CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Ricky Warwick
(chant)
-Scott Gorham
(guitare)
-Damon Johnson
(guitare)
-Marco Mendoza
(basse)
-Jimmy DeGrasso
(batterie)
TRACKLIST
1) All Hell Breaks Loose
2) Bound For Glory
3) Kingdom of the Lost
4) Bloodshot
5) Kissin' the Ground
6) Hey Judas
7) Hoodoo Voodoo
8) Valley of the Stones
9) Someday Salvation
10) Before the War
11) Blues Ain't So Bad
Bonus track:
12) Right to Be Wrong
DISCOGRAPHIE
Ça fait un moment qu'ils en parlaient, voilà enfin le nouvel album de Thin Lizzy ! Sauf que ce n'est pas vraiment un album de Thin Lizzy même si ça y ressemble vraiment beaucoup et que la formation est la même (ou presque) que celle qui a écumé les salles du monde entier pendant deux ans sous le nom de la Mince Elizabeth. C'est clair ? Comment ça non ?
Lorsque Scott Gorham décide en 2011 de remonter une nouvelle fois une formation pour tourner sous le nom de Lizzy mais cette fois sans John Sykes, il s'entoure intelligemment de deux autres membres historiques du groupe : Daren Warton aux claviers et surtout le légendaire batteur Brian Downey, donnant ainsi aux fans suspicieux des gages de crédibilité. Mais sa vraie trouvaille s'appelle Ricky Warwick. L'ancien chanteur de The Almighty (dont le nom à été suggéré par Joe Eliott) en plus d'être un pur irlandais bluffe tout le monde dans son rôle tellement difficile de passer derrière le micro en étant sans cesse comparé à la légende Phil Lynott. Fidèle au grand métis en lui rendant hommage avec humilité et sans le singer, Warwick réussi l'impossible de la meilleure manière possible. Rajoutez au line-up le fidèle Marco Mendoza et une succession de gratteux de haut vol au poste de second guitariste (Vivian Campbell de Def Lep puis Richard Fortus des Guns avant de se fixer sur le moins connu Damon Johnson (ex-Alice Cooper) et la tournée est un succès. À tel point que le groupe pense assez rapidement à l'étape suivante : l'écriture de nouveaux morceaux, même si l'idée d'un album de Thin Lizzy sans Lynott semble inconcevable pour la plupart des fans. D’où l'annonce faite par Scott Gorham en décembre dernier: l'album ne sortira pas sous le nom de Thin Lizzy, mais sera le premier album d'un nouveau groupe : Black Star Riders (ils auraient pu trouver quelque chose de plus original ou faisant plus référence avec Lizzy ou l'Irlande, non ?).
Par ailleurs, et là ça fait moins plaisir, Downey et Warton ne font pas partie de l’aventure, le batteur laissant sa place au mercenaire Jimmy DeGrasso (ex-Megadeth, Alice Cooper, Suicidal Tendencies…) et le claviériste n’étant pas remplacé. Le groupe a donc eu le courage de ne pas capitaliser sur le nom de Lizzy et évite donc certaines critiques de fans intransigeants. Cependant à l'écoute de l'album ces mêmes fans n'hésiteront sans doute pas à reprocher à BSR de trop sonner comme Thin Lizzy... A ce petit jeu le premier morceau mis en écoute ne fait pas de doute, tant "Bound For Glory" semble tout droit sorti d’un album de la période dorée de Lizzy, avec son thème de guitare en harmonie, ses lignes de chant, son refrain et ses chœurs. Rassurant, efficace, mais peu ambitieux. Pourtant à l’écoute de l’album complet, ce sentiment n’est pas si flagrant. Le titre éponyme qui ouvre le disque propose ainsi un hard rock légèrement plus moderne, tout en respectant les codes du classic rock. Parmi les morceaux qui sonnent le plus Lizzy, impossible de ne pas citer l’excellent "Kingdom of the Lost" avec ses mélodies celtes et ses instruments traditionnels en intro. D’autres titres tels que "Kissin' the Ground", le second single "Hey Judas" ou le joyeux et positif "Someday Salvation" tirent plus vers un rock très mélodique et léger, dans la lignée de classiques comme "Dancing in the Moonlight" ou "Southbond".
Enfin la facette la plus bluesy est représentée sur le bien nommé "Blues Ain't So Bad" (qui n’atteint pas la noirceur d’un "Got to Give It Up" cependant). Les bonnes compos comme "Bloodshot", "Hoodoo Voodoo" ou "Before the War" se succèdent tout au long de l’album, si bien qu’au fil des écoutes on pense de moins en moins à chercher les points communs et les différences avec Thin Lizzy, pour tout simplement apprécier l’écoute d’un bon album de hard rock. Le chant de Warwick sur tout l’album fait bien entendu très fortement penser à celui de Lynott, surtout au niveau de son phrasé (certaines intonations et certains tics vocaux sont même proches du mimétisme). Mais cela est fait avec une conviction et une sincérité telles que la pilule fait plus que passer, c’en est même souvent jouissif ! Au niveau des textes aussi Warwick s’inscrit dans la lignée de « storyteller » de Lynott, avec sa manière simple et directe de nous raconter des histoires : celle de cet irlandais émigré aux USA pour trouver fortune mais qui a le mal du pays ("Kingdom of the Lost"), ou de ce soldat qui n’a plus aucun repère une fois revenu à la vie civile ("Before the War"). Quant aux guitares, autre élément clé du son Lizzy, on est plutôt gâté : Gorham retrouve une seconde jeunesse, boosté par la fougue de Damon Johnson dans de belles parties de guitares harmonisées et de solos tels qu’on pouvait les espérer :incisifs et bourrés de feeling.
Finalement Gorham a bien fait de ne pas sortir ce disque sous le nom de Thin Lizzy. Il évite ainsi (au moins en partie) les comparaisons avec les albums enregistrés par Phil Lynott qui restent pour la plupart intouchables. A la place nous avons le premier album d’un nouveau groupe qui crée une musique riche du passé de ses membres. Le guitariste a su s’entourer, au point de laisser l’essentiel de la composition à Johnson et Warwick. Reste à espérer que ce groupe ne sera pas qu’un one-shot et nous livrera d’autres albums.