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CHRONIQUE PAR ...

101
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 13/20

LINE UP

-Mike Williams
(chant)

-Jimmy Bower
(guitare)

-Mark Schultz
(guitare)

-Steve Dale
(basse)

-Joe LaCaze
(batterie)

TRACKLIST

1) Depress
2) Man Is Too Ignorant To Exist
3) Shinobi
4) Pigs
5) Run It Into The Ground
6) Godsong
7) Children Of God
8) Left To Starve
9) Hostility Dose
10) Hit A Girl

DISCOGRAPHIE


Eyehategod - In The Name Of Suffering
(1992) - hardcore doom metal sludge malsain - Label : Intellectual Convulsion



Vous vous rappelez de Tatie Germaine ? Mais si, cette vieille peau qui passait à peine par les portes et vous faisait des bisous baveux dans votre enfance. Vous la détestiez d’ailleurs pour ça, mais vous vous gardiez bien de lui dire. L’était pas commode (ni armoire d’ailleurs) la vieille, ainsi qu’en témoignaient les yeux au beurre noir régulier que trimbalait son mari. En plus personne ne l’aimait vraiment dans la famille, et elle tapait tout le temps l’incruste. Mais bon, maintenant c’est fini tout ça, elle a claqué de sa cirrhose et tout le monde est bien content.

Le rapport ? C’est la première image qui me vient lorsque j’écoute le premier Eyehategod. Celle d’une grosse masse alcoolique qui se roule par terre en envoyant autant qu’il est possible de mandales aux alentours. Après un premier larsen, la musique qui s’extirpe des enceintes rappelle Black Sabbath par sa lourdeur, mais en fait non. Non, les Melvins sont arrivés deux ans plus tôt et ont créé le sludge. Le sludge, ce mélange de doom et de punk hardcore qui a tendance à partir dans tous les sens en étant aussi abrasif que possible. Possible que les plus frêles auditeurs ne se relèvent pas après ça. Après ça il ne reste plus grand-chose à rajouter pour conclure cette description très Rabelaisienne.
Des larsens un peu partout, sans qu’il soit possible de savoir s’ils sont accidentels ou parfaitement voulus, des cordes boueuses qui vous ensevelissent trop profondément pour qu’il soit possible de faire le moindre geste. Et ce clochard, ce clochard ! Un vieil alcoolique lançant aux quatre vents des invectives exotiques pour qui veut bien les entendre. Un vieux raté en manque de bibine et de coke, quémandant sa came en s’arrachant les ongles. Même s’il a parfois du mal et semble lui-même avoir la trachée pleine de boue, le bonhomme étonne par son acharnement. Ni grâce ni emphase dans ce chant, seulement une sorte d’agonie qui renvoie fatalement au destin de tout un chacun, la déchéance.
Et derrière ça, ce mur de son, qui, s’il manque encore un peu d’épaisseur, est tout de même largement assez abrasif pour vous insuffler envies de meurtres et idées apparentées. Parfois l’impression que le tout s’effondre sous la lourdeur côtoie une furie hardcore surprenante, qui déboule juste après, comme sur "Run It Into The Ground", qui marie les deux extrêmes. Le ralentissement extrême accompagné de larsens de ce morceau ne manquera d’ailleurs pas d’inspirer ensuite Isis et les autres. Mais ce n’est pas tout, car le sludge des natifs de la Nouvelle-Orléans sait aussi poser des ambiances, glauques de préférence. "Godsong", et ses samples sur fond de riffs tournoyants et de larsens hypnotiques servira ici d’exemple principal.
Semblant au premier abord aussi branlant que la maison de la pochette alternative, l’édifice qu’ont construit les Louisianais ne révèle ses charmes qu’après plusieurs écoutes, nécessaires pour percer le mur sonore. Les larsens entrecoupant les riffs (ou les riffs entrecoupant les larsens, difficile à dire) prennent alors tout leur sens. Certain moments sont à la limite du dansant, d’autre n’auraient pas dépareillé sur un disque du Sabbat noir, d’où une certaine disparité à laquelle il convient de se faire avant de pouvoir apprécier le disque. L’ensemble a également un aspect relativement monolithique, même s’il est aisément mémorisable du fait d'un nombre moyen de riffs par titre assez peu élevé, et on retient surtout certains passages, principalement les accélérations qui redonnent un peu d’oxygène dans ce bourbier.


Un premier jet relativement extrémiste donc, bien que le son manque un peu de punch. Des lignes de guitares carnassières soutenues par un singe à barbe en guenilles suppliant pour ses bananes, une basse bien présente qui part parfois en solo, des tas de larsens qui feront péter un câble à vos amis mélomanes, que demander de plus ? Un second album encore plus percutant ? On verra, patience.



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