Bad Religion est un peu le AC/DC du punk, revenant tous les deux ans nous livrer une bonne dose de punk mélodique. Le groupe a beau officier dans un style hyper répétitif et linéaire, les fans ne s'en lassent pas. Alors que The New America faisait étalage d'un ramollissement net, Bad Religion nous fait le coup du rajeunissement sur The Process Of Belief, une démarche que de nombreux groupes ont déjà tenté (et se sont plus ou moins cassés la gueule d'ailleurs). Après pas loin de vingt ans de carrière, le coup du "rien n'a changé, on est comme avant", on nous la fait pas ! Un groupe, ça prend de la bouteille, un point c'est tout ! Bref, Bad Religion ne parvient pas totalement à convaincre ici. Ca reste un bon album, mais avec tout le foin qu'on en avait fait à sa sortie, je m'attendais à bien mieux.
The Process Of Belief se veut un retour aux sources à l'époque des albums Generator ou Against The Grain, avec des morceaux très courts. Le groupe retrouve des sonorités punk grâce au retour de Brett Gurewitz. On se retrouve avec trois guitaristes donc, l'effet Iron Maiden sans doute ! Mais Brett est juste de retour pour les albums studio, pour composer. Il ne participe pas aux concerts à cause de son label Epitath qui lui prend trop de temps. Sur l'album, ça ne s'entend pas vraiment qu'il y a trois guitares, le seul intérêt de ce retour est donc uniquement pour la composition. Peu importe, faut bien avouer que ce retour apporte une fraîcheur bienvenue, de même que l'arrivée du jeune batteur Brooks Wackerman redynamise complètement une mécanique qui commençait à s'enrouiller sévèrement. Brooks Wackerman enterre même sans pitié le batteur précédent, aussi bien au niveau technique que de la vitesse pure, quelle cadence, ça ne plaisante plus (cf l'intro de "Prove It") !
Le retour inattendu de Brett, principal compositeur des classiques de Bad Religion jusqu'à Stranger Than Fiction, a de mon point de vue un peu trop aveuglé les fans, lesquels se sont empressés de crier au chef-d'oeuvre et à la résurrection dès que l'album est sorti. Il convient de faire preuve d'un peu plus d'objectivité; plus rapide ne veut pas dire meilleur... du moins chez moi ! Et ce n'est pas parce que Brett est de retour que ça y est, c'est la fête du slip !!! Cela aura au moins eu l'avantage de faire revenir le groupe chez Epitath, après des années de travail avec la major Atlantic. Et alors ? Et bien si Bad Religion revient enfin en France pour faire des concerts, c'est sûrement grâce à Epitath (car avec Atlantic, le label estimait que passer par la France n'était pas assez rentable).
The Process Of Belief privilégie des compos très speeds et efficaces (le téléphoné "Supersonic", le hardcore de "Can't Stop It"), reléguant parfois la mélodie au second plan (chose qui était devenu vraiment rare chez eux). Mais le groupe ne nous offre pas vraiment des bombes dignes de figurer parmi les classiques, comme l'étaient en leur temps "American Jesus" ou "Portrait Of Authority". Et quand Bad Religion ralentit les tempos, ça nous donne des chansons pop et presque joyeuses (j'ose pas dire commerciales) comme "Epiphany" et "Broken", sympathiques mais n'atteignant pas le niveau de celles présentes sur "No Substance". L'intro reggae de "Sorrow" se situe bien dans cet esprit aussi, avant que le morceau ne démarre en une chanson traditionnelle, comme ils ont dû nous en délivrer des milliers comme celle là, rapide et pas agressive pour un sou, avec une mélodie limite "berceuse" (à la "Empty Causes"). C'est pas le genre de titres que je préfère chez eux.
On retrouve le Bad Religion que l'on a toujours aimé sur "Kyoto Now!", mélodique, énergique, efficace et avec un refrain un brin mélancolique comme ils savent si bien les faire. "Bored And Extremely Dangerous" est également le genre de chanson parfaite pour terminer un album de Bad Religion, très speed et avec une mélodie qui nous scotche pour le restant de la journée. Des titres aussi accrocheurs, le groupe en a toujours fait à la fin de chaque album ("Cease", "In So Many Ways"). En plus, les chœurs sur ce titre ne sont pas du tout "nian nian", ce qui n'est pas le cas des autres titres, globalement trop "happy". Bad Religion n'a pas viré commercial, attention, mais on ne retrouve pas toujours la grande classe des précédents albums (No Substance, The Gray Race, Stranger Than Fiction).
Et où est passé le Bad Religion sombre et lugubre des "Along The Way" et "Struck A Nerve" ? Cette facette ne se manifeste qu'en de rares occasions (sur le superbe "The Defense"). The Process Of Belief est peut-être trop positif (musicalement j'entends) et je préférais quand ils étaient tristounets (sur les derniers albums) ou plus agressif (à leurs débuts). Ça reste une bonne surprise, bien meilleure que The New America... et ce sera tout !