CHRONIQUE PAR ...
[MäelströM]
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-Matthieu "Milka" Miègeville
(chant)
-Julien "Jouch" Rouche
(guitare+chant)
-Akira
(basse)
-P-M "Pim" Lespoule
(batterie)
TRACKLIST
1)Une Epoque formidable
2)Palatina
3)Ma violence
4)Finir à Paris
5)Laisse moi me perdre (feat. Philippe Prohom)
6)Mourir
7)De la non nécessité du courage
8)On sème
9)L'Enfance (deuxième acte)
10)Puisqu'on n'est pas mort
11)A blanc
DISCOGRAPHIE
Agora Fidelio est un split-projet du groupe de metal toulousain Psykup qui a décidé de s’orienter vers une musique plus soft, plus émotive (sans trop tomber dans cette horreur qu’est l’emo) et qui sort fin 2006 son troisième album. Le groupe propose un rock très mélodique, dont la part belle est accordée à la guitare, toute en arpèges et en délicatesse, plaçant Agora Fidelio dans une case post-rock planante peu originale mais ô combien agréable.
En écoutant l’ouverture "Une Epoque Formidable", on est frappé par la douceur (un brin puérile mais pas artificielle) légèrement enfantine mais candide des compositions du groupe. Alors que d’un autre côté, tout en gardant des bases soft, le quatuor sait surprendre par l’intégration impromptue de passages sauvages et rageurs où les décibels sont lâchés, lorgnant d’un œil vers le post-core ou le punk mélodique (que des styles de vainqueurs), sachant y puiser une énergie salvatrice car venant débrider les phrases certes jolies mais souvent un peu languissantes de leurs compositions. Une autre particularité du groupe étant d’avoir trouvé un chanteur doué, avec une prononciation parlée/chantée spécifique qui rend le français particulièrement simple à l’écoute et qui ne gêne absolument pas dans un style où généralement, la langue de Roger Hanin casse toute maîtrise du groove.
Et il est plutôt agréable que le groupe garde sa langue natale. Car si l’ambiance générale d’activité retenue s’approche énormément de ce qu’à pu faire Radiohead sur My Iron Lung [EP], on y ressent également beaucoup le Noir Désir de Des Visages Des Figures, le tout saucé de passages plus heavy quand le besoin s’en fait ressentir, et qui (étrangement) ne sont pas sans rappeler les compositions les plus pêchues de Miossec. De l’autre côté, la fibre malléable de l’harmonie est maîtrisée et sans inventer la poudre, les accords s’enchaînent un peu platement mais sans faillir. Autrement dit, la musique d’Agora Fidelio, tout en étant un mix d’influences internationales, emprunte de nombreuses caractéristiques chères à la France. Signalons d’ailleurs l’intervention de Philippe Prohom du groupe du même nom qui vient démolir "Laisse Moi me Perdre" d’un ton monocorde et blasé – marquant un temps mort, en plein centre du skeud.
Le reste du disque séduit tout de même par des mélodies indéniablement soignées (l’excellente "Palatina" et son final bien senti) ou des passages plus thrash rondement menés (la fermeture "A Blanc" qui renoue avec les origines metalliques). Malheureusement, passés quelques morceaux, les intro’ – qui durent rarement moins de 30 secondes – finissent par devenir légèrement irritantes ; de même que la guitare qui aborde chaque morceau de la même manière, avec le même effet, la même vitesse… Et quand en plus le morceau qui suit est par trop plaintif ("Mourir"), la lassitude s’installe et mêmes les petites remises à niveau adrénalinistiques ne suffisent pas à sortir la pèche de l’eau. Là où beaucoup cultivent une théorie de la lenteur abordable (et de la symbiose de la technicité et de l’émotif), Agora Fidelio rate à moitié son coup et donne de nombreux coups d’épée dans l’eau. La musique est certes jolie et parfaitement écoutable, mais rien n’accroche vraiment et on a souvent du mal à distinguer un morceau d’un autre – alors que chaque musicien se démène correctement et que l’ambiance distillée est sommes toute enjôleuse, le groupe n’arrive pas à transcender ses qualités et reste trop empêtré dans les défauts qui en découlent. Dommage…