CHRONIQUE PAR ...
Fromage Enrage
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Jocke Berg
(chant)
-Vic Zino
(guitare)
-Martin Sandvik
(basse+chœurs)
-Magnus Andreason
(batterie)
TRACKLIST
1) Cutting The Slack
2) C'Mon Take On Me
3) One More Minute
4) Above The Law
5) Are You Gonna Cry Now
6) Stranger Of Mine
7) Won't Take The Blame pt.1
8) Won't Take The Blame pt.2 (Sect Meeting)
9) Dead Man's Shoes
10) Because Of You
11) Too Much Business
12) Long Time No See
DISCOGRAPHIE
C’est moche de vieillir. On ne le souhaite pas, mais à un moment donné, le corps finit par déconner. Ou alors c’est l’esprit qui fout le camp. Ou pour les plus chanceux, les deux. Et dans le monde impitoyable du metal, force est de constater que le phénomène fonctionne en accéléré. Passé la petite cinquantaine, nombre de nos groupes chéris font montre de symptômes préoccupants. Jugez un peu : sénilité (salut Metallica, comment va Lulu ?), incontinence (coucou Morbid Angel, tu penseras à essuyer ton dernier étron indus', t’en fous plein le tapis), ou même envie de se taper des petits jeunes (oui, Korn, c’est à toi que je parle, toi qui as osé t’acoquiner avec l’inénarrable Skrillex). Mais quid de Hardcore Superstar ?
Ouf. Soulagement. A l’écoute de C’mon Take On Me, on est assez vite soulagé : les Suédois ne sucrent pas encore les fraises, n’ont pas perdu la tête et ne se chient pas dessus en plein milieu de la nuit. Enfin, pas complètement. Parce qu’en écoutant C’Mon Take On Me, on sent quand même que le groupe a pris un bon coup de vieux. En 2013, la formation sleaze la plus pétaradante de ce début de millénaire est désormais un petit vieillard propre sur lui, avec sa petite canne et son dentier pour mordre encore un peu. Il a quand même un défaut : il radote. Toujours à peu près la même chose, depuis 2005. Ça commence à devenir lassant. Premier problème à l’écoute de ce nouvel album : l’impression que Hardcore Superstar cherche à diluer le propos. Intro longuette par-ci ("Cutting the Slack"), interlude inutile par-là ("Won’t Take the Blame pt.2", qui… reprend le refrain de la chanson précédente). Le groupe tourne autour du pot au lieu de nous l’envoyer dans la tronche. Cette impression est quand même à nuancer, car l’album reste d’une durée bien calibrée (46 minutes) et demeure plutôt direct.
Mais il y a un deuxième problème : la production. Où est passé le son massif, franc et surpuissant de l’album éponyme ? Oui, j’imagine que vous devez trouver bizarre que l’on trouve quelque chose à redire sur la production d’un album signé chez Nuclear Blast. Et pourtant. Hardcore Superstar a gagné en clarté ce qu’il a perdu en puissance brute. Envie de plaire à tout le monde ? C’est bien possible. Le premier single du disque, "Above the Law", tend vers quelque chose de plus FM qu’à l’accoutumée, sur son refrain notamment. Le groupe semble mettre du cœur à l'ouvrage, mais le résultat demeure tout de même tristement édulcoré. On relèvera aussi des paroles pas bien finaudes, avec un « fuck the law » plutôt puéril répété à l'envi sur le refrain... Je ne suis pas très regardant sur les paroles dans le hard rock en général, mais là, on ne peut pas dire qu'ils fassent dans le subtil. Pour le reste des chansons, on a surtout droit à du Hardcore Superstar routinier, presque banal. On commence à savoir à quoi s’attendre avec autant d’albums au compteur. Soit vous êtes client et vous écouterez "One More Minute", "Dead Man’s Shoes" ou autre "Too Much Business" avec le sourire, soit vous commencerez à vous dire qu’il faudrait que Hardcore Superstar se renouvelle un peu.
Le groupe retrouve quand même tout son mordant à deux reprises : lors de la terrible "Are You Gonna Cry Now", puissante, incisive, au refrain soutenu par des chœurs bien bourrins, et où Jocke Berg brille avec sa voix bien canardesque. C’est d’autant plus dommage de la part du groupe de nous avoir fourgué une ballade plutôt quelconque juste après ce titre, le soufflé retombe alors que l’auditeur venait à peine de se réveiller. Le deuxième très bon titre est le fédérateur "Because Of You", carré, virtuose et sans temps mort. L’album s’achève sur une ballade un peu forcée et bien trop longue (presque six minutes !), qui est loin d’égaler la superbe "Standin’ on the Verge" de l’album éponyme. Forcé, le mot est lâché, et c’est peut-être le troisième gros problème de ce nouvel album : l’impression vivace et gênante que Hardcore Superstar fait semblant d’avoir la patate alors que lui-même n’y croit plus trop. Et ce ne sont pas les yeah yeah yeah yeah aléatoires de la title track ou la surenchère vocale de plusieurs titres qui feront illusion.
Mais que l’on ne s’inquiète pas trop quand même : C’mon Take on Me est le genre d’albums dont le relief s’estompe au fur et à mesure qu’on l’écoute. Le contraste entre gros fillers et tueries tend à se réduire, pour finir par laisser la place à une certaine homogénéité, mais aussi à une certaine platitude (dans tous les sens du terme). Un disque que les fans apprécieront probablement quelques temps, avant de retourner aux opus plus essentiels du combo. En espérant que pour le prochain album, le petit vieux aura pris une bonne dose de Viagra…