/garage assumé, loin de l’équilibre parfait d’une production death aseptisée. Tout cela a donc un certain charme, mais difficile de se laisser séduire par une chanson précise, hormis la très longue "Resultados" (6 minutes 30 !), plus lente, avec des bruits d’ambiance et même un final acoustique et piano bien sympa. Mais pas très grind, quoi.
Comme toujours avec le grind, on sait à quoi s’attendre. L’exécution est habile, on sent les musiciens d’expérience, mais la sauce ne prend pas vraiment. Je devrais peut être me rendre à l’évidence : mon cerveau est allergique au grind, et totalement imperméable à son énergie. J’en prends acte.