CHRONIQUE PAR ...
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
19/20
LINE UP
-Ronnie Van Zant
(chant)
-Garry Rossington
(guitare)
-Allen Collins
(guitare)
-Ed King
(guitare, basse)
-Billy Powell
(claviers, piano)
-Leon Wilkenson
(basse, chœurs)
-Bob Burns
(batterie)
TRACKLIST
1)
Sweet Home Alabama
2)
I Need You
3)
Don't Ask Me no Questions
4) Workin' For MCA
5)
The Ballad of Curtis Loew
6) Swamp Music
7)
The Needle and The Spoon
8)
Call Me for the Breeze
bonus
9) Don't Ask Me no Question (single version)
10) Was I Right or Wrong (Sound of South demo)
11) Take Your Time (Sound of South demo)
2)
DISCOGRAPHIE
(1974) -
rock
Southern Rock - Label :
MCA
Lorsque ce rigide et «nerd» (au second sens du terme) professeur de sport (répondant au nom de Leonard Skinner) a fait en sorte qu’un certain Gary Rossington, aux cheveux un peu trop longs à son goût, soit traduit en conseil de discipline, il ignorait alors qu’il allait donner son nom à l’une des plus cocasses effronteries de l’histoire de la musique. Quelques canulars téléphoniques plus tard, gageons que le professeur moqué finira par avoir un rapport presque normal avec les membres de ce groupe de jeunes gens. Lesquels jeunes gens ont, oh très anecdotiquement, marqué l’émergence du Southern-rock, pour ne pas dire l’ont fait reconnaître comme un genre en tant que tel en nous offrant plus que le meilleur d’eux même. Mesdames et Messieurs, nous rappelons sur scène : Lynyrd Skynyrd.
Un décompte donné par Ed King, un riff reconnaissable entre tous, un « Turn it Up » lancé par Van Zant (qui demandait à ce que l’on hausse le volume de son casque) et bienvenue à vous sur la trame du plus inoubliable morceau de ce fabuleux groupe : "Sweet Home Alabama". Quelle mise en bouche pour leur second album, Second Helping. Une trame et de superbes solos envolés nés dans les doux rêves de Ed King (qui reprend par ailleurs sa place à la guitare), ce fameux riff, pondu lui par Rossington, la merveilleuse superposition des guitares (rappelons que le groupe en compte trois !), les chœurs et les quelques touches de piano, sans oublier en passant, quelques piques à la classe politique, ça ne pouvait que faire mouche ! Bien sûr, on ne peut s’empêcher de narrer une fois encore ce petit jeu cocasse, sous forme de fausse brouille, entre la formation de Jacksonville et Neil Young ! "Sweet Home Alabama" répondant à "Southern Man" (After The Gold Rush) et à "Alabama" (Harvest). Quant à "The Neddle and The Spoon", avec son riff ravageur, quelle superbe façon de faire un pied de nez au doux titre "The Needle and the Damage Done" (Harvest) ! Au vrai, les deux figures emblématiques s’appréciaient sincèrement. Notons pour l’histoire que Neil Young, en bon joueur, poursuivra le dialogue avec "Walk On" sur l’album On the Beach, qu’ainsi même il offrira le titre "Powder Finger" à Lynyrd Skynyrd, qui n’aura malheureusement jamais le temps de l’enregistrer. Neil Young l’interprétera lui-même, ainsi que" Sweet Home Alabama", en hommage à « ses deux amis qui sont au ciel ».
Lynyrd Skynyrd et son drapeau confédéré sur les épaules, a certes fait couler beaucoup d'encre autour d'une certaine idéologie politique, avérée ou non. On retiendra simplement ici que le groupe aimait bien l’ironie et la maniait avec plaisir. Ainsi il ne manque pas de sarcasmes avec le titre "Workin’ For MCA", qui démarre sur un grognement rageur tout ce qu’il y a de plus significatif. L’idée en fond étant quelque chose du genre « cher MCA, nous soussignés les membres de Lynyrd Skynyrd, manifestons par la présente satyre ultra-dynamique, notre désaccord envers notre propre maison de disque qui prétend sortir un single de "Free Bird" amputé de plusieurs minutes et nous payer généreusement nos services, la ridicule somme de 9000 dollars ! etc … ». Le titre se démarque non seulement par cette pointe d’irrévérence toute propre à Lynyrd Skynyrd, mais on en retiendra surtout ses solos endiablés, à vous couper littéralement le souffle. Reste un dernier clin d’œil, celui fait à l’humble auteur de "Cocaine" et "After Midnight", le guitariste au jeu nonchalant et à la voix décontractée, j’ai nommé : J.J. Cale, avec cette reprise d’une grande fluidité de "Call Me The Breeze". Son ton bluesy mené par un jeu de guitares furieusement entraînant et un solo de piano tout aussi effréné, ne peut donner qu’envie de danser.
Mais les cœurs d’artichauts ont également de quoi fondre de bonheur sur cet album. Que dire de "I Need You", avec ce long, suave et mélancolique solo d’introduction ? La voix de Van Zant qui se veut alors langoureuse, intime, à vous arracher frissons et larmes ? Et que dire encore de "The Ballad Of Curtis Loew" ? Cette ballade, inspirée de personnages simples, côtoyés par Van Zant dans son quartier d'origine, s'articule tout en finesse, en douceur et nous entraine irrésistiblement avec ses délicieux slides, dans les charmes d’une Amérique country hors du temps. Fermons simplement les yeux et apprécions-les à leur juste valeur ! Notons enfin que la version remastérisée de 1997 offre trois titres supplémentaires. On se laisse donc encore bien volontiers prendre au jeu d’un "Don’t Ask me no Question" version single, (titre qui par ailleurs aurait été écrit, paraît-il, lors d’une simple partie de pêche) et qui par son ton et ses paroles, offre une image de réelle décontraction, de nonchalance toute rafraichissante ! Ou encore un "Take Your Time", qui semble être un très bon conseil alors que l’album touche déjà à sa fin. Messieurs, c’est, comme il se doit, un petit verre de Jack à la main que nous nous levons et trinquons à vous, ainsi qu’à ce simple et délicieux souvenir !
Second Helping n’est pas seulement l’album de "Sweet Home Alabama". Subjectivement, nous avons chacun nos titres préférés. Mais objectivement il n’y a pas véritablement de point d’orgue à Second Helping. Chaque note s’imprime délicieusement dans notre esprit, chaque morceau est aussi fort et aussi beau que le plus célèbre d’entre eux, chaque titre de cet inestimable album reste mémorable, même trente ans passés. Un seul point sera retiré à la note finale que nous lui attribuons ici, mais seulement et uniquement pour donner la parole aux sceptiques qui songent encore que « la perfection n’est pas de ce monde ». Admettons alors simplement qu’il est beau et bon de la toucher de si près !
*Guest :
-Clydie King, Sherlie Mattew, Merry Clayton(chœurs)
-Al Kooper (choeurs, piano, guitare)
-Bobby Keys, Trewor Lawrence, Steve Madiao (cuivres)
-Mike Porter (batterie)