CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Mike Williams
(chant)
-Jimmy Bower
(guitare)
-Brian Patton
(guitare)
-Vince LeBlanc
(basse)
-Joe LaCaze
(batterie)
TRACKLIST
1) My Name Is God (I Hate You)
2) Dogs Holy Life
3) Masters Of Legalized Confusion
4) Dixie Whiskey
5) Ruptured Heart Theory
6) Non Conductive Negative Reasoning
7) Lack of Almost Everything
8) Zero Nowhere
9) Methamphetamine
10) Peace Thru War (Thru Peace And War)
11) Broken Down But Not Locked Up
12) Anxiety Hangover
DISCOGRAPHIE
Un troisième album ? C’est pas que les deux premiers se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, mais quand même un peu. Alors quand on voit pointer le bout du nez d’un disque au titre qui évoque encore la souffrance, et plus particulièrement l’addiction aux substances se présentant sous forme de poudres ou de feuilles séchées, on voit à peu près le tableau.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Eyehategod c’est un des groupes fondamentaux du sludge, avec les Melvins, qui a aidé à poser les principaux moellons d’un sale édifice, à la gloire de la déchéance (« decay » comme on dit si bien par chez eux). Encore une fois, les ingrédients sont les mêmes que sur In The Name.. et Take As Needed… : des riffs bluesy presque dignes de Black Sabbath, pour la plupart riches en groove, qui alternent de façon chaotique entre tempos pachydermiques et accélérations furieuses. Sauf que… Sauf que sur Dopesick, les ruées furibardes dignes d’une charge d’éléphant sont beaucoup plus nombreuses, et on se traîne moins au sol, à quémander misérablement un peu d’héroïne en étant écrasé par la douleur. "Lack Of Almost Everything". Un titre qui résume tout. La misère, enfoncée dans la tête de l’auditeur à coups de parpaings guitaristiques lancés en rafale. Le morceau se rapproche presque même du grindcore, dans sa volonté immodérée de violenter, sur fond de discours social.
Un peu les habituelles ritournelles donc. A part que le chanteur a enfin compris que chanter dans le micro aide à se faire entendre. Les vocalises plus criardes perdent en souffrance ce qu’elles gagnent en hargne. Pour des morceaux du type de celui cité plus haut, c’est un bien, pour les plus doom, un mal. Quoique, sa façon de babiller sur "Ruptured Hearth Theory", un peu comme un bébé qu’on aurait gavé de whiskey, ne rend pas si mal. Au moins, le talent des guitaristes ne s’est pas perdu entre le deuxième et le troisième album, et la charpente est toujours aussi solide, brillant moins par les larsens que par les assauts rageurs et endiablés qu’ils déploient tout au long de ces 38 minutes de plaisir. Le format plus condensé, en dehors d’une assimilation plus facile, permet donc un également une réduction du mal de tête anxieux de la fin. Enfin, comme d’habitude, le monolithisme est de rigueur, et sortir un titre du marais est compliqué. Bien sûr, la qualité et la brièveté caractéristiques de Dopesick l’empêchent d’être ennuyeux, et de tourner en rond, encore heureux.
Un troisième disque alliant l’efficacité du second avec la compacité du premier, pour un résultat assez excellent, pour peu que vous aimiez la musique maculée de sueur, de sang et de foutre. La musique idéale pour se battre dans un bar non ? Je sais pas moi, j’ai pas fait la chronique du suivant.