CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Ludovic Loez
(chant+guitare)
-Fabrice Loez
(guitare)
-Frédéric Fievez
(basse)
-Thierry Berger
(batterie)
TRACKLIST
1) Synergy Awakes
2) Introversion
3) The Disenthrall
4) Consumate
5) The Incongruents
6) The Delegation
7) Data Dance
8) The Flight
9) The Climax
DISCOGRAPHIE
Au jeu des associations d’idées, il y a Anthony Perkins et Norman Bates, Europe et "The Final Countdown" , Hélène et les garçons, et puis aussi Supuration et The Cube. Sorti il y a vingt ans, cet album, et notamment la chanson éponyme, avaient fait beaucoup de bruit au sein de la famélique scène death metal hexagonale de l’époque. Bardé d’harmonies alors audacieuses, le premier album des Nordistes avait connu, par son death mélodique venu d’ailleurs, un joli succès et le titre "The Cube" restera gravé à jamais dans les mémoires des death metalleux de l’époque, à tel point que l’association entre groupe et chanson est devenue, même deux décennies après, un automatisme pour les amateurs de mélodies obscures de l’époque. Apparemment, Supuration vit bien ce phénomène, puisque les gars ont eu à cœur de célébrer ce vingtième anniversaire avec ce que Vanessa Paradis appellerait des variations sur le même t'aime.
Laibach avait réussi à faire tout un album avec différentes reprises de" Sympathy for the Devil" des Rolling Stones. Supuration ne pousse pas le vice aussi loin, mais le groupe utilise sans sourciller le morceau phare de sa discographie et joue au médecin légiste, ou à Seth et Osiris, c'est au choix : les musiciens dissèquent "The Cube", prennent également un élément caractéristique d’un autre excellent titre du vieil album, à savoir "1308.JP.08" et font du neuf avec du vieux. Le chœur monocorde du titre ressemblant à une plaque d’immatriculation sert pour le début de "The Incongruents" et les membres et viscères du Cube sont disséminés sur l’ensemble de l’album, mais plus particulièrement sur "Synergy Awakes" et "Consumate". Et le pire, c’est que, pour peu que l’on ne se prenne pas trop la tête sur le bien-fondé de la démarche, ça fonctionne ! Le death mélodique et un tantinet pesant des Nordistes fonctionne comme avant. Les chœurs et guitares noisy qui, à l’époque, ne pouvaient être comparés qu’avec le travail de Voivod sur Dimension Hatröss et Nothingface, se marient toujours aussi bien avec les growls et la gravité du son typiquement death.
La seule nouveauté est l’introduction sur deux titres, "Introversion" et "The Delegation", de mélodies rappelant fortement Septic Flesh (en deux mots hein, pas Septicflesh, la nuance est ici importante), introduction heureuse notamment sur le premier morceau. On pourra même affirmer que Supuration s’est bonifié avec le temps et Cu3e, s’il ne peut miser sur l’effet de surprise de son prédécesseur, est également d’une qualité plus homogène que ce dernier. Basées presque exclusivement sur du mid tempo, les compositions s’enchaînent sans faiblir et l’on attend en vain le moment où on commencera à piquer du nez. "Synergy Awakes", dynamique et inspiré, séduit par la pertinence de ses chœurs, "Consumate" est parfaitement équilibré entre moments légers et guitares heavy, tandis que l’attaque de "Data Dance" et le beau refrain de "The Climax" font également partie des temps forts de l’album. On ne déplorera que quelques petites choses : d’une part le fait que "The Flight" ne dure que trois minutes, tant le joli travail des guitares aurait mérité un plus long développement, et d’autre part la fin bâclée de "The Incongruents" et "The Delegation" où le coup du « je baisse le volume pour terminer le morceau » laisse une petite sensation de travail bâclé. Pas grand-chose donc.
Vous n’avez jamais renoué le temps d’une nuit avec une ancienne relation histoire de ressentir les palpitations d’antan ? Là, le principe est le même. Allez quoi, ne boudez pas votre plaisir ! Oui, moi aussi j’ai eu du mal au début à accepter le principe de base de l’album. Mais non, Supuration ne s’est pas converti tout d’un coup en groupe de trip-hop ou de dark-wave / électro : il ne propose pas ici neuf remixes de "The Cube". Cu3e est une vraie œuvre et même si elle a un bon vieux goût de recyclage, force est de reconnaître que nos artistes ont fait du chouette boulot, et que cet opus n’est pas une copie conforme de son ancêtre. Rendez-vous donc pris en 2033 pour Cu9e.