CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Sverker Widgren
(chant+guitare)
-Tobias Jansson
(guitare)
-Carl Stjärnlöv
(guitare+chant)
-Dan Darforth
(basse+chant)
-Pär Johansson
(batterie)
TRACKLIST
1) Into Oblivion
2) Metamorphosis
3) Oracle
4) Ex
5) World in Silence
6) Reincarnation of the Damned
7) Fields of Nihil
8) Dialogue with the Dead
9) Wolve's Choir
10) The Age to Come
11) Humanitas
DISCOGRAPHIE
C'est marrant comme notre préjugé attaque nos perceptions. Prenez Diabolical, groupe spontanément caractérisé comme death ultra classique, peut-être brutal. Je prends des informations et surprise : plutôt du death thrash. Soit. Cependant l'épreuve de l'écoute demeure le juge de paix ultime, et là, pas de mensonge, du death, du qui tache même.
Oui, car comment qualifier autrement "Into Oblivion" qui sous son faux atour d'intro black orchestral balance un énorme riff soutenu par un blast colossal ? On prend cher et c'est tout ce qu'il y a à dire. Enfin... tout. Pas vraiment, on se demande pourquoi on entend des choeurs féminins et des orchestrations (jouées par un véritable orchestre soit dit en passant) au milieu de ce maelström de riffs death dans la plus grande tradition. Des riffs variés d'ailleurs, excellemment exécutés, le tout évidemment à une vitesse supersonique. "Metamorphosis" vient confirmer la constatation, Diabolical ce n'est pas du death gentil. Malgré tout, nous sommes régulièrement abreuvés en breaks bien plus mélodiques que ce death brutal ne le laisse supposer. Dans ces brefs instants, oui, on tape rapidement dans un thrash américain ou même du heavy. Prenez toujours "Metamorphosis", elle tente le break ultra doux à la guitare qui glisse sur une orchestration d'inspiration orientale, forcément on sent un peu de Nile, mais pas tellement.
Diabolical joue donc sur les surprises et révèle un caractère autrement plus complexe que ce que son nom simple et brutal laissait présager. "Oracle" débute d'ailleurs sur un thème totalement arabisant et confirme l'ambition grandissante de cet album qui souhaite ouvrir son champ des possibles. Et c'est à cet instant qu'une caractéristique du disque encore passée sous silence se révèle décisive : il s'agit non seulement d'un concept album, mais d'un livre complet. Chaque chanson est censée correspondre à un chapitre du livre qui conte la fin du monde et ce qui se passera au-delà. Autant arrêter le lecteur avide de connaissance, je n'ai pas les paroles donc impossible de préciser quoique ce soit sur la qualité d'écriture. Néanmoins, on peut raisonnablement penser que si elle est à la hauteur de la musique et des ambitions énormes déployées sur tout Neogenesis, il s'agit d'une lecture tout à fait intéressante.
Car oui, le niveau musical de cette sortie est diaboliquement élevé et la fusion de l'orchestre et du death metal se fait sans anicroche. Sans anicroche ? Peut-être pas totalement car dans notre stupidité à vouloir toujours toucher du doigt l'album parfait on est tenté de reprocher à Diabolical d'avoir voulu aller trop haut. Trop haut en mélangeant trop souvent orchestre et leur musique classique (ah ah ah ah) death metal ce qui les a forcés à introduire des mélodies un poil trop présentes. Dans notre quête du beurre et de son argent, on voudrait un gros death brutal orchestré dosant savamment tous ces éléments, et là l'auditeur exigeant que nous devons être regrette l'oubli relatif des fondamentaux du genre. N'allez pas croire que Neogenesis ne sait plus faire de death, bien au contraire, on a déjà pris de grosses baffes, mais à se vouloir trop diversifié, trop ambitieux, le groupe est tombé dans l'écueil du trop. Pourtant chaque amateur d'extrême se doit d'écouter l'extraordinaire "Reincarnation of the Dead", incroyable par son riff initial, son break planant et sa fin d'une intensité colossale.
Hautement recommandable, Neogenesis n'en demeure pas moins un album difficile à jauger. Death brutal par moment, intensément orchestré ensuite et entrecoupé de breaks progressifs, il faut savoir tout encaisser. L'équilibre était incroyablement dur à trouver, il est malheureusement loupé de peu. D'album exceptionnel on dérive vers un bon album qui donne envie d'écouter un 2e essai dont on espère que l'expérience accumulée finisse par concrétiser les aspirations du groupe.