CHRONIQUE PAR ...
Amdor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Sean McWeeney
(chant)
-Joaquin Ardiles
(guitare)
-Derya Nagle
(guitare)
-Lori Peri
(basse)
-Calvin Smith
(batterie)
TRACKLIST
1) Mouth of Swords
2) Glass Rush
3) Yellowism
4) Beware the Leopard
5) Red Hatchet
6) Wise Hands
7) The Ghosts That Wait For Spring
8) I Am Time, The Destroyer
9) Old Souls
DISCOGRAPHIE
Une tournée avec Periphery et Between the Buried and Me, il y a quand même pire pour se former, non ? A vrai dire, c’est à cette occasion que votre serviteur a pour la première fois entendu parler des Anglais de The Safety Fire, lorsqu’ils ont sillonné l’Europe l’année dernière avec leurs cousins d’Amérique. Plus précisément, c’est le fait que leur tour bus avait cramé sur la route qui m’avait alors interpellé. Cocasse, non ? The Safety Fire, le bus qui flambe, tout ça… Enfin bref, toujours est-il qu’ils étaient alors en pleine promotion de leur premier bébé, Grind the Ocean qui était, il faut le dire, moyennement convaincant. Pourtant, c’est moins de deux ans après qu’ils remettent le couvert avec Mouth of Swords. Ont-ils appris de leurs erreurs depuis ?
Sur le papier, difficile d’imaginer quelconque mutation sur ce nouvel essai : 9 titres dont le dernier, plus long, qui atteint les 7 minutes, le tout pour trois quarts d’heure de musique mixés par Jens Bogren. De même, ce nouvel album n’incarnera pas non plus un changement de style radical pour la formation, The Safety Fire nous joue toujours un metalcore, parfois même plus proche du post-hardcore, méchamment technique qu’on pourrait vaguement comparer à du Protest the Hero (groupe avec lequel nos Britanniques ont déjà tourné aussi) en moins fou-fou, auquel on substituera périodiquement quelques plages atmosphériques et vaguement jazzy. Malgré tout, il semblerait toutefois que les gus’ aient suivi les quelques recommandations qu’on pouvait prodiguer à l’écoute du premier album. On reprochait en effet à Grind the Ocean ses riffs parfois imbittables, ses titres souvent trop longs, dépassant régulièrement les 6 minutes, des parties atmosphériques pas forcément pertinentes ainsi qu’un chant crié pas toujours irréprochable ; et bien tous ces points noirs, au mieux ont été corrigés, au pire sont en nette amélioration. C’est dans ces conditions que, après avoir supprimé les interludes stériles et raboté la durée des titres d’une bonne minute, The Safety Fire va à l’essentiel étant même très accrocheur sur plusieurs titres comme le morceau éponyme, "Yellowism", l’excellent "Red Hatchet" ou encore le très progressif "Old Souls".
Principale nouveauté à l’ordre du jour, si les guitaristes restent véloces et prennent un malin plaisir à jouer un maximum de notes en un minimum de temps, leurs envolées se veulent plus claires et compréhensibles qu’auparavant, Derya Naggle avouant lui-même que le processus de composition a sans doute été plus spontané et naturel sur cet album que sur le précédent. De son côté, Sean McWeeney a judicieusement choisi de privilégier son chant clair, ne réduisant ses cris qu’à quelques occurrences plus ponctuelles que par le passé allant même jusqu’à déléguer cette tâche au chanteur de Between the Buried and Me qui nous gratifie de quelques growls toujours aussi maîtrisés sur "Beware the Leopard (Jagwar)". Certes, les gus’ lorgneront vers leur pendant le plus énervé sur "The Ghosts That Wait For Spring" s’inscrivant plus dans la mouvance du djent à la Periphery et proposant une introduction syncopée à la Meshuggojira (est-il besoin de préciser qu’ils ont aussi tourné avec Gojira ? Décidemment…) assez surprenante dans le contexte ainsi que sur l’assez anecdotique "I Am Time, The Destroyer" qui joue à outrance sur la dualité entre plages aériennes et explosion de puissance, mais, dans l’ensemble, à l’image de son homologue de Protest the Hero, le frontman a l’air d’être un tant soit peu rentré dans le rang.
Cette fois-ci, The Safety Fire semble bel et bien avoir franchi un cap. En dépit de quelques titres pas forcément marquants et d’un batteur précis mais qui manque toujours parfois de finesse, Mouth of Swords est à n’en pas douter un bon album de la part des Britanniques qui, à défaut de convaincre les réfractaires au genre, dispose de tout ce qu’il faut pour vous faire passer un bon moment si vous n’êtes pas l’un d’eux. Dans la grande famille des formations techniques issues de la scène hardcore, TSF pourrait bien dans les années à venir s’affirmer comme un outsider de choix alors pourquoi ne pas vous laisser tenter ?