Contrairement à nombre de ses pairs, Necrophobic ne s’est jamais dissous. Et pourtant, au vu de la tendance générale des groupes extrêmes mélodiques suédois ayant officié dans les années 90, il serait très tentant de le penser. Mais la formation a continué de nous abreuver de son black/death mélodique pendant toutes les 2000s, en passant plus ou moins inaperçue. Alors, quand en 2013 sort Womb Of Lilithu, celui qui aura daigné garder la formation en vue se demandera légitimement si l’album ne fera pas tâche dans la discographie étoffée des Suédois.
Une fois en vue de la tracklist, et ses 14 titres, la plus longue de tous les disques de ce groupe, la première réflexion qui vient est… SYNDROME WATAIN ! Presque une heure et dix minutes, de quoi rassasier ceux qui sont vraiment en manque, et causer une lourde indigestion à ceux qui venaient pour un album d’environ 40 minutes. Quoique, si l’album est bon de bout en bout, la durée peut être justifiée. Non ? Personne n’y a cru ? Il y a donc à boire et à manger sur Womb Of Lilithu, et si les bons morceaux sont présents, il y a également du plus dispensable. Rappelons tout de même que Necrophobic ne partage pas que la longueur de ses disques avec Watain, puisque, depuis leur album de 2006, Hrimthursum (à vos souhaits), l’influence des ancêtres est bien palpable sur leur successeur. Du coup, dès le commencement de "Splendour Nigri Solis", on trouve une filiation assez extrême entre les deux formations, que ce soit dans la façon de riffer, ou dans le chant, au point de presque soupçonner que le vocaliste leur soit commun. Presque…
Toutefois, au contraire de The Wild Hunt, qui péchait en étant trop hétéroclite, Wombs Of Lilithu se fait le témoin de l’expérience de vétérans, qui appliquent toujours aussi savamment une formule affinée au fil des âges. Pas non plus de ballade ou de digression apparentée, ce qui signifie qu’en dehors des deux minutes d’intro, ce sera du black, du black, et encore du black ; ceci étant expliqué par la durée des morceaux, qui tournent toujours autour des quatre minutes. Heureusement, les riffs glacés et tranchants, typiques de la formation, et dispensés ici en grande pompe dans la production adaptée, ne contredisent pas tout le bien qu’on en pensait. Ainsi, les setlists du groupe ne se trouveront pas entachées d’avoir en leur sein des "Astaroth" et autres "Furfur", qui, à défaut de briller par l’étonnement qu’ils produisent, gardent pour eux une efficacité décapante. Toutefois, prendre les membres de Necrophobic pour de simples brutes haineuses serait injuste.
Les compositions de Wombs Of Lilithu savent toujours faire montre d’une certaine finesse, que l’on pourra trouver typique de la Suède, lorsqu’il s’agit des mélodies. Heureux choix que celui d’entrecouper deux bastonnades d’interludes plus doux, surtout dans un disque si long. "Black Night Raven" prend ainsi le temps d’offrir une introduction et des riffs plus nuancés que ceux des morceaux précédents, et s’impose comme une des pièces que l’on prendra le plus de plaisir à réécouter une fois l’album un peu approfondi. Si quelques fulgurances placées ici et là suscitent un vif intérêt, certains titre ne cassent en contrepartie pas neuf queues à un renard; la première partie de l’album est assez solide pour ne pas avoir à souffrir de critiques, mais la deuxième est plus aléatoire. Le presque excellent ("Marquis Phenex") côtoie le bon ("Asmodee", "Paimon") et le moins bon ("Marchosias", "Matanbuchus"), celui qu’on aurait aimé ne pas voir figurer sur la liste des morceaux, ce qui fût alors pour le mieux.
Un album de plus, et une semi-déception, qui côtoie tout de même régulièrement des sommets. Desservi par le remplissage de fin de disque, Wombs Of Lilithu se serait aisément passé de deux ou trois titres, afin de gagner en concision et de présenter une qualité presque uniforme. Les fans de Dissection et leurs petits congénères aimeront, les fans de black à tendance mélo aussi. Mais au final, si l’on ne reste pas sur sa faim, on est attristé de constater que les moins bons morceaux de toute la discographie du groupe sont ici, coincés entre les tueries.