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CHRONIQUE PAR ...

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Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Paul Merrell
(chant)

-Garry Pepperd
(guitare)

-Jeff Cox
(basse)

-Chris Lovell
(batterie)

TRACKLIST

1) Dutch Connection
2) Out Of Luck
3) The Fox
4) Master Game
5) No Lies
6) Run For Your Life
7) Prisoner
8) Ain't No Fantasy
9) Raw Deal
10) Coldheart

DISCOGRAPHIE

Power Games (1983)

Jaguar - Power Games
(1983) - heavy metal N.W.O.B.H.M. - Label : Neat Records



Jaguar, c'est l'histoire d'un retard jamais comblé. Cruelle ironie : ce félin-là, pas plus que le lièvre de la fable, ne parviendra jamais à rattraper les Autres partis bien avant lui. Les Autres. Iron Maiden, Saxon, Def Leppard couverts d'or et de gloire ou encore Diamond Head et Tygers of Pan Tang à la moins fastueuse destinée. Tous des précurseurs de la New Wave of British Heavy Metal (NWOBHM) qui se sont coltinés la tournée des pubs avec les punks dès le mitan des seventies alors que le quatuor de Bristol débute sa carrière quelques jours avant Noël 79. C'est déjà foutu mais les jeunes idéalistes qui ont formé ce band ne le savent pas encore. Leur premier LP s'appelle Power Games : il est l'un des anachronismes les plus excitants jamais enregistrés.

Tout avait pourtant bien commencé. Profitant de la popularité croissante de la NWOBHM, Jaguar enchaîne démos, « bands contests » et performances locales avant d'être repéré par le magazine pionnier Kerrang puis le label Neat Records (Raven, Venom). « Get faster all the time ! », tel est le credo de ces jeunes carnassiers à qui tout semble réussir. Mais les obstacles surgissent : la renommée du groupe stagne en Angleterre, ce qui recule la signature avec une maison de disque mais se révèle suffisant pour faire faire exploser l'ego du pourtant très limité Rob Reiss au micro. Un mal pour un bien : son remplacement par Paul Merrell, un inconnu officiant jusque là dans des sections de troisième zone, constitue une bénédiction pour Jaguar qui compte désormais en ses rangs l'un des tout meilleurs chanteurs de la NWOBHM. Novembre 1982, enfin, la formation entre en studio pour graver son premier effort longue durée. Cette attente n'aura cependant pas été infructueuse, le collectif en profitant pour soigner l'écriture des morceaux qui surpassent les démos et singles précédents dont certains sont pourtant d'un niveau plus qu'honorable comme en témoignent "Axe Crazy", "War Machine" et "Dirty Tricks" présents sur la réédition CD de 1998. Dès l'ouverture du recueil, le riff de "Dutch Connection", dédié au fidèle public batave, attaque au plexus et donne le ton : ce sera lourd, rapide, direct et inspiré.
De fait, le guitariste Garry Pepperd fait des merveilles, alliant une célérité alors peu commune à un sens mélodique jamais pris en défaut. Parfaitement épaulé par la basse ronde et chantante de Jeff Cox et le groove implacable de Chris Lovell, le six-cordiste aligne riffs mémorables et soli tranchants sans pour autant charger la mule – on est loin des compositions « à tiroirs » éprouvées avec succès par Iron Maiden qui en est, déjà, à son troisième album. Mais l'intensité des chansons est telle que Jaguar n'a nul besoin de les complexifier, à l'exemple des trois uppercuts liminaires – dont le très pressé "The Fox", un manifeste anti-chasse à courre ! Malgré les déclarations fanfaronnes du gang sur ses velléités supersoniques, ses membres appliquent une recette aux nuances plus subtiles, brassant à la fois « stop and go », calmes avant la tempête et emballements imprévus. À l'exception de "Ain't No Fantasy", seul rescapé des démos antérieures, toutes les pistes sont magnifiées par le doigté magique de ces musiciens qui n'aiment rien tant que ménager leurs effets, surprendre, tout en dégageant une délicieuse impression de simplicité. Ainsi la power ballade "Master Game" est un modèle du genre : à l'exposition courte mais poignante à la guitare sèche entrecoupée d'un riff prêt à mordre que survole le chant habité de Merrell succède un maelström dévastateur dont l'écho résonne encore furieusement lors du retour à la fausse quiétude initiale. Le tout en quatre minutes vingt et sans geignements. Du grand art.
Et puis il y a ce son. À la fois cru et chaleureux, bourru et compact - unique pour tout dire - il tape au foie tout en flattant les bas instincts, vrombissant dans un medium singulier. Même s'il n'a pas l'éclat du Wild Cat des cousins félidés de Tygers of Pan Tang, il contribue à produire cet impact déterminant qui soulève des montagnes, tel sur "Raw Deal", le sommet de l'œuvre, initié à la basse par un sprint en altitude que scandent les accords impitoyables de Pepperd ; celui-ci interrompt sèchement la course par un riff énormissime qui fait taire tout le monde, déroulant le tapis rouge pour une séquence couplets / refrains tout en puissance. Un court apaisement détrompé par un solo énergique fait croire à l'épilogue avant qu'un break monstrueux débarque sans crier gare, double le tempo et fasse basculer l'auditeur dans la folie. L'infatigable "Cold Heart" n'a plus qu'à ramasser tout le monde en fin de parcours. Tout est donc réuni pour faire de Power Games un jalon essentiel de l'histoire du heavy metal. Il n'en est rien. La faute à une distribution désastreuse qui le fait atterrir dans les bacs à soldes au printemps 1983 - la risible pochette signée Jeff Cox n'aidant pas à l'en extraire. Et puis, l'expérience le prouve, l'important n'est pas d'avoir raison mais d'avoir raison au bon moment. Or la période faste de la NWOBHM est déjà terminée. Les désormais ex-cadors du genre ont fait évoluer leur formule et les amateurs de sensations fortes attendent sans doute quelque chose de plus déstabilisant qu'une version accélérée d'un heavy metal à ligne claire.


Quand Jaguar lâche l'incroyable Power Games d'entre ses crocs, c'est pour s'apercevoir que son terrain de jeu favori est abandonné des grands prédateurs de la NWOBHM. Persuadés d'avoir trouvé une combinaison idéale entre agressivité, sens mélodique et vélocité, les Britanniques se heurtent à la sublimation de la violence musicale engagée par le trio canadien Exciter sur le primal Heavy Metal Maniac sorti dès janvier 1983. Quelques mois plus tard, dans la chaleur de l'été américain, dix titres radicaux enregistrés par un quatuor de Californiens boutonneux - dont le batteur est fan de Jaguar - vont devenir la nouvelle référence en matière de vitesse et de brutalité. Comprenant sans doute qu'ils ne peuvent plus rivaliser, les Félins de Bristol empruntent alors l'autre voie, celle d'un hard FM balisée par Def Leppard. Elle sera sans issue. Tout avait pourtant si bien commencé...


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